Quel lien unit Kenneth Branagh à William Shakespeare ? Une même passion pour le théâtre. Mais le premier est un acteur-réalisateur du XXIème siècle, le second dramaturge anglais du XVIème siècle. L'ensemble de l'oeuvre shakespearienne a donné lieu à de grands moments cinématographiques. Certains films ont marqué l'histoire du cinéma et sont devenus des classiques, tels Hamlet de Laurence Olivier (1948), Othello d'Orson Welles (1942-1949), Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli (1967). Shakespeare continue de fasciner les réalisateurs contemporains tels Franco Zeffirelli (Othello en 1986, Hamlet en 1991), Peter Greenaway (Prospero's Books en 1991), Olivier Parker (Othello en 1995) sans oublier Kenneth Branagh sur qui porte cette étude. D'autres réalisateurs s'inspirent plus librement des pièces du dramaturge : Le château de l'araignée de Akira Kurosawa (1957), qui replace Macbeth dans le japon médiéval, West Side Story de Robert Wise (1961), qui transpose Roméo et Juliette en Tony et Maria, sur la musique de Leonard Bernstein. Dans Au beau milieu de l'hiver, en 1995, Kenneth Branagh prépare son Hamlet en nous montrant une troupe répétant la pièce. Looking for Richard d'Al Pacino (1996) se présente comme une enquête sur Richard III, etc. De plus, n'oublions pas de citer la série complète réalisée pour la télévision par la BBC avec la collaboration de la Royal Shakespeare Company.
L'étude qui suit portera sur trois films de Kenneth Branagh, adaptés de trois pièces de William Shakespeare.
Comme il vous plaira (2006).
Peines d'amour perdues (2000).
Beaucoup de bruit pour rien (1993).
Pourquoi ces choix? Tout d'abord, Kenneth Branagh a su s'affirmer en tant que réalisateur par la diversité de ses oeuvres. A travers ses films, le cinéaste a su trouver son style, sa mise en scène et créer un univers qui lui est propre. En résulte une cohésion stylistique dans l'ensemble de son oeuvre. Rares sont ses films qui ne sont pas adaptés de Shakespeare ou liés à la sensibilité du Barde. Il semblait excessif d'aborder en profondeur toutes ses adaptations :
Henry V (1989)
Beaucoup de bruit pour rien (1993)
Hamlet (1996)
Peines d'amour perdues (2001)
Comme il vous plaira (2006)
Bien évidemment se restreindre à l'analyse d'une seule oeuvre aurait été incomplet. Un film se détachait du corpus : Beaucoup de bruit pour rien. Pour bien saisir l'essence du style de Branagh dans ce film, il fallait obligatoirement des éléments de comparaison. D'où le choix de faire appel à deux autres de ses adaptations : Comme il vous plaira et Peines d'amour perdues qui complètent l'étude.
Le spectateur ayant des connaissances de l'univers shakespearien, ne peut être que surpris par l'adaptation singulière qu'en fait Kenneth Branagh. Comédie musicale, western, film de samouraï...un ensemble déroutant pour le spectateur. C'est là la force de Kenneth Branagh. Le cinéaste laisse libre cours à son imagination et adapte selon ses influences, les pièces du dramaturge élisabéthain.
[...] Barber, notamment, parle de As You Like It en ces termes : [ . ] reality we feel about the experience of love in the play, reality which is not in the pleasant little prose romance, comes from presenting what was sentimental extremity as impulsive extravagance and so leaving judgement free to mock what the heart embraces”. Cette lecture de la pièce pourrait être une lecture de Rosalinde, son personnage principal. Car la complexité de cette figure n'est que le reflet de la pièce. [...]
[...] Au final, Don John deceives et Claudio est inconstant dans ses sentiments, vérifiant ainsi la vérité de la métaphore one foot on sea and one on shore La rencontre de Béatrice et Bénédict est la transition entre la pathétique séquence de deuil et l'euphorie que provoque la réhabilitation de Héro. Le cinéaste a ainsi créé une unité tonale ignorée par le dramaturge. Celui-ci faisait se succéder moments pathétiques et moments comiques : pathétique lecture de l'épitaphe avant l'euphorie finale. Cette alternance définit ce mélange des genres reconnu comme l'essence du drame shakespearien. Le matériau cinématographique permet au film d'exprimer par ses propres moyens des sens qui, sans être étrangers à ceux que met en scène l'œuvre dramatique, ne sont pas non plus équivalents. [...]
[...] Boudé par les critiques et le public américain (préférant Interview with a vampire, avec Tom Cruise et Brad Pitt, sorti en même temps), le film est finalement rentabilisé en étant distribué dans le monde entier. Pour s'éloigner des studios hollywoodiens, Kenneth Branagh finance son film suivant, une comédie en noir et blanc: In the Bleak Midwinter. Pour la première fois, il ne joue pas dans l'un de ses films, mais interprète Iago dans l'adaptation cinématographique d'Oliver Parker d'Othello peu de temps après. En 1996, il réussit à accomplir son rêve de filmer Hamlet pour le grand écran. [...]
[...] A quoi Léonato répond: Non, pas avant que vous ayez pris sa main devant ce moine, et juré de l'épouser Claudio s'en remet alors entièrement à Léonato: Donnez-moi votre main devant ce saint moine. Je suis votre mari si vous voulez de moi Il accepte ainsi de ne pas donner d'importance au jugement qu'il pourrait porter sur l'apparence de la promise, et se fie à autrui. Dans cette production, il a choisi des acteurs Shakespeariens expérimentés tels que Emma Thompson et lui-même. [...]
[...] Rosalinde, au début de la pièce, est contrainte à fuir par l'ordre de son oncle tyrannique. Une fois en dehors du Royaume qui lui est désormais interdit, son but, le motif de sa présence dans la forêt d'Arden est de retrouver son père, lui aussi banni par le tyran. L'histoire, jusque-là, suit de manière évidente une logique, un chemin que l'on ne s'attend à quitter de façon si abrupte. Voulait-il montrer l'effet libérateur de la forêt pris comme un univers idyllique, l'effet de la nature qui reprend ses droits en transformant les rapports entre les individus? [...]
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