Le vitrail fut offert vers 1165 par le roi Henri II Plantagenêt et la reine Aliénor d'Aquitaine. L'évêque de Poitiers, Jean Belles-Mains, fut sans doute le 3e commanditaire. La crucifixion est un vitrail datant du 12e siècle, plus précisément entre 1161, année de la naissance du 4e fils, et 1173, date de la rébellion contre le roi qui valut à la reine sa mise à l'écart. Il se présente sous forme de baie cintrée éclairant la nef centrale. Il est conservé à l'extrémité orientale de cette nef, au-dessus de l'autel majeur, et focalise le regard dès l'entrée dans la cathédrale.
Il mesure 8m35 sur 3m10, ce qui représente une superficie de près de 35m2. Son emplacement actuel est sa place d'origine et celui-ci est resté complet, à la différence des autres verrières créées pour la cathédrale de Poitiers aux 12e et 13e siècles. Encadré par deux arcades aveugles de pierre, il se présente comme au centre d'un triptyque, entre deux autres verrières importantes : L'histoire et le martyre de Saint-Laurent à sa droite / L'histoire de saint Pierre jusqu'à sa passion à sa gauche (= verrière de saint Pierre et saint Paul). La cathédrale de Poitiers, elle, date du 12e siècle et a été édifiée selon un style gothique Plantagênet. Elle fait suite à un premier édifice du 11e siècle, sûrement déjà de grande taille puisqu'il accueillit un concile en 1100. Sa construction a commencé vers 1160, sous le roi Henri II Plantagenêt, et s'est achevée en 1379, année de sa consécration.
[...] En effet, le thème de la Crucifixion est ici traité avec une ampleur exceptionnelle dans l'Occident du 12e siècle. La lumière offre un sens sacré à la représentation imagée en lui donnant un rôle mystique. Ici, le maître-verrier a mis en œuvre un programme iconographique complexe : l'imbrication des scènes, la vigueur du trait souligné par les plombs, le dessin des barlotières et les montants métalliques tenant l'ensemble des panneaux sont au service du message chrétien. Les couleurs offrent également une grande richesse à ce vitrail : sur fond bleu, le rouge profond et éclatant se détache intensément. [...]
[...] Il est entouré de 4 personnages, plus petits que lui. Le Christ constitue l'axe de symétrie de cette composition. Les 4 personnages répartis en 2 groupes symétriques de part et d'autre du Christ se détachent sur un fond rouge limité en haut et en bas par un filet bleu. A la droite du Christ se trouvent la Vierge Marie nimbée, debout, au visage douloureux, et Longin. Longin est de face, c'est un bourreau, qui dirige sa lance vers le flanc du Christ, pour le percer. [...]
[...] Une inscription de chaque côté de ces personnages a permis de les identifier. La disposition est particulière : la reine est à la droite de Dieu, place valorisante qui est d'habitude occupée par le donateur masculin c'est peut-être parce que la reine a joué un rôle majeur dans la donation = supposition). On voit que ces donateurs élèvent ensemble la maquette du vitrail de la Crucifixion. Aliénor semble attirée par le spectacle du pardon et de l'Ascension du Christ. Ses enfants, mains tendues, participent à ce mouvement. [...]
[...] De plus, les mains suppliantes de Marie dans la scène de la Crucifixion sont surdimensionnées et donc typiques du style roman. L'image du Christ bénissant de sa main droite et tenant un livre fermé de sa main gauche dans la scène de l'Ascension rappelle également une figuration classique de l'époque romane. Autre source d'inspiration : la plaque d'ivoire du manuscrit lat de la Bibliothèque nationale de France à Paris présentent les mêmes participants à la Crucifixion > on retrouve la Vierge Marie, saint Jean, le porte-lance et le porte-éponge qui occupent les mêmes emplacements avec les mêmes attitudes, l'un de face qui va être sauvé, l'autre de dos, comme s'il se détournait de la Nouvelle Alliance Comparaisons La palette de couleurs particulièrement riche ainsi que le dessin souple et élégant rappellent les silhouettes romanes des fresques de Saint-Savin et du baptistère voisin. [...]
[...] On peut le voir également dans la cathédrale du Mans Vitrail de l'Ascension, cathédrale du Mans, 12e siècle : même disposition des apôtres. Ce style marquera également une partie des vitraux de la cathédrale de Tours, dans le déambulatoire. - La puissance de la composition et du dessin qui les caractérise apparaît également dans le vitrail de La Vierge et l'Enfant de l'abbaye de la Trinité de Vendôme. Conclusion En étant intégré à la tendance de l'élévation verticale des cathédrales et des églises paroissiales, le vitrail devient une création de plus en plus audacieuse. [...]
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