Afin d'étudier ces deux œuvres, il semble important de resituer le contexte historique de la Cène. La Cène dans son origine biblique est le dernier repas de Jésus de Nazareth en compagnie de ses douze apôtres lors du jeudi saint, la veille de sa crucifixion (la Passion). De très nombreux artistes chrétiens ou non ont représenté cette scène emblématique de l'histoire biblique, dont le plus célèbre tableau, mais non moins énigmatique, La Cène, de l'"homme d'esprit universel", Léonard de Vinci (1452-1519).
Dans l'art florentin, la Cène inspira de nombreux artistes en constituant un thème majeur de l'art iconographique au cours de la Renaissance Italienne, dont l'une des premières représentations fut peinte en 1476 par Domenico Ghirlandaio (1449-1494).
[...] Afin d'éviter un développement trop long sur chacun des apôtres, ils semblent tous êtres chez De Vinci au diapason de l'effroi et de l'incompréhension, tandis que chez Ghirlandaio ils apparaissent en proie à l'innocence et au trouble. Espace architectural La Cène de De Vinci fut peinte sur la muraille d'un réfectoire, au couvent dominicain de Santa Maria Delle Grazie, à Milan entre 1494 et 1497. La salle en elle-même à ce jour toujours- composée d'une table de prieur, au fond de la salle et de chaque cotés étaient disposés des tables de moines, rehaussées d'une marche. [...]
[...] Jésus penchant la tête et baissant les yeux dont toute son attitude, le mouvement des bras et des mains exprime un profond sentiment de fatalité, contrairement à Girlandaio qui lui donne un comportement serein et inexpressif dans ce même contexte, le visage auréolé d'une aura dorée, levant l'index vers Judas. Les apôtres quant à eux expriment chacun une réaction différente. Chez De Vinci, Jean est peint avec un beau visage ovale, a la chevelure longue et lisse courant sur son dos et formant un V parfait avec l'inclinent de Jésus. Il semble éprouver un sentiment profond et mélancolique envers Pierre, lui appuyant l'épaule au dessus de Judas. Il existe depuis des siècles une controverse selon l'identité de ce personnage tel qu'étant Marie-Madelaine, cependant, il ne s'agit pas du sujet. [...]
[...] Dans le cas de Girlandaio, il en va de la même ligne, à l'instar de De Vinci, l'artiste suit le même procédé de demi-figures au détail près que les pieds sont ici visibles. La disposition des apôtres est nettement différente, nous avions vu précédemment chez de Vinci une répartition par trois des personnages, il s'agit dans ce cas-ci d'une répartition plutôt irrégulière mais tendant tout de même vers une disposition globale par deux à l'exception de l'entourage du Christ, auréolé. [...]
[...] Pierre lui, est représenté chez les deux Artistes comme un vieil homme à la courte barbe blanche selon la tradition picturale chrétienne ; sage et réfléchi chez Ghirlandaio, et angoissé, presque précipité chez De Vinci, pressant l'épaule de Jean. Judas est dépeint chez De Vinci de façon particulièrement emblématique, il apparaît effrayé, observant avec angoisse derrière lui et enserrant dans sa main droite une bourse, contenant sans le moindre doute le fruit de sa trahison. Dans le cas de Ghirlandaio, Judas est de dos, hors des autres convives et dont le drapé coupe nettement avec la blancheur de la table (symbolique de la pureté coupée) avec une attitude fière, hautaine, à la limite de l'arrogance. [...]
[...] On observe également chez Ghirlandaio la présence d'oiseaux, sans doute des hirondelles au nombre de douze, plus un treizième, de nature inconnue perché à la fenêtre supérieure gauche. Leur présence dans un sens large peut être interprétés de plusieurs façons mais dans une situation comme celle-ci peut offrir un mauvais présage, aussi, on remarque qu'ils semblent voler très bas et piquer vers cette même direction, ce qui renforce cette idée de prémonition. Au niveau du choix chromatique du ciel dans l'Ultima Céna, il est terne, sans réelle nuance et monotone. [...]
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