histoire de l'art, Geste rituel, relief ancien, pierre sculptée, scénarisation mystique, rite, sacrifice d'un homme, monstre divinisé, haut-relief, iconographie, animalité, Eliade, manifestation du sacré
La photographie représente un relief visiblement ancien, sur pierre patinée. La pierre sculptée, lissée, alterne d'un blanc majoritaire à un fond ocré plus marqué aux parties supérieures du relief. Ce dernier est une mise en scène : incrustés, les détails de la manifestation d'un rite mettant, au premier plan, la consommation d'un être humain -visiblement sacrifié- par ce qui s'apparente à un monstre probablement divinisé occupent la majeure partie de l'espace dévolu à la représentation.
[...] Réalité qui fait l'objet d'une représentation tout empreinte de sacralité dont les traces remontent aux temps de l'Égypte des pharaons et des royaumes mésopotamiens, dans les ruines de la civilisation d'Harappa au II[e] millénaire avant J.-C. [...]
[...] Le premier plan est aussi le plus important : il est celui qui frappe le spectateur, frappe son imaginaire et son sens de la sacralité pour les contemporains de l'époque et de cette civilisation singulière. En occupant de même un tiers de l'espace, c'est la double dimension du monstre déifié qui est soulignée : sa puissance physique, manifestée par son gigantisme ; sa puissance symbolique, manifestée par sa démesure. Mais ce monstre en lui-même se réfère à un imaginaire tissé en toile de fond, dans lequel s'inscrit cette œuvre qui n'est jamais que comprise, par nous autres, que par différenciation, distanciation de la notion de sacré dont nous n'avons ni les codes, ni les référents culturels. [...]
[...] C'est ce qu'Eliade qualifie de hiérophanique, un objet quelconque [qui] en manifestant le sacré ( . ) devient autre chose, sans cesser d'être lui-même, car il continue de participer à son milieu cosmique environnant . C'est exactement ce que fait le gavial anthropologisé dans la présente scène : le gavial manifeste le sacré en devenant autre chose une divinité sans cesser pour autant d'être lui-même c'est-à-dire un gavial ; car c'est dans ce type d'animal que se reconnaît le sacré pour les peuples dits primitifs de l'Inde ancienne, à l'instar de l'Égypte antique. [...]
[...] Dès lors, dans quelle mesure la représentation de ce qui paraît être une geste rituelle parvient-elle à s'incarner par la technique du relief et l'orchestration de la scénarisation mystique ? Si cette question nécessite d'explorer, plus en avant, des hypothèses sérielles, la sélection la plus à même d'y répondre comprend au moins deux grandes structures à mettre en avant. La première est celle qui a trait avec les éléments purement pratiques de la technique du relief dans son dialogue avec la mise en scène visée Ce premier point doit conduire, par la suite, à une interprétation des symboles et des signes que peut recouvrer l'ensemble d'un imaginaire déployé comme toile de fond de l'action à laquelle le spectateur prend volontairement ou non part à travers son propre regard (II). [...]
[...] Dans quelle mesure la représentation de ce qui paraît être un geste rituel parvient-elle à s'incarner par la technique du relief et l'orchestration de la scénarisation mystique ? ( . ) On tient compte que, pour l'homme religieux, le Monde présente toujours une valeur surnaturelle, qu'il révèle une modalité du sacré , écrit l'historien des religions et mythologue Mircea Eliade en 1957. Les révélations de la sacralité cosmique sont en quelque sorte des révélations primordiales : elles ont eu lieu dans le plus lointain passé religieux de l'humanité, et les innovations apportées ultérieurement par l'Histoire n'ont pas réussi à les abolir . [...]
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