L'abbaye de Saint-Savin est pourvue de deux cryptes. La première est située sous la chapelle d'axe, elle est dédiée à saint Marin. La seconde, celle que l'on va étudier, est plus à l'ouest, sous le chœur, elle est dédiée à saint Savin et saint Cyprien. On ne sait pas s'il s'agit d'une ancienne crypte remaniée ou si elle a été réalisée en même temps que le reste de l'abbatiale (deuxième moitié du XIe siècle).
C'est une salle quadrangulaire, voutée en berceau, de 9m de long sur 5m de large. A l'est se greffe un sanctuaire plus étroit, fermé par un mur plat en biais. La crypte dite de saint Savin est donc alignée sur le chœur actuel, sauf en ce qui concerne le mur est. On accède à la crypte par deux escaliers plats placés sous la croisée. Le sanctuaire est percé par une baie et le mur ouest par quatre regards qui permettent de regarder à l'intérieur le tombeau et les images peintes à partir du déambulatoire ou de la croisée du transept.
La crypte conserve la quasi-totalité de ses peintures réalisées au XIe siècle. Les registres inférieurs sont dégradés, mais encore lisibles, comme le mur ouest. La voûte est consacrée à la vie de saint Savin et saint Cyprien. Elle se développe sur un double registre, de part et d'autre d'une bande faîtière. C'est un système de narration en frise continue.
[...] Les vies des saints du Poitou et des personnages d'une éminente piété qui sont nés ou qui ont vécu dans cette province, Éditions M Williamson, Nantes (réimpression de l'édition de 1856) p FAVREAU Robert (dir.), Saint-Savin : l'abbaye et ses peintures murales, Poitiers, Connaissance et Promotion du Patrimoine de Poitou-Charentes p. FAVREAU Robert (dir.), La vie de sainte Radegonde par Fortunat. Poitiers, Bibliothèque municipale, manuscrit 250 Paris p. GAIFFIER Baudouin de , Les sources de la passion des saints Savin et Cyprien Analecta Bollandiana : Revue critique d'hagiographie, t. LXXIII pp. 323-341. MICHEL Paul-Henri, La fresque romane, Ed. Pierre Tisné, Paris p. [...]
[...] Il semble pourtant que dans la représentation, Cyprien soit mis à l'écart, il ne fait rien. Ladicius et lui n'interagissent pas. C'est vraiment le dialogue entre Savin et Ladicius qui est représenté ici, d'ailleurs ce sont les seuls qui sont nommés. L'auteur anticipe l'action lorsqu'il dit les tourments n'eurent pas plus d'effet c'est la scène suivante. Le supplice des ongles de fer Les saints sont représentés nus, ils sont en train d'être torturés. Ils ont été condamnés par Ladicius au supplice des ongles de fer. [...]
[...] Comme je l'ai dit, Savin est reconnaissable à sa barbe. Il fait un geste de bénédiction de la main droite et tend la gauche à un groupe d'hommes. Ils sont plus petits que les saints, ce qui montre la supériorité spirituelle des saints. Ils s'agitent, font des gestes désorganisés. Le caractère compact de ce groupe symbolise le nombre, la foule venue écouter Savin prêcher. Ils ferment la scène. Prosper Mérimée nous dit En l'an 458 de l'incarnation de N.S., Maximus et Ladicius étant consuls à Amphipolis, ville d'Italie, un redoublement de ferveur se manifesta parmi les gentils, par des sacrifices continuels à Dyonisius, leur principale idole. [...]
[...] Le peintre a figuré le mouvement par le vêtement, mais aussi et surtout par les gestes des personnages. Le style du peintre de la crypte est perceptible dans plusieurs épisodes de l'histoire de Noé (ivresse par exemple), de la construction de la tour de Babel et d'Abraham. On retrouve alors cette même profusion architecturale ainsi que les mêmes caractéristiques pour les personnages : ils sont trapus, avec des visages oblongs, vêtus de bliauds courts de couleur vive, avec des plis en le ventre rebondi et cette attitude sautillante que l'on retrouve partout dans la crypte. [...]
[...] Prosper Mérimée nous dit Un des principaux de la ville, nommé Gélasius, peu touché de ce miracle, fit conduire les saints dans la prison. Quelques jours après arriva Maximus. [La suite du récit est sur le mur sud, c'est aurianne qui vous en parlera.] La tradition textuelle L'invention de la vita Au Moyen Age, l'on invente de nombreuses vies de saints, c'est le cas ici. C'est au plus tard au IXe siècle qu'est composée la Passion des saints Savin et Cyprien. Ce type de passion est créé de toutes pièces, la tradition textuelle est donc extrêmement complexe. [...]
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