"L’homme blessé", Gustave Courbet (1844-1854)

Résumé du document

Gustave Courbet est né à Ornans, en Franche-Comté, le 10 juin 1819. Il est mort le 31 décembre 1877 à La Tour-de-Peilz en Suisse. Gustave Courbet est issu d'une famille aisée de propriétaires terriens. A l'âge de douze ans, il entre au petit séminaire d'Ornans où il reçoit un premier enseignement artistique du père Baud, ancien élève d'Antoine-Jean Gros, professeur de dessin. Le premier tableau connu de Courbet, "Portrait d'un jeune garçon", date de 1834.

Tout au long de sa carrière, Courbet a pour ambition de "faire de l'art vivant", un art en adéquation avec la vie. Courbet apparaît comme l'un des meilleurs peintres de son temps. Même ses plus virulents détracteurs reconnaissent son talent. Avec Courbet, le statut de l'artiste se modifie : le peintre devient une célébrité de premier plan. Les premiers dépits amoureux de l'artiste bouleversent sa représentation de la femme et marquent sa peinture de cicatrices indélébiles.

Quelles sont les évolutions dans la carrière de Gustave Courbet durant la décennie 1844-1854 ? En quoi "L'Homme blessé", tableau peint à une époque charnière de la carrière de Courbet, est-il révélateur des paradoxes de l'artiste ?

Extraits

[...] Au début de sa carrière, Gustave Courbet est soutenu par Nicolas-Auguste Hesse (1795-1869), peintre d'histoire. Il prodigue des conseils à Courbet et lui témoigne un intérêt sincère. Lorsque la peinture de Courbet commence à intéresser les amateurs, il prend les conseils de Hesse. Durant des années, Courbet se réclame de cette filiation. Il affirme déjà l'ambition de jouer dans l'histoire de l'art un rôle de premier plan grâce à une peinture personnelle et sincère. Pendant dix ans, Courbet s'acclimate difficilement à la vie de la capitale, se réfugie, sans se l'avouer complètement, dans la rusticité qui lui convient mieux. [...]

[...] Il devient l'élève de Charles Steuben (1788-1856), petit maître historique réputé pour ses compositions. Steuben a été l'élève de François Gérard (1770-1837), Robert Lefèvre (1755-1830) et Pierre-Paul Prud'hon (1758-1823). Courbet fréquente également l'académie libre de Charles Suisse. L'académie suisse est un atelier de peinture situé quai des Orfèvres, dans l'île de la Cité, à Paris. Moyennant une somme modique, les artistes nécessiteux peuvent bénéficier des services d'un modèle. Courbet peut donc travailler à partir de modèle vivant. Courbet rencontre, en 1846, François Bonvin (1817-1887) qui l'initie aux classiques du Louvre. [...]

[...] Quelles sont les évolutions dans la carrière de Gustave Courbet durant la décennie 1844-1854 ? En quoi l'Homme blessé, tableau peint à une époque charnière de la carrière de Courbet, est-il révélateur des paradoxes de l'artiste ? Dans un premier temps, nous étudierons la décennie 1840, période de formation et de tâtonnements pour l'artiste, et pour finir, nous analyserons la période 1850-1854, période d'affirmation artistique. Courbet arrive à Paris en 1840 pour y poursuivre des études de droit, voulues par sa famille. [...]

[...] Narcissique, Courbet l'est et l'assume. Tous ses autoportraits sont animés d'une fièvre romantique. Courbet aime son image et aime qu'elle soit aimée. L'autoportrait est un genre à part entière, qui doit sa légitimité à Titien et son mythe à Rembrandt. L'autoportrait occupe une place fondatrice dans l'œuvre de Courbet. Ils sont autant d'affirmations esthétiques et morales qui voient Courbet revendiquer à la fois un certain héritage de la peinture ancienne, les Hollandais et les Vénitiens particulièrement, et s'approprier la dramatisation romantique. [...]

[...] L'homme et l'œuvre suscitent la polémique. Il rejette tout, le passé, l'éducation, l'académisme, la religion et les instances politiques. Les hommes de pouvoir se méfient de lui à cause de ses coups d'éclat. Charles Auguste Louis Joseph Demorny (1811-1865), dit "comte de Morny", demi-frère de Louis Napoléon Bonaparte, dit de Courbet : Tapageur mais pas à craindre En 1851, Courbet renie la filiation qui l'attachait jusque-là à Auguste Hesse. Dorénavant, Courbet se vante de ne pas avoir reçu de formation académique. [...]