Commentaire analytique de type bac définissant la différence entre le cubisme et l'expressionnisme par le biais d'une comparaison entre l'Autopotrait en soldat de Kirchner et l'Autoportrait de 1907 de Picasso. Analyse de deux oeuvres témoignant de la guerre en deux grandes parties traitant du travail de la couleur, des formes graphiques et des objectifs propres aux deux mouvements.
[...] Le tableau où figure une femme sur le droit suggère les occupations malsaines de certains soldats durant la guerre et à la fois, l'influence des événements sur le travail de l'artiste. Mutilé de la main droite, Kirchner se montre dans l'incapacité de peindre, symbole d'une douleur aigüe annihilant jusqu'au besoin artistique. Kirchner est tronqué de lui-même par la guerre et en témoigne. Quant à la cigarette, elle ne fait qu'accentuer le désespoir et la débauche de la douleur. C'est l'ivresse, la sensualité désenchantée et dérisoire qui domine montrant l'absurdité du plaisir et de la vie en plein désastre mondial. [...]
[...] Alors que le cubisme ne cherche que peu à représenter l'émotion pure et tragique, l'expressionisme s'y voue et tente d'exhiber le paroxysme d'un malaise. Ainsi quand Picasso est un homme heureux et enthousiaste aux yeux attentifs jusqu'à l'écarquillement cubique, Kirchner est plongé dans un malaise sombre, principal objet du tableau. Ainsi la représentation du corps diffère dans les deux mouvements. Simplification et géométrisation sont le maître mot de Picasso, formes sinueuses et enfantines évoluent chez Kirchner. Mais c'est surtout l'objectif des deux tableaux et donc, courant qui se révèle différent: quand l'un témoigne et crie pour être entendu, inscrit dans un lyrisme tragique, l'autre se plonge dans la recherche picturale seule en vue d'innover en matière d'Art. [...]
[...] Inscrit dans le cubisme, Picasso délivre un nouvel autoportrait en 1907 qu'il faudra confronter à l'autoportrait en soldat de Kirchner et donc à l'expressionnisme afin de répondre à cette problématique. Une première partie dévoilera les critères graphiques des deux mouvements, Puis, une seconde se penchera sur les préoccupations et objectifs des deux peintures. Le cubisme obéit aux règles de la simplification comme le prouve ici Picasso par son autoportrait de 1907. Loin de la tradition classique, où le dessin et les formes sont traités par minutie, préférée à la couleurs et vue comme pièces maîtresses de l'œuvre, l'artiste ne fait ici que suggérer un visage en ne laissant que le stricte nécessaire à la représentation : le nez se construit grâce à un rectangle intercalé entre deux demis cercles grossiers, les principaux traits du visage naissent dans les cernes noires, sans ondulation et à l'aspect très géométrique. [...]
[...] En revanche, Kirchner apparaît maltraité par son époque, mutilé et surtout, vêtu d'une tenue de soldat, symbole de l'époque et du contexte. La jeune femme de droite semble le sujet d'une peinture et dormir sur une toile oubliée. L'artiste se représente donc dans son atelier et donne une importance au lieu. La cigarette apparaît comme un élément faisant partie de la vie d'une peintre. Chez Picasso, le sentiment semble absent, inexistant, comme inopportun. Le regard ne traduit que peu d'émotion, la posture est sobre mais il en est autre chez Kirchner. [...]
[...] La transformation apparaît surtout par la disproportion et l'irrationalité des formes corporelles, laissant transparaître une certaine monstruosité. Dans les deux mouvements et tableaux, la couleur détient une place importante. Chez Picasso, les couleurs ocre prédominent, créant une harmonie par un jeu de camaïeux. Le ton est chaud et les dégradés peu exhaustifs constituent une profondeur et des reliefs naissant. C'est d'ailleurs le défi du peintre que de représenter la perspective autrement que par la sinuosité. Les dégradés de Kirchner passent, eux, d'un jaune maladif au verdâtre, marquant ainsi le trait physionomique de la jeune femme à droite. [...]
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