La représentation du nu dans l'art désigne, plutôt que le sujet représenté lui-même, une forme d'art qui essaie de recréer une image du corps humain magnifié, idéalisé, tout en respectant les exigences esthétiques et morales de l'époque, à travers la peinture, la sculpture ou maintenant la photographie. Le terme « nu » appartient au vocabulaire des Beaux-Arts depuis le XVIIe siècle. A travers l'histoire, il fut le miroir des implications psychologiques,
philosophiques et esthétiques du corps dans des sociétés données ; cet exercice constamment
renouvelé est une tentative qui, par une voie sensible, définit l'être humain, souvent dans son
acception « naturelle ».
Depuis la Préhistoire, la représentation de corps nus est un des thèmes majeurs de l'art.
On peut voir dans la représentation de l'être humain nu, c'est-à-dire réduit à sa nature même d'être charnel, la volonté implicite de retrouver ses origines ou de trouver des réponses à une existence complexe. La première apparition de la nudité dans les arts est concomitante à celle de l'art lui-même. Les oeuvres picturales et sculptées nous ont renseignés sur le rapport que les hommes de cette époque avaient avec leur corps. Un des meilleurs exemples en est la représentation de la femme et de la femme enceinte.
Puis de l'Antiquité à Courbet, le nu est entré dans l'ère du réalisme et du classicisme.
Le corps est idéalisé, répond à des normes, des critères. Le XXème siècle a vu apparaître de
nouvelles tendances de représentation. L'artiste se détache de la représentation du réel et des
codes établis. Il commence à peindre ce qu'il ressent, ce qu'il imagine, ce qui n'est pas réel ou
plutôt pas appréhendable au premier abord. Les Demoiselles d'Avignon (de Picasso, 1906) sont un exemple célèbre de distorsion de nus à travers le prisme multifocal du cubisme.
L'expressionnisme abstrait ne quitte pas la thématique traditionnelle du nu qui reste perceptible. Le pop art s'est également réapproprié des images commerciales de nus. Si les
représentations de nus sont entrées dans les standards de l'imagerie collective, de nouvelles
voies n'ont cessé d'être explorées, notamment, le body art a donné, à travers des performances, des représentations du corps, devenu un thème majeur de réflexion autour d'enjeux sociaux, psychiques, politiques et personnels.
Le corps, ayant abandonné sa dimension de représentation des catégories esthétiques, est devenu un vecteur de réflexion et de subversion, comme en témoignent les automutilations de Gina Pane, par exemple. Aujourd'hui, l'art contemporain apporte encore de nouvelles possibilités de représentation. Le body art, les performances, les nouvelles technologies, sont autant de champs d'investigation supplémentaire pour aller à la recherche de notre propre corps, le comprendre, le disséquer, l'analyser.
Dans une première partie, nous nous intéresserons à l'image du corps à travers divers artistes, pour essayer d'appréhender de quelle manière s'est faite cette évolution. Dans une seconde partie, nous nous intéresserons au modèle. Nous tenterons de comprendre quelle influence a pu avoir un célèbre tableau (Le Bain Turc) sur la conception que nous avons du nu
aujourd'hui en Occident.
[...] Chaque transgression vehicule son scandale. Les scandales font tôt ou tard avancer les mentalités, donc l'art. L'art est toujours en avance sur son temps. Certains disent qu'il est le reflet de l'histoire, mais il est plus que ça ; l'art a une longueur d'avance sur l'histoire. Les artistes qui ont marqués ce siècle avaient une sensibilité trop forte pour se cantonner à leur époque. Ils l'ont dépassé. Nous avons vu comment une simple toile pouvait influencer des artistes qui joueront un rôle majeur dans la construction de notre pensée en matière de représentation artistique. [...]
[...] La nudité retrouve le sens des origines, elle peut se montrer pour le plaisir extrême de contempler un corps, enfin dans sa vérité, à l'œil nu Jean-Louis Prat, directeur de la fondation Maeght. Partie II : Le nu, le modèle et le XXème siècle. Le nu donc, n'irait pas de soi. La nudité est commune, la pudeur aussi le nu, lui, relèverait d'un choix. Et ce choix serait celui-là même qui fonde la philosophie : car le nu est la chose même - il est l'en soi, il est l'essence. [...]
[...] Le propre de l'art est de dépasser son siècle. Pierre Daix. Le nu a occupé de tous temps et sous toutes les latitudes, dans sa représentation artistique, une place importante au sein des sociétés. Sous forme de peinture, de sculpture, et plus récemmant sous forme de photographies. Avec la découverte en 1839 de ce nouveau moyen d'expression, les pionniers n'ont pu qu'être tentés par cette merveilleuse possibilité qui s'offrait à eux de matérialiser leurs visions érotiques avec un réalisme nouveau. [...]
[...] Le pop art s'est également réapproprié des images commerciales de nus. Si les représentations de nus sont entrées dans les standards de l'imagerie collective, de nouvelles voies n'ont cessé d'être explorées, notamment, le body art a donné, à travers des performances Cf. la Vénus de Willendorf (23000 ans av.J.C.) des représentations du corps, devenu un thème majeur de réflexion autour d'enjeux sociaux, psychiques, politiques et personnels. Le corps, ayant abandonné sa dimension de représentation des catégories esthétiques, est devenu un vecteur de réflexion et de subversion, comme en témoignent les automutilations de Gina Pane, par exemple. [...]
[...] Il en tirera La Coiffure, aujourd'hui au Metropolitan Museum. Un peu plus tard, il empruntera la petite table au premier plan qu'il caricaturera dans les Demoiselles 3 François Jullien, De l'essence ou du nu, Seuil, Novembre 2000, p d'Avignon.Derain fait écho à la femme allongée, mains sur la tête, à droite du Bain Turc, par sa femme nue allongée en bas à droite de l'Âge d'or. Matisse est le plus fidèle qui replace, à gauche de son grand manifeste du Bonheur de vivre, la femme à gauche de la piscine. [...]
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