Au XVIIe siècle, la vie culturelle distingue deux catégories : l'art mineur réservé aux masses populaires et l'art majeur, celui des élites. Par ailleurs, ces élites commencent à apprécier les scènes de genre, c'est-à-dire des scènes qui retracent la vie quotidienne des paysans ayant bien souvent une morale sous-entendue, comme les bamboches très populaires chez les Flamands. C'est donc dans cette période que les frères Le Nain se font connaître du public parisien. Ils peignent de nombreuses scènes d'intérieur qui rencontrent un vif succès dès 1629.
Les frères Le Nain sont fortement inspirés par le Caravagisme. Il s'agit d'un courant pictural issu de la peinture du Caravage - peintre Italien de la fin du XVIe siècle - qui est caractérisé par le réalisme et le contraste entre l'ombre et la lumière. Inspiré par ce style, Louis Le Nain peint, en 1642, Le repas de paysans.
[...] Dans le cas du tableau, il est facile de reconnaître de petits bourgeois. La maison est également le lieu où se retrouve la famille qui se doit de répondre à un système de hiérarchie. Mais ce tableau regorge aussi d'un symbolisme biblique et religieux. La scène évoque une autre Cène, dernier repas du Christ mainte fois représenté notamment avec Jésus au centre de la table situé entre ses apôtres. Dans ce tableau, le maître de maison est comme le Christ, installé au centre. [...]
[...] Sur la table sont présents le pain et le vin. Dans le catholicisme, le vin représente le sang du Christ et le pain son corps, ces éléments rappellent l'Eucharistie, c'est-à-dire la bénédiction des ingrédients du repas effectué par Jésus lors de la Cène. Pour les catholiques, il s'agit de la transsubstantiation, symbolique très importante pendant la messe, car elle signifie que le Christ est présent avec ses fidèles par le biais de l'hostie et du vin de messe, cela diffère des protestants, car pour eux le Christ ne peut être représenté par le pain et le vin, cependant durant la messe protestante ces éléments sont présents, car ils refont les gestes que Jésus pratiquait lors du repas comme signe de communion, on parle alors de consubstantiation. [...]
[...] Ceci vaut pour tous les paysans du XVIIe siècle. Cependant dans ce tableau, on constate qu'il s'agit de paysans aisés, car il possède un lit à baldaquin. Le lit est le meuble le plus cher dans une maison de paysans. Le baldaquin indique que ce lit a dû coûter très cher. Cette maison possède aussi quelques ouvertures (fenêtre dans le fond, et par déduction une porte). Faire des ouvertures au XVIIe siècle c'est prendre des risques, car cela implique de fragiliser l'édifice. [...]
[...] Le rouge est une couleur vive qui à l'époque est réservée à la noblesse ou la bourgeoisie qui veut se démarquer, car ils sont fortunés. On peut donc supposer que les hôtes sont des paysans aisés. Mais le vêtement reste sobre en lui même, notamment par la présence du bonnet que ne porte pas la noblesse plutôt accoutumée au chapeau en société. Les enfants, quant à eux, ont chacun leur particularité. Le premier est au centre et fixe le spectateur pour attirer son attention. Il nous invite à pénétrer dans sa demeure. Cet enfant est isolé, sans activité scolaire. [...]
[...] Mais l'importance des enfants auprès de leurs parents montre que le noyau familial est primordial tout comme le lien père/fils. Les enfants entourent aussi l'autorité parentale qui est le symbole majeur puisque c'est le père qui a une influence éducative et professionnelle sur les enfants. L'animal de compagnie a aussi toute son importance dans une maison. Le chien est un animal très présent à cette époque, il est très utile, car comme le chat il peut poursuivre les rongeurs. Ici le chien a une double symbolique. [...]
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