L'axe que nous avons choisi vise à montrer que Le Parrain est une œuvre hybride qui combine des éléments propres à une superproduction comme des éléments que l'on pourrait retrouver dans des films 'd'auteur'. Nous verrons dans un premier temps l'analyse générale du contexte de production, en prenant en compte les dimensions techniques, économiques, sociales et idéologiques qui ont nécessairement influencé l'esthétique du film. Nous mettrons ensuite en relation et en pratique ce contexte de production en décryptant la scène du 'double baptême', qui sert d'intronisation pour Michael Corleone
[...] L'Eglise est aussi un havre de paix, un refuge face à la violence du monde extérieur. La religion serait en ce sens l'instance régulatrice de la société La famille comme instance régulatrice La femme oubliée L'autre élément régulateur de la société semble être ici la famille. Rappelons que le choix de Coppola a été fait car on pensait que ses origines italiennes permettraient d'éviter les stéréotypes qui entourent la représentation de la communauté italienne au cinéma. Dans cette séquence du baptême, la façon de filmer la famille de Coppola laisse transparaître ses conceptions. [...]
[...] Le Parrain en est l'une des premières manifestations. Elle rend compte d'abord du traitement du film de genre sous l'angle de la superproduction avec son lot de figures imposées, de violence et d'émotion que nous allons analyser dans un premier temps. Ensuite, il s'agira de montrer que dans cette scène, par le choix du montage parralèle, Coppola a voulu superposer les deux univers diamétralement opposés de la Mafia et d'une cérémonie religieuse, ce qui lui permet d'exposer une réflexion sur le rôle de la religion et de la famille comme instances régulatrices d'une société américaine minée par la violence et l'échec du melting-pot tel qu'on peut le ressentir dans les années 70. [...]
[...] On s'interroge sur la rentabilité du film : y-aura-t-il un public intéressé par les affaires internes du syndicat du crime ? Au delà de la précarité de sa situation, il faut également avoir en tête l'idée de gros coup propre à Paramount. Comme l'affirment ses dirigeants : Nous voulons faire un gros film par an. Les autres films sont prévus pour minimiser les risques et si possible, rapporter de l'argent eux aussi Néanmoins, la doctrine de gros coup ne signifie pas dépenser des sommes folles : on veut un grand film ne dépassant pas les 6 millions de dollars, avec un bon sujet, qui mêle émotion, danger, amour, action. [...]
[...] Hiérarchisation de la famille La relation hierarchisée au sein de la famille est parfaitement résumée à la sortie du baptême, quand Michael explique à Carlo pourquoi ils ne peuvent pas partir immédiatement. La caméra réunit dans un plan rapproché fixe Michael, sa femme et Carlo. Michael est en position surélevée par rapport à Carlo et donc en position de supériorité. C'est lui qui donne l'ordre de rester à New-York, que Carlo est obligé d'accepter, d'autant qu'il n'est que beau-frère. On peut noter que Michael fait tout pour éviter de regarder Carlo en face. [...]
[...] En 1966, Paramount est rachetée par Gulf+Western Company, une entreprise d'origine extra-cinématographique, qui détient des parts dans l'automobile, diverses industries, des journaux. Cela impose une restructuration de la société : une équipe assez jeune de managers est mise en place, avec les personnalités de Stanley Jaffe, Franck Yablans et surtout Robert Evans, à l'origine du projet du Parrain. Ce rachat réduit presque Paramount à une enseigne de distribution., et la contraint également à l'efficacité économique, au profit, à la rentabilité, ce qui explique que les films produits ne soient pas particulièrement novateurs, ou que Paramount enserre dans un carcan de contraintes les films qui le sont un peu. [...]
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