Francisco de Holanda est un artiste portugais né en 1517 à Lisbonne où il y meurt en 1584. Son père est un enlumineur et c'est ce dernier qui lui apprend à dessiner et à enluminer. Il passe sa jeunesse à la cour en compagnie des princes royaux. Au vu de ses qualités culturelles Dom Luiz persuada le roi Jean III d'envoyer Francisco de Holanda en Italie afin d'étudier l'antiquité et les nouvelles théories de la Renaissance, alors que le style manuelin est à l'honneur au Portugal. Il part avec le titre d'envoyé officiel. Pendant son séjour il réalise des croquis et effectue des mesures des monuments. Il a alors l'ambition de devenir architecte à son retour au Portugal. Mais, lorsqu'il rentre au pays en 1547, il est déçu. En effet, le pays n'a d'intérêt que pour les conquêtes coloniales et le commerce. On ne lui confie que des œuvres de peu d'importance. La Renaissance est déjà à l'honneur au Portugal et supplante le style manuélin. Francisco de Holanda reste étranger à cette évolution alors qu'il en est le précurseur.
Il entreprend alors de mettre à l'écrit les théories venues d'Italie dans un ouvrage intitulé Da Pintura Antigua qu'il termine le 18 octobre 1548. Il est divisé en deux parties, la première est plutôt technique et théorique et la deuxième s'intitule Quatre Dialogues sur la Peinture, traduit par Léo Rouanet en 1911. Ils relatent des conversations entre Holanda, la Marquise de Pescara, Lattanzio et Michel-Ange dans l'église San Silvestro. Ces Dialogues se suivent chronologiquement. Chacun d'eux relate une séance de discussion entre les protagonistes et chaque « réunion » est espacée de quelques jours. Nous étudions ici le Dialogue Deuxième.
[...] Et, ces rêves d'architecte ne restent qu'à l'état de projet. C'est en 1563, encore de son vivant qu'un portugais habitant l'Espagne, Manoel Diniz, traduit l'ouvrage Da Pintura Antigua qui n'est jamais imprimé. De plus, le manuscrit original d'Holanda est perdu. Ce n'est qu'à la fin du XVIII° siècle qu'un érudit portugais, José Joaquim Ferreira Gordo découvre dans la bibliothèque d'un amateur le manuscrit (qui a depuis été perdu) et le recopie. C'est d'après cette copie qu'en 1845 on a la première traduction en français par M. Roquemont. [...]
[...] Il établit déjà une généalogie sacrée dans la première partie de Da Pictura Antigua. Il replace cette domination aux temps antiques, la peinture y aurait envahi les arts. L'Art des Romains découle de la peinture : orfèvrerie, sculpture, architecture, monnaie, vêtements, armes . C'est la peinture qui dominait les Arts du temps où les Romains dominaient le monde. Il personnifie la peinture et la dit universelle (champ lexical domination : souveraine, maîtresse). Son empire s'étend partout jusque sur les compositions écrites et l'histoire. [...]
[...] D'autre part, la forme choisie du dialogue dans le texte d'Holanda n'est peut-être pas anodine. En effet, cette forme est caractéristique de l'œuvre de Platon. Et, Robert Klein pense que ces dialogues doivent refléter l'état de la pensée dans les cercles romains où discuter sur l'art était à la mode. Pour ce qui est de Vitruve, les architectes de la Renaissance s'inspirent beaucoup de son traité De Architectura et vers 1420 il y a un regain d'intérêt pour ce texte grâce à Alberti. [...]
[...] L'idée que Rome ne soit pas la meilleure représentation de la peinture antique est courante au XVI° siècle comme c'est le cas de Serlio. Lattanzio souligne le fait que dans le précédent débat Francisco de Holanda ait mis au même rang sculpture et peinture. Holanda explique alors cette assimilation. Dans un premier temps, il lie peinture et dessin*. Pour lui les autres arts comme la sculpture procèdent d'elle Certains pensent que la sculpture est indépendante, mais Holanda affirme que la sculpture sert la peinture. Il met donc en avant la supériorité de la peinture sur tout autre art. [...]
[...] Il y oppose un peintre qui maîtrise l'architecture en peu de temps alors qu'un architecte a mis beaucoup de temps à dominer son art. Une fois de plus il reprend la figure de Michel-Ange comme exemple. Ce dernier est peintre, mais il peut effectuer n'importe quel métier manuel même mieux que les maîtres. Il n'y a qu'un art c'est la peinture (ou dessin) les autres ne sont que des filières dépendantes. Il établit ainsi une sorte d'arbre généalogique de l'art. [...]
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