Denis Villeneuve, fatalité, destin mortel, École Polytechnique., Marc Lépine, transmission d'énergie, sentiment de pitié, chaos spatial, Guernica, montage visuel, montage sonore, symbolique du vide, symbolique du manque, mort métaphorisée, EMI Expérience de Mort Imminente, nature morte, Paysage d'hiveravec église, Caspar David Friedrich, dispositif narratif, ambivalence, espoir mélancolique divin
Une tuerie sans précédent au Canada. C'est un acte misogyne, dirigé vers les femmes. Un acte de haine qui restera dans les mémoires canadiennes. Le réalisateur Denis Villeneuve s'intéresse à cet événement tragique, 30 ans plus tard, dans son film Polytechnique. C'est un film hommage aux victimes, pour la mémoire, pour ne pas oublier. L'intention est objective, sans volonté de choquer. Le spectateur est amené à ressentir l'horreur de l'acte par les faits plutôt que par les effets. En réalisant ce film en 2009, Villeneuve se doit de prendre du recul sur les faits, les analyser. Le réalisateur nous parle de la mort, de la vie, mais surtout du passage de la vie à la mort, de sa mélancolie, de son côté tragique, irréversible et froid. En ressort de ce film un sentiment de fatalité. Tout amène les personnages à une mort certaine que nous connaissons d'avance. Mais il y a cette sensation d'espoir au bout du tunnel, cette lumière grise qui vient redonner couleur au futur, la vie n'est pas finie, il faut se battre pour continuer. Villeneuve donne les clés de ce renouveau d'espoir qui émane de cette fatalité sombre et funéraire. Il y a finalement accès à quelque chose d'assez divin, d'angélique.
Comment Villeneuve arrive-t-il à nous montrer une fatalité, un destin mortel tout en laissant une ambivalence avec un sentiment d'espoir, d'élévation ?
[...] Cette métaphore est assez explicite, mais elle mérite néanmoins d'y prêter attention. Il allume et éteint un briquet continuellement, comme si il essayait de raviver une « flamme » intérieure, mais qu'il n'y arrivait pas. Le feu de ce briquet est une personnification de son plus profond intérieur à ce moment précis. La flamme est là pour le réchauffer, le rassurer, le faire sortir de ce malheur, de ses remords. Mais à la fin, le briquet s'éteint et la flamme demeure éteinte, son visage aussi. [...]
[...] Son suicide est à la fois un acte de repentance et un acte de soulagement. Chez sa mère, dans son esprit, il est déjà dans un certain au-delà. Seuls les plans dans l'École pendant la tuerie ne sont pas apaisants. Ils sont là pour montrer la violence du massacre de manière directe. Ce sont les autres moments qui nous paraissent plus calmes et apaisés, notamment par effet de comparaison avec ces scènes beaucoup plus violentes de sang et d'horreur. Mais c'est également dans l'esprit du spectateur. [...]
[...] Dans ce tableau nous retrouvons la froideur de l'environnement avec cette neige non hospitalière. Néanmoins, les sapins en premier plan sont verdoyants et tournés vers un ciel qui dévoile un éclaircissement ; il y a un espoir ici, un espoir de vie. D'un point de vue religieux, la couleur verte est symbole d'espoir, de bien-être, tandis que le blanc est froid et symbole de mort. — Nous verrons plus tard que cette lueur d'espoir n'est pas à exclure forcément du film de Villeneuve —. [...]
[...] De plus, nous voyons ce lac gelé morcelé en plusieurs plaques de glaces qui représentent l'état de son esprit. La caméra est à l'envers mais filme ce qu'il y a derrière. Il quitte donc, par son suicide, ce monde chaotique où même son propre esprit est dans un désordre total, pour aller retrouver un autre monde parallèle où règne le néant, la sérénité et l'oubli, sûrement. La deuxième fois, c'est le tout dernier plan du film, lorsque la caméra vole dans le couloir. [...]
[...] Une grande partie des métaphores sur la mort que nous avons déjà analysées peuvent finalement être étudiées d'un différent point de vue. Ces métaphores ne reflètent pas forcément qu'une fatalité et un destin macabre mais peuvent aussi opérer une certaine ambivalence. Quand nous évoquions la neige auparavant, nous avions cette idée, reprise notamment à la peinture protestante romantique du XIXè siècle, d'un environnement froid et inhospitalier. Mais cette blancheur immaculée, retrouvée à beaucoup de moments dans le film, pourrait finalement venir diviniser un ciel noir sans espoir. [...]
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