On va vous présenter l'étude d'un catalogue d'exposition rédigé par William Fagg à l'occasion de l'exposition au musée des arts décoratifs de 1964. Elle avait pour titre Cent tribus, cent chefs-d'oeuvre. William Fagg est un anglais né en 1914 et mort en 1992. Il était historien d'art et fut nommé conservateur du département d'ethnologie au British Museum. Il s'est rendu en Afrique entre 1949 et 1959. Il fut un des initiateurs de l'exposition Cent tribus, cent chefs-d'oeuvre qui présente les oeuvres de différentes tribus d'Afrique. Ces cent tribus sont situées principalement dans la région des Grands Lacs. Cette exposition a lieu alors que le monde s'intéresse au continent africain, et au moment de l'achèvement de la décolonisation.
Afin de faire entrer cette étude dans le sujet proposé « ethnie et art » voyons comment la construction de l'exposition par Fagg est révélatrice d'une vision personnelle de l'Afrique qui explique la culture des différentes tribus à partir des oeuvres sélectionnées. Cependant cette vision paraît incomplète et critiquable.
[...] De plus, la sculpture dite nomoli comporte des affinités avec les masques Baga. La théorie de l'univers clos est encore mise à mal par le fait qu'on observe une ressemblance stylistique avec les ivoires afro- portugais fabriqués pour les nobles et les souverains du Portugal. Pour bien illustrer cette interculturalité, on peut s'appuyer sur le vocabulaire utilisé dans le catalogue d'exposition pour parler de l'influence de la culture Baluba sur les tribus Bena Kanioka et Basonge : ces tribus auraient été balubaïsées William Fagg insiste également sur le fait qu'à chaque tribu correspond un style. [...]
[...] Cela se traduit par une incompréhension de ces oeuvres par les Occidentaux qui eux ne voient que le côté esthétique d'une oeuvre. Prenons par exemple Jules Ferry qui considérait que les masques africains étaient des objets vulgaires qu'il fallait séparer des autres. Pendant longtemps on a dit que l'Afrique ignorait l'art pour l'art que l'art était donc uniquement religieux ou cultuel. Cette vision a poussé les autorités françaises à créer des musées pour rassembler les sculptures des pays lointains, mais en les présentant uniquement sous l'angle de leur fonction. [...]
[...] C'est pourquoi l'exposition ne représente pas la tribu des grasslands mais chaque tribu individuellement. Les propos de Fagg nous paraissent cependant paradoxaux en ce sens qu'il semble admettre lui-même la possibilité de coexistence de styles secondaires au sein d'une même tribu. Cela contredit donc son idée première d'un art par tribu. D'autres critiques peuvent également être faites. Notamment, Denise Paulme, qui fait un commentaire de l'exposition, soulève la question de savoir si on n'aurait pas pu faire une classification autre que géographique. [...]
[...] Pour conclure, on peut dire qu'il faut laisser parler les oeuvres en se situant à la fois du côté des créateurs et des utilisateurs : les objets sont porteurs de sens, ils font partie intégrante d'une histoire, d'une institution sociale ou religieuse, d'une économie, d'une pensée philosophique. Cependant, cela n'empêche pas d'admirer un objet pour son esthétisme. Pour bien comprendre, prenons l'exemple des Mangbetu qui par tradition s'allongent la tête, depuis leur enfance, en se la bandant. On retrouve cette déformation caractéristique de leur culture dans leur art. Bibliographie Fagg W Cent tribut, cent chefs-d'oeuvre, Exposition des arts décoratifs,Palais du Louvre, Pavillon de Mars Paulme D., L'Homme, Année 1965, Volume Numéro p. [...]
[...] Cette vision nous paraît d'ailleurs critiquable. II Une vision critiquable de l'art africain : une tribu, un art À la lecture du catalogue, la théorie de Fagg apparaît : à chaque tribu correspondent un univers hermétiquement clos et un style propre. les tribus : univers clos Selon William Fagg, chaque tribu serait un groupe fermé se distinguant par la langue, la religion, l'art, ou la culture en général. Chaque tribu évolue, séparément entraînant pour chacune un art différent qui serait incompréhensible pour les autres. [...]
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