« Spes amoris nutrix optima » Extrait d’Amorum Emblemata, figuris aeneis incisa, Otto V.VEEN, peinture codifiée, Cupidon, chérubins, l'Espoir fait vivre, Bernedetti
L'image se situe au cœur de l'ouvrage imprimé, fruit du travail du graveur, peintre et théoricien de l'art flamand Otto Van Veen.
Van Veen fut l'un des maîtres du célèbre peintre Rubens et sa peinture est définie comme appartenant à la mouvance maniériste, faite à la fois d'emprunts aux grands artistes de la renaissance italienne tel que Raphaël ; tout en étant en rupture avec le désir de perfection dans l'imitation de la nature pour offrir une peinture codifiée où le symbole est omniprésent.
Imprimé par le flamand Henrik Swingen et publié en 1608 à Anvers, alors située aux Pays-Bas espagnol, Amorum emblemata est un livre d'emblèmes mettant Cupidon et des chérubins en scène face aux diverses épreuves de l'amour ; amour considéré comme la quête suprême d'accès au bonheur.
[...] Il est l'enfant, le nourrisson qui s'alimente au sein en un instant de répit. Son arc est posé près de lui, il se trouve à l'ombre de l'arbre dans une atmosphère de repos et d'abandon. Il a cependant gardé son carquois sur lui, comme pour seul vêtement, et l'on peut voir que la corde de son arc est bandée, prêt à être utilisé. Tétant le sein gauche de la femme, sa main caresse également son sein droit de façon sensuelle. [...]
[...] Icône de l'agriculture, il est celui qui cultive la terre et nourrit les hommes par son travail. Le semeur laisse agir le soleil et la pluie au fil des saisons et symbolise l'alliance de l'homme et de la nature. C'est également un symbole fort du christianisme vu à la lumière d'une parabole des évangiles. Le semeur représente la parole de Dieu qui se répand dans le cœur des hommes, représenté par la terre en friche. Nourriture terrestre et spirituelle se croisent ainsi. [...]
[...] Point de vue Les plans superposés et l'analyse iconique suggèrent une dispersion dans l'espace et le temps pour la narration de l'image, suggérant un narrateur omniscient, en focalisation zéro, qui voit et entend par-delà le temps et l'espace. B. Récit ? L'histoire qui nous est contée à travers l'image ressemble à une légende. Les figures majestueuses ont quelque chose d'épique et l'épi, présenté comme un objet sacré ressemble à un artefact, un objet puissant qui serait le ressort de l'action d'un conte. La rencontre d'homme et de figures allégoriques ou personnifiées est très en vogue au Moyen-âge avec des ouvrages tel le roman de la Rose. [...]
[...] Le manque de souffrance imagée Le texte français, potentiellement attribué à Tristan Lhermitte, parle d'un espoir qui fait souffrir, hors cette notion de souffrance n'est pas représentée dans l'emblème. Hormis le semeur qui peut souffrir des conditions pénibles de son travail ; la souffrance n'est pas présente dans l'image. Elle reste cependant sous-jacente dans la figure de Cupidon : reprenant des forces, car éreinté par les épreuves de l'amour, il reprend littéralement espoir et son arc bandé près de lui symbolise cette guerre perpétuelle dont l'espoir alimente toujours la force. [...]
[...] Tous ces éléments sont apparents dans l'emblème et l'orientent aisément vers ce rapprochement entre l'image de la nourrice et les caractéristiques de la déesse. Cérès est par extension déesse de la fécondité, offrant un double sens ici. Fécondité de la terre qui offre de quoi se nourrir et fécondité sexuée à l'image de la nourrice, donc de la mère, en train d'allaiter. Enfin, la forme de l'épi qu'elle brandit avec fierté rappelle la fleur de lys, synonyme de noblesse ; rapprochant l'idée de divin et de noble propre aux rois. [...]
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