Titien Paul III Farnèse tableau dynastique
A partir de 1523, sa carrière est une suite ininterrompue de triomphes, princes et rois se disputent ses oeuvres. Sa carrière en tant que portraitiste est favorisée dans un premier temps par ses relations avec les grandes cours italiennes de l'époque, celle des Este à Ferrare, celle des Gonzague à Mantoue, et celle des Della Rovere à Urbino. Ses succès à la Cour du Saint Empire Romain germanique auprès de Charles Quint est immense, les plus grands seigneurs et les plus hauts fonctionnaires se font faire leur portrait par lui. Si le portrait occupe dans son oeuvre une place considérable, il ne doit jamais faire oublier l'importance de ses tableaux religieux et profanes.
[...] L'exécution du tableau est plus libre et laisse une certaine marge à l'improvisation. C'est pour toutes ces raisons que Paul III et ses neveux a un caractère vénitien très affirmé. A partir des années 1540, l'art de Titien évolue. Le goût du clair- obscur qui s'affirme chez certains de ses jeunes concurrents, comme Jacopo Robusti dit le Tintoret (1518-1594), amène le peintre à se tourner vers une manière plus sombre et à sacrifier en particulier la palette brillante de la première partie de sa carrière. Sa touche devient plus vibrante, plus libre. [...]
[...] Alessandro serre de ses deux mains les pommeaux du fauteuil papal et regarde en direction du spectateur comme s'il était le principal sujet du tableau, ceci en tant que successeur désigné du pape. Ottavio a dû renoncer à une investiture permise par son beau-père, et il exprime à travers le caractère ambigu de sa révérence la duplicité d'un homme qui se plie à la dictature de son grand-père, en se demandant quand et comment il se vengera. Ottavio s'incline devant le pape avec une complaisance et une flagornerie qui ne semblent pas lui échapper. La taille élevée d'Ottavio Farnèse fait ressentir la petitesse de Paul III et sa vulnérabilité. [...]
[...] Paul III et ses neveux représente le cardinal Alessandro et son frère Ottavio Farnèse comme des courtisans s'empressant autour du pape. La scène se déroule dans une chambre du Vatican dont le plancher est recouvert d'un tapis rouge. Rouges, le tapis de la table portant un sablier les tentures du fond et le fauteuil pontifical. Le bonnet du pape est cramoisi ainsi que son camail, pourpres la robe et la barrette du cardinal. Le sablier sur la table fait référence à la fuite du temps, à la mort qui s'approche de Paul III. [...]
[...] L'inachèvement de Paul III et ses neveux permet de comprendre la manière dont travaille le Titien. Il pose un apprêt blanc, en couche très mince, sur la toile. Il ébauche ensuite sa composition sur le fond blanc, à main levée et en général à la pointe de son pinceau. Fréquemment, il s'écarte de ses compositions préparatoires. La pose de couleurs ne se fait pas en couches successives de glacis qui ne laisserait pas voir la touche du peintre. L'empâtement des couleurs est fréquent chez le Titien et sa touche visible. [...]
[...] Paul III tourne la tête et regarde de façon pénétrante Ottavio. Le pape Paul III est représenté dans toute sa décrépitude et son visage ressemble presque à un masque mortuaire dont la peau et la barbe adhèrent pour ainsi dire aux os du crâne. Il a l'air néanmoins rusé et suspicieux. Seul son regard anime son être. La finesse avec laquelle les figures sont caractérisées et la relation psychologique entre le pape et Ottavio montrent que Titien connaît parfaitement les intrigues machiavéliques et les jalousies fratricides de la Cour du pape. [...]
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