« Mes couleurs dominantes, sensées être soutenues et mises en valeur par les contrastes, étaient en fait dévorées par les contrastes, que je faisais aussi importants que les dominantes. Ceci m'amena à peindre par aplats : ce fut le fauvisme. » Cette citation d'Henri Matisse illustre parfaitement sa démarche picturale, que nous allons notamment étudier avec le «Portrait d'Auguste Pellerin ».
Matisse, peintre français de la fin du XIXe jusqu'à la première moitié du XXe, fut le chef de file du mouvement fauvisme, qu'il inspira dès 1905 avec son tableau « La femme au chapeau ». Ce courant pictural n'aura d'essor que durant quelques courtes années, et décline autour de 1907-1908. Toutefois, il jette les bases d'un renouveau dans la peinture, une nouvelle façon d'imaginer cet art.
Matisse réalise le « Portrait d'Auguste Pellerin » en 1917. Pellerin est un industriel, amateur d'art éclairé et grand collectionneur, contemporain de Matisse. Le « Portrait d'Auguste Pellerin » est une huile sur toile, de dimension 150,2 x 96,2 cm qui se trouve depuis 1982 au centre Georges Pompidou à Paris.
[...] Le Portrait d'Auguste Pellerin peut être analysé comme élogieux. Matisse le représente simplement, mais impose son sujet. La figure de Pellerin appelle le respect, avec un regard profond et sombre, mais en même temps une certaine sympathie pour cet homme peu imposant, qui semble calme et discret. Matisse aurait de plus tout intérêt à brosser un portrait élogieux d'un personnage aussi connu d'Auguste Pellerin, qui possède une grande collection de tableaux de maîtres, et notamment de Cézanne, pour s'attirer les faveurs de celui-ci, tout en restant fidèle à son courant pictural, ce qui, on peut le penser, plairait le plus à Pellerin. [...]
[...] Matisse réalise le Portrait d'Auguste Pellerin en 1917. Pellerin est un industriel, amateur d'art éclairé et grand collectionneur, contemporain de Matisse. Le Portrait d'Auguste Pellerin est une huile sur toile, de dimension 150,2 x 96,2 cm qui se trouve depuis 1982 au centre Georges Pompidou à Paris. Matisse n'est pas mobilisé pendant la 1re Guerre mondiale, et vit à Collioure puis à Nice. C'est entre ces deux villes qu'il peindra probablement le Portrait d'Auguste Pellerin Ce portrait représente un homme assis à son bureau, un tableau pendu derrière lui. [...]
[...] L'utilisation de la couleur n'a plus pour but de sous-entendre une caractéristique du personnage ou un message du peintre, mais bien d'accorder le portrait dans une certaine subtilité. Une couleur n'est plus cantonnée à représenter tel thème. Le rouge n'est pas simplement l'amour ou la passion, mais relève le ton d'une œuvre d'une façon purement esthétique. Ce portrait d'Auguste Pellerin reste dans la trame figurative, avec des lignes simplifiées. La perspective est présente mais sans toutefois être nette et profonde, le cadrage est simple, le sujet au centre, avec un peu de hauteur donnée par le tableau accroché. [...]
[...] Auguste Pellerin est planté comme un homme d'affaires important et peu rieur. Ses yeux ne montrent aucun détail, ils sont noirs, soulignés par des sourcils épais, et un visage aux joues creusées. Le portrait semble être crayonné rapidement puis peint, les traits sont durs, rapides, droits. Cela marque complètement la dynamique fauve qui base son art sur l'instinct, du moins en apparence, car le tableau est longuement étudié. Les lignes sont simplifiées, les formes quasi brutes, comme en témoigne le visage d'Auguste Pellerin froid, dur, le trait ne s'attardant pas sur la nuance. [...]
[...] Ainsi, il ne s'agit pas de montrer la fantaisie d'Auguste Pellerin, au contraire, mais de rehausser le tableau, de ne pas le plonger dans une atmosphère trop sombre. De plus, la touche de blanc qui rappelle le fauteuil de Pellerin souligne le rouge marquant du tableau, que l'on retrouve aussi dans le bureau de l'homme d'affaires. Il s'agit là encore d'une caractéristique fauve : Matisse en fait reprend une méthode des pointillistes et des impressionnistes qui juxtaposent les couleurs. Au spectateur de recomposer le tableau. [...]
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