histoire de l'art, L'annonciation à Marie, Botticelli, Cestello, Madone, Première Renaissance, commentaire
"L'annonciation à Marie" a été réalisée en 1489-1490 par Botticelli.
L'oeuvre a été commandée au peintre par Benedetto Guardi, un important fonctionnaire financier de la famille Guardi del Cane. À l'époque, différentes familles avaient la charge de reconstruire les chapelles. La famille Guardi del Cane s'assura de la rénovation de celle des moines du Cestello dont l'oeuvre est aussi connue par ce nom ("L'annonciation du Cestello"). Le commanditaire étant un homme nouveau dans le milieu florentin (ce fut l'un des seuls mécènes de Botticelli à ne pas appartenir à une famille florentine) et son niveau social étant moins élevé que celui des autres commanditaires du peintre, le retable destiné à la chapelle familiale devait outre la sauvegarde de son âme, servir aussi sa respectabilité. L'oeuvre resta dans la chapelle jusqu'en 1778 date à laquelle elle fut transférée à la ferme de San Martino à Fiesole. Elle y fut longtemps oubliée, avant d'être identifiée puis confiée au musée des Offices à Florence où elle est encore actuellement.
Il s'agit donc d'une oeuvre religieuse représentant l'annonce de l'Incarnation du Sauveur -mystère majeur du christianisme-, par l'archange Gabriel à Marie.
Au cours des années 1480, Botticelli réalisait essentiellement des oeuvres profanes, mais sa reconnaissance étant totale, il recevait de nombreuses commandes de tableaux religieux de la part de toutes les grandes familles de Toscane, avec comme sujet principal la Vierge, thème qui était alors très demandé à l'époque.
Nous sommes pendant la période dite "quattrocento", qui correspond à notre XVe siècle. Elle donne naissance à la période nommée Première Renaissance. L'Italie connaît des bouleversements politiques dont les conséquences s'opèrent sur les arts : les artistes oublient la vision médiévale pour se pencher sur la redécouverte de l'antiquité.
[...] La Madone, debout, en train de lire se tourne vers l'ange dans une étrange pose spiralée de sorte que son corps décrit la forme d'un S. Elle écarte de son corps grand et svelte ses mains un peu repliées. Ce mouvement souligne le mouvement du manteau bleu au bord doré et les plis de la robe rouge. En bas, les deux se mêlent en un motif ondoyant. Elle s'incline vers l'ange les yeux fermés, ses mains s'avançant vers celle de l'ange. La technique employée est l'huile sur toile. [...]
[...] L'archange Gabriel agenouillé apparaît sur la gauche, à l'embrasure de la porte. Il a les cheveux châtain et porte une robe cramoisie à bords dorés, ceinturée d'un cordon doré qui retient sa cape de gaze transparente sur le devant, où elle se teinte de rouge au contact de la robe avant de traîner par terre. Dans son dos la cape flotte devant ses ailes bleues et blanches. Elle décrit des courbes amples, puis des replis et enfin des lignes sinueuses. [...]
[...] Par leur attitude comme par leur expression, les deux personnages expriment fortement les paroles de l'ange : N'aie pas peur Marie car tu as la faveur de dieu l'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre à laquelle Marie répond : suis la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi comme tu l'as dit Ce dialogue (Luc, 35-38) constitue de tout évidence le thème indiqué par le titre de l'œuvre. La communication du message et sa réception sont exprimés ici d'une manière fascinante. [...]
[...] La main droite de Marie rencontre la diagonale de la posture de l'ange et du bras, tandis que celui-ci souligne la pose debout de Marie. Les lignes verticales quand à elle marquent la très nette séparation entre la main de l'ange et celle de Marie. Les drapés sont aussi très importants dans la diagonale car leurs courbes vont en augmentant. Les diagonales organisent donc le tableau et on peut en déceler un triangle. La lumière vient de coin gauche de la scène et la met en valeur. Nous la voyons arriver très vive sur la cuisse de l'archange dont l'ombre s'étire sur le sol. [...]
[...] Comme nous l'avons déjà dit précédemment, le XVème siècle voit naître la Première Renaissance Ce mouvement va chercher à s'affranchir des valeurs du Moyen Age où dominait la pensée religieuse. Les peintures ne sont plus essentiellement commandées par le clergé, les princes et les riches familles vont commencer à s'intéresser à l'art (les portraits seront par exemple un moyen pour eux d'affirmer leur position sociale). Ainsi, la famille de Médicis fera partie des mécènes de Botticelli. Dans ce climat, les papes vont ordonner l'embellissement des chapelles, dont le financement sera à la charge des familles aisées, comme la famille Guardi finança donc la rénovation de la chapelle du Cestello. [...]
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