histoire de l'art, Planète, Paris n'est plus roi, Pierre Restany, 1964, critique de l'art, innovation artistique, Biennale de Venise, Grand prix de peinture, conformisme intellectuel, Robert Rauschenberg
Les années 1960. Début des Trente Glorieuses et de la mondialisation heureuse. Sortie depuis quelques années des affres de la guerre, la société française est une société fracturée. "Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré", clamait, selon sa formule désormais célèbre, un certain général de Gaulle du balcon de l'Hôtel de Ville de la capitale en 1944. Trois ans plus tard, en 1947, allait paraître un ouvrage lui aussi demeuré dans les mémoires françaises : Paris et le désert français du géographe Jean-François Gravier.
[...] Ces transformations structurelles des moyens d'échange et des méthodes de promotion de l'art sur la scène internationale, les mises en compétition de structures nationales dépassées et qui doivent se réinventer, sont au cœur de l'argumentaire de Restany qui déplore les conformismes du milieu de l'art parisien à son époque. Chantre à la fois d'une réforme structurelle des méthodes d'exploitation du domaine de l'art et contempteur des conformismes de son temps en la matière, Restany ouvre une porte sur les nouvelles interrogations de la politique de l'art en France au début de la mondialisation des Trente Glorieuses dans un monde multiforme, multithématique et multipolaire. [...]
[...] C'est ainsi dans le courant des nouveaux réalistes que Restany s'inscrit, nouveau réalisme défini par lui-même comme un recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire (Pierre Restany, 60/90. Trente ans de Nouveau Réalisme, Paris, La Différence p. 76). Le présent texte, rédigé en 1964 par Restany, s'intitule Paris n'est plus roi , publié dans la revue Planète multithématique et transversale s'adressant au grand public. Des essais sociologiques, historiques ou esthétiques, comme la production de Restany, Planète est une revue en vue de l'époque. [...]
[...] Parce qu'un jeune artiste américain, Robert Rauschenberg, a reçu le Grand Prix de peinture de la Biennale de Venise (lignes 1 à 4). En associant l'art de son époque non seulement à une fierté française ( l'art français , ligne mais, plus généralement, occidentale ( ( . ) et à travers lui à l'ensemble de la culture occidentale , lignes 2 et Restany touche au cœur l'art comme une fonction politique : c'est l'art comme fonction de la représentation du rayonnement politique de la France qui est visée. [...]
[...] Il sait combien les nouveautés et les innovations font mouche auprès d'un public embourbé dans les conformismes et dans des rites initiatiques qu'il ne faut pas briser. Le cérémonial qui voudrait que ce fût un Français récipiendaire du Grand Prix ( L'École de Paris peut en revendiquer 12 ( . L'habitude est une seconde nature , lignes 7 et et, de plus, des artistes d'un certain âge - ce qui accentue la dimension conformiste et des accoutumances ( ( . [...]
[...] En 1964, c'est donc une France déboussolée, éreintée, à la jeunesse désillusionnée ; jeunesse qui dut affronter d'interminables conflits latents, des embuscades et des guérillas, embourbée entre le faste d'Oran et l'indigence de villages bordant des oueds reculés. C'est dans cette forme de marasme social, dans ce contexte à la fois morose et extrêmement fécond, qu'écrit Pierre Restany. Erudit et esthète, Pierre Restany (1930-2003) est un historien et philosophe de l'esthétique français qui connaît un retentissement certain dans la sphère critique de l'art par l'innovation intrinsèque de sa critique. [...]
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