Le Triomphe d'Alexandre le Grand figure royale art monarchique
Conçu entre 1661 et 1665, Le Triomphe d'Alexandre fait partie du cycle évoquant l'histoire d'Alexandre le Grand commandé à Le Brun à la suite du succès obtenu par les Reines de Perse aux pieds d'Alexandre. Le Triomphe d'Alexandre s'inscrit dans la maturité de l'oeuvre de Charles Le Brun. Ce cycle, composé entre 1661 et 1672, comporte quatre autres toiles l'Entrée d'Alexandre dans Babylone, Le Passage du Granique, La Bataille d'Arbèles et Alexandre et Porus. Les Reines de Perse aux pieds d'Alexandre font de Le Brun le digne successeur de Poussin en France.
[...] Vers les années 1660, Louis XIV devient roi de son propre chef sans Principal Ministre. Les épisodes de l'épopée d'Alexandre le Grand fournissent de toute évidence un parallèle avec le propre règne de Louis XIV. En 1661, Louis XIV qui a vingt-trois ans veut se reconnaître dans le héros macédonien. La geste d'Alexandre le Grand permet d'exalter la gloire du jeune Louis XIV sous la figure du roi antique. Ce cycle prend également un tour philosophique. Des devises sont associées dès l'origine aux toiles de ce cycle : la devise la vertu surmonte tout obstacle est associée au Passage du Granique ; Il est d'un roy de se vaincre soy mesme associée aux Reines de Perse aux pieds d'Alexandre ; la vertu plaist quoy que vaincue à Alexandre et Porus ; La vertu est digne de l'empire du monde à La Bataille d'Arbèles ; Ainsy par la vertu s'élèvent les héros est associée au Triomphe d'Alexandre. [...]
[...] la légende s'empare du personnage historique qu'a été Alexandre le Grand. On attribue ses prouesses à des forces surnaturelles. Alexandre le Grand est un héros historique qui traverse les siècles, bien que l'interprétation de son épopée revêt des aspects différents selon l'époque. En 1639, l'Histoire d'Alexandre de Quinte-Curce est traduit en France. Un portrait d'Alexandre le Grand de Jean de la Serre paraît en 1642, la Guerre d'Alexandre de Nicolas Perrot d'Ablancourt en 1646 et la même année Alexandre et César de Charles de Saint-Évremond. [...]
[...] En 1665, Racine fait jouer Alexandre le Grand. En peignant les Reines de Perse aux pieds d'Alexandre, juste après la disgrâce de Fouquet, Le Brun fait de Louis XIV un nouvel Alexandre mais un Alexandre vertueux et sensible à la pitié car le roi n'a pas encore fait ses preuves à la guerre. Dès les origines, Le Brun a pour ce cycle de l'histoire d'Alexandre le projet d'en faire des tapisseries. On note que les tissages d'Alexandre ont commencé aux Gobelins bien avant l'achèvement des quatre tableaux suivants. [...]
[...] Il est possible que Le Brun se soit inspiré des Triomphes de César peint entre 1486 et 1501 par Andrea Mantegna (v.1431-1506) sachant que cet artiste avait inspiré son maître à Rome, Poussin. Les Triomphes de César constituent également un cycle, à la gloire d'un personnage historique. La composition de Jules César sur son char triomphal (neuvième panneau) est en frise, le char d'Alexandre a une nette ressemblance avec celui de César. Dans ce cycle Mantegna multiplie les figures, les animaux et les objets. [...]
[...] En 1642, Charles Le Brun (1619-1690) part se former à Rome et y subit l'influence de Poussin. En 1648, il est le membre fondateur de l'Académie royale de peinture et de sculpture. A la demande de Colbert, il contribue à codifier les règles de l'art qui s'adressent, selon lui, d'abord à l'intelligence avant d'être une délectation pour l'œil. Entre 1658 et 1661, il décore le château Vaux-le-Vicomte. Le Brun est remarqué par Pierre Séguier (1588-1672), chancelier de France, et par Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des finances de Louis XIV. [...]
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