Le concept de mimesis est discuté par Platon dans la "République" mais surtout par Aristote dans la "Poétique". Aristote distingue deux types de mimesis : la simple imitation de la nature et la stylisation de celle-ci. Il propose aussi trois façons d'imiter : comme les choses sont, comme elles sont perçues et comme elles devraient être. Si, comme le montre l'extrait, elle n'est pas pure copie et qu'elle débouche sur un artefact poétique comment peut-on la qualifier ?
[...] En effet Aristote et Platon ont des points de vue très différents sur la question de la mimesis. Si, comme le dit la citation, elle n'est pas pure copie et qu'elle débouche sur un artefact poétique comment peut-on la qualifier ? Nous allons étudier dans des parties séparées les points de vue d'Aristote et de Platon et ensuite nous confronterons leurs idées pour répondre à la problématique. Pour Platon l'œuvre d'art reflète les choses visibles comme fait un miroir en n'en retenant que leur physionomie extérieure. [...]
[...] Le peintre ne veut que redonner sa vraie nature à la Nature, mais en voulant cela il ne peint que le principe théorique de cette Nature, il met donc une distance entre son travail et la Nature qu'il a devant lui. Par conséquent, on a un travail représentant une nature faussée et irréelle. La mimesis aboutie donc à une illusion. Il pense que les choses qui sont éphémères ne sont que l'application des formes intelligibles éternelles Nous sommes très proches de la distinction implicite de Ponge qui choisit dans les choses banales leur aspect le plus banal, en un traitement non de la chose elle-même, mais quasiment de l'idée de la chose. [...]
[...] Puisque l'art pictural grec prétend imiter la nature sensible, et s'adresse à la perception, il est considéré par Platon comme un artifice trompeur. Il critique donc l'art pictural parce qu'il n'est qu'un art d'illusion. En effet l'art mimétique est pernicieux, car il s'agit d'un remplacement qui imite ce qu'il ne peut reproduire. Platon disait l'œuvre d'art reproduit les choses dans leurs apparences, mais ne possédant pas d'existence véritable Pierre Somville pense que les impressionnistes ont été les premiers à peindre la nature en posant leurs chevalets directement au milieu des arbres, mais pourtant ils ont aussi été les premiers à la déformer. [...]
[...] Gustave Courbet qui a écrit le manifeste le Réalisme recherche une vérité sans faille, il veut représenter la beauté, mais ne recherche pas pour autant un idéal. Pour lui la peinture est la représentation des objets visibles et le fond du réalisme c'est sa négation de l'idéal mais un problème est alors soulevé, celui de l'objectivité. C'est la même chose que considère Aristote, il ne considère pas un idéal, mais il est à la recherche de la vérité. La mimesis n'est pas pure copie dans le sens ou Platon le voit. [...]
[...] La copie n'est qu'un moyen pour nous amener au monde sensible qui n'est qu'illusoire. Au contraire, la façon de voir d'Aristote est différente, il voit la mimesis comme une mise en mouvements, donc création d'une donnée narrative (en l'occurrence une pièce tragique de théâtre). Si l'on prend la vision de Platon la mimesis est bien l'action d'imiter un modèle, mais ce qu'il y a entre la copie et la réalité nous plonge dans l'illusion, on a par conséquent un artefact poétique, car cette illusion est d'origine accidentelle et artificielle. [...]
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