Faléries, Buste de femme, Ariane de Faléries, IIIe siècle avant J.-C., Falerii Novi, terre cuite, Paris, Musée du Louvre
Longtemps demeuré dans l'oubli, ce buste féminin trouvé à Faléries, à une cinquantaine de kilomètres de Rome a été reconnu récemment comme un chef-d'œuvre de la sculpture étrusque en terre cuite. Dite aussi Ariane de Faléries, cette sculpture en terre cuite mesurant 61 cm de haut et datée du IIIe siècle av. J.-C. est actuellement exposée au Musée du Louvre à Paris sous le numéro d'inventaire S5916. Œuvre originale en terre cuite, elle s'inscrit au début de la période classique et le début de la romanisation de l'Étrurie. Cette pièce a été découverte à Falerii Novi, près de l'actuelle Civita Castellana lors des fouilles menées par le comte Lozano en 1829. L'histoire de sa découverte est notamment connue par les notes de Mariano Pasqualis pour l'administration pontificale et par le récit d'Eduard Gehrard dans le premier Bulletin de l'Institut de Correspondance archéologique posant ce buste comme « une œuvre remarquable retrouvée dans les ruines d'une petite construction circulaire proche du théâtre avec douze antéfixes ». Elle a été achetée cette même année par les représentants de l'administration pontificale et, malgré l'interdiction de sortie des antiquités, l'Ariane de Faléries entre dans la collection de Campana dans laquelle elle occupait une place centrale. Lors de la dispersion de sa collection en 1863, l'Ariane de Faleries et l'une des douze antéfixes retrouvées ont a été acquises par le Musée du Louvre.
[...] Elle est parée de bijoux dont un collier et un bracelet. Une couronne de pampres et de feuilles de vigne retient le voile qui couvre sa tête. Elle est vêtue de plusieurs vêtements, dont les différentes matières sont figurées par une différence de traitements : on constate en effet des plis fins pour l'étoffe légère et des plis plus amples pour le manteau. Voilée et couronnée des attributs de Dionysos, la jeune femme est très probablement Ariane. Ce buste appartenait probablement à un groupe cultuel représentant ses noces avec Dionysos. [...]
[...] En effet le geste de dévoilement (anacalypsis) est caractéristique de scènes d'hiérogamie, c'est- à-dire de mariage sacré. Or, d'après la mythologie grecque, Ariane, fille du roi Minos et de Pasiphaé, s'est éprise de Thésée qu'elle a aidé. Ce dernier l'a abandonné sur l'île de Naxos dans les Cyclades où Dionysos la découvre puis l'épouse. Ainsi, cette statue représenterait cet épisode mythologique. Ainsi, on suppose qu'il s'agissait d'un groupe votif où Ariane figurait au côté de son époux Dionysos. L'idée d'une représentation de mariage serait renforcée par la parure portée par Ariane, suggérant une cérémonie importante. [...]
[...] Cette interprétation est également confortée par le contexte historique du IVe et IIIe siècle : le culte dionysiaque s'est développé dans le monde grec, en Campanie et en Étrurie et notamment à Faléries. D'ailleurs, on retrouve de nombreuses représentations de ce thème sur des céramiques à figures rouge falisque (Fig. sur le fragment d'hydrie retrouvée à Chalcis (Fig. 19) sur le Sarcophage d'initiés de Tarquinia. Selon les textes latins, Faléries aurait contribué au développement des rites bachiques jusqu'à Rome, ce qui est à l'origine du décret du Sénat en 186 av. [...]
[...] La redécouverte de l'identité de l'Ariane de Faléries Le buste féminin a été relégué pendant longtemps dans les réserves du Musée du Louvre, jusqu'à perdre toute identification de la statue. En effet, si l'origine étrusque était assurée, en raison de l'absence de numéro d'inventaire, son attribution était difficile. Cette absence d'intérêt perdure depuis son entrée dans les collections du Louvre en 1861. Si lors de sa découverte, l'Ariane de Faléries a été célébrée comme « une œuvre remarquable » par Eduard Gehrard, elle a rapidement sombré dans l'oubli : les principales publications françaises sur les terres cuites ne la mentionnent pas. [...]
[...] Par la coiffure et la forme du visage, on peut rapprocher l'Ariane à un autre buste féminin contemporain dit aussi Déméter, retrouvé à Valle Ariccia (Fig.11). De même, par le traitement des drapés créant des effets de clair-obscur, on peut y voir une référence à des sculptures du IVe siècle, notamment sur les stèles funéraires attiques, comme celle de Bacô, Socratès et Aristonikè (Fig.12) et à la Grande Athéna du Pirée (Fig.13). En raison de l'attitude de dignité mélancolique et le geste du bras en direction du voile, on peut également rapprocher ce buste aux Pleureuses du Sarcophage de Sidon (Fig. [...]
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