Question du genre, cinéma, oeuvres cinématographique, Inception, Christopher Nolan, Paprika, Satoshi Kon
Depuis une vingtaine d'années, le cinéma subit une mutation. Certains diront qu'elle est profonde, d'autres qu'elle n'est que l'évolution d'un art lié à un appareil technique. En effet, entre le milieu des années 90 qui voit s'accroître l'utilisation des effets spéciaux numériques, et le début de la deuxième décennie du vingt-et-unième siècle, qui a vu les salles de cinéma s'équiper de projecteurs numériques, le cinéma a accompli une mue qui affecte chacun des maillons de sa production. L'appareil cinématographique a abandonné sa première peau, celle de sa naissance, la pellicule, pour se parer d'une nouvelle, évanescente et immatérielle, que les ordinateurs ont à charge de transformer en images.
Le cinématographe, par la technicité de son (ou ses) appareil(s), évolue naturellement avec la technologie. La technologie évoluant elle-même en permanence, il semble en effet logique, plutôt que normal, que le cinéma passe de l'analogique au numérique. Le cinéma étant, de plus, un art lié à l'économie, parce qu'il coûte de l'argent certes, mais qu'il en rapporte surtout, tend vers une production moins onéreuse. Le numérique a donc remplacé la pellicule, surtout pour réduire les frais de laboratoire, des nombreux tirages, etc. Pour autant, le spectacle cinématographique qui fait se déplacer en masse les spectateurs dans les salles depuis plus d'un siècle a-t-il été profondément bouleversé par cette mutation ?
[...] Nous essaierons d'observer à partir d'Inception comment Christopher Nolan structure sa représentation de l'inconscient. Il semblerait, surtout, que l'environnement onirique dans lequel évoluent les personnages soit, précisément, labyrinthique. Sortir du labyrinthe, pour les personnages d'Inception et Paprika ne veut pas seulement dire se reconnecter à la réalité comme le suggère un premier niveau de lecture. Le voyage mental qu'ils effectuent à travers les rêves ressemble à une cure psychologique. Cobb, le héros d'Inception, incarné par Leonardo DiCaprio, est hanté par sa femme Mal, qui s'est suicidée dans la réalité. [...]
[...] Comme le psychanalyste le signale dans son œuvre majeure sur le rêve, Toutes les tentatives faites jusqu'à présent pour élucider les problèmes du rêve s'attachaient à son contenu manifeste. Lors même qu'elles renonçaient à l'interprétation, elles se fondaient encore sur ce contenu manifeste. Nous sommes seuls à avoir tenu compte de quelque chose d'autre : pour nous, entre le contenu du rêve et les résultats auxquels parvient notre étude, il faut insérer un nouveau matériel psychique, le contenu latent ou les pensées du rêve, que met en évidence notre procédé d'analyse. [...]
[...] Nous avons également mis en avant le travail du cerveau comme organisateur d'images (qui se désorganise en rêve pour les neurosciences et qui s'organise symboliquement selon la psychanalyse). Il semblerait que le procédé du film dans le film fonctionne selon cette ambivalence chez Kon et Nolan. D'un côté selon le principe d'un inconscient déstructuré à l'intérieur duquel les images de différents films se croisent, mais ne font pas sens. Mais également comme à l'intérieur d'un inconscient freudien, en s'associant sur un plan symbolique. [...]
[...] Elle se retrouve coincée dans une pièce close, dans laquelle des tableaux représentant Œdipe et le Sphinx sont accrochés. Face à elle, une réplique d'Œdipe et le Sphinx de Gustave Moreau (1864). Elle se jette alors dans la peinture et prend l'apparence du Sphinx. Ossanaï, quant à lui, a remplacé Œdipe. Les deux personnages évoluent désormais dans un univers pictural de style Symboliste. Paprika demande à Ossanaï : brillant chercheur le jour, fidèle serviteur du président la nuit, qui suis-je ? [...]
[...] En ce sens le film, d'un point de vue fonctionnel est bien plus un thriller qu'un film de SF. La mention psychologique semble superflue, car comme le rappelle Martin Rubin the viewer is pulled in opposite directions. Between anxiety and pleasure, masochism and sadism, identification and detachment and this tension is a great part of what gives thrillers their kick[91] Cette tension n'est-elle pas accentuée lorsqu'il s'agit de représenter le rêve ? Espace mystérieux à l'intérieur duquel l'on se projette, comme le spectateur dans l'écran de cinéma, et qui nous propose une énigme qu'il s'agira d'essayer de résoudre ou non au réveil. [...]
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