1646, La Vanité, Allégorie de la vie humaine, Philippe de Champaigne, huile sur bois, tableau, nature morte, janséniste
C'est une nature morte (tableau de facto de petites dimensions), un genre caractéristique de celles-ci, c'est une Vanité. Cette dernière est donc une nature morte à forte valeur morale. Le mot vanité, et ce n'est pas un hasard, veut également qualifier le caractère vain, futile et illusoire de quelque chose. C'est un genre du début du XVIIe siècle qui émerge dans les provinces unies. Elles sont chargées de connotations chrétiennes, font réfléchir sur la fragilité humaine et sur la vie terrestre éphémère. Elle est peinte dans un style classique. La peinture classique se voulant la plus réaliste possible, avec une esthétique recherchant la perfection, mais également à valeur morale, Vanité ou Allégorie de la vie humaine en est une des plus belles représentantes selon moi.
[...] Pour terminer, je voudrais faire remarquer la petite mouche peinte sur un pétale de la tulipe. C'est une vanité dans la vanité. Les mouches sont les instruments de la décomposition. Cette mouche vit de la mort. Elle est inséparable du travail de la mort, elle est même le signe de ce travail. [...]
[...] Cela pourrait être une table d'autel, ce qui rentrerait en résonance avec la connotation chrétienne et donc religieuse du tableau. Ou alors il se pourrait bien que ce soit une pierre tombale, la dalle de marbre qui recouvre un cercueil, ce qui ajouterait un élément en relation avec la fin de l'être terrestre, la mort. Ensuite, revenons à la tulipe et la tulipomanie que j'ai mentionnée précédemment. Il faut savoir que la tulipe est un élément récurrent des Vanités qui ont été peintes à la suite de la tulipomanie. [...]
[...] En somme, la présence de cette tulipe fait référence allégoriquement à la vanité des hommes qui dépensent des sommes mirobolantes pour un simple bulbe de fleur. Mais plus profondément, cette tulipe incarne la vacuité des entreprises humaines et la frivolité des comportements humains, c'est une invitation à la réflexion sur les faiblesses humaines. Cela rappelle, dans le cadre de cette Vanité, que ces batifolations sont pertent de temps et qu'il faut penser au Salut de son âme, qui lui sera éternel, car comme la mort est la seule issue, autant s'y préparer. [...]
[...] La peinture classique se voulant la plus réaliste possible, avec un esthétique recherchant la perfection, mais également à valeur morale, Vanité ou Allégorie de la vie humaine en est une des plus belles représentantes selon moi. Le choix des objets est effectué dans un but allégorique de ceux-ci( en l'occurrence la fleur représente allégoriquement l'argent et le raffinement, ce qui fait écho, on le verra plus tard, à la tulipomanie, le sablier représente l'écoulement du temps et évidemment le crâne représente notre inexorable finitude, la mort, qui met l'accent sur la vacuité de la vie terrestre). [...]
[...] Vanité ou Allégorie de la vie humaine est la seule Vanité connue de Philippe de Champaigne. Ce dernier était, au moment où il a peint cette peinture, proche des milieux jansénistes, mouvement catholique en plein essor à cette époque. Les jansénistes s'opposent aux jésuites auxquels ils reprochent d'avoir trop d'indulgence envers les pêcheurs. On peut voir à travers cette œuvre un combat religieux contre les Indulgences. Pour Philippe de Champaigne, on ne peut pas acheter le Salut de son âme. [...]
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