En prélude à toute analyse, il convient de préciser que différentes versions du film ont vu le jour. Après la version originale dont il est question dans l'article, un remontage a été effectué en vue d'une projection allemande, puis une version écourtée a été réalisée pour l'exploitation américaine. C'est à partir de ce montage que les versions actuelles ont été établies. Celle dont nous disposons a été produite par la cinémathèque de Munich en 94. Ceci souligne le caractère éminemment relatif de l'analyse qui va suivre ; ainsi, la version établie pour le public américain a délibérément occulté ce à quoi la scénariste tenait le plus : les mères de la ville-mère, le personnage de Hell, mais aussi la mère de Joh Fredersen
[...] Les meules du Seigneur broient avec lenteur, mais elles réduisent en infime poussière aurait dit Shakespeare . et misère de l'homme Parallèlement au mystère et à la force du destin, Fritz Lang présente une vision pessimiste de l'homme: celui-ci apparaît systématiquement d'une grande faiblesse. L'homme faible, c'est d'abord le domestique qui, par sa condition, évoque la servilité ; c'est aussi l'homme malade (Freder), qui ne peut que constater l'horreur de la tragédie contre laquelle il est physiquement impuissant ; l'homme faible, c'est encore Joh Fredersen, le maître de Métropolis rongé par la peur et l'indécision ; c'est enfin le public, terrassé par ses pulsions animales. [...]
[...] Néanmoins, le rapport de la ville de Metropolis à la temporalité demeure complexe et requiert quelques approfondissements. En 1912, Egon Friedell décrit Berlin comme un hall des machines d'une admirable modernité, un gigantesque moteur électrique qui accomplit une foule de travaux mécaniques complexes avec une précision, une vitesse et une énergie incroyables. C'est vrai : cette machine n'a pas encore d'âme. La vie de Berlin est celle d'un théâtre cinématographique, la vie d'un homme machine construit avec virtuosité. Ce portrait de la capitale allemande treize ans avant le tournage rappelle étrangement la ville telle qu'elle est représentée dans le film. [...]
[...] On retrouve ici la stratégie coutumière qui consiste à construire un mythe autour du processus de production. En Novembre 1926, la censure accorde à Metropolis les mentions artistique et contribue à l'éducation du peuple Le film sera présenté au UFA-Palast am Zoo à Berlin que Joseph Roth, dans un article à la Frankfurter Zeitung décrit comme un espace creux mis en scène avec emphase. On retrouve déjà la grandiloquence et la surenchère un peu vide qui caractérise la UFA mais une analyse plus précise de son sentiment vis à vis de cette salle illustre la traduction des tendances de la UFA à travers les salles dans lesquelles sont projetés ses films. [...]
[...] Il est d'ailleurs si démesurée qu'à l'issue de sa sortie, le chef de production Alexander Grau est chargé d'engager une discussion avec monsieur Lang sur la production de son prochain film [ [Tous les détails du processus de fabrication] seront portés au dossier afin que puisse s'exercer un contrôle permanent sur la production de monsieur Lang, et notamment que le devis initial ne soit pas dépassé. Scénario et adaptation Le scénario de Metropolis, signé par Thea von Harbou, est en fait l'adaptation d'un roman écrit par cette dernière en vue d'une adaptation cinématographique. Ils en réaliseront ensemble l'adaptation cinématographique. Le roman a paru en volume avant la première du film et, presque simultanément, en feuilleton dans le Illustrierte Blatt. Le statut même de ce roman est significatif. [...]
[...] Bien sûr, on peut se demander si cette convergence n'est pas le fruit d'un conditionnement opéré par la UFA suite à une collaboration prolongée, comme cela a pu être le cas pour les metteurs en scènes et techniciens du cinéma de la qualité française ( CQF ) qui ont peu à peu intériorisé la norme. Il n'en est pas moins impressionné par les capacités techniques des studios Hollywoodiens. Erich Pommer, directeur de la maison de production Decla-Bioscop que la UFA rachète, devient alors chef de production. Beaucoup lui ont prêté le mérite de vouloir ménager à la fois l'art et les perspectives commerciales. C'est lui qui a su attirer, enthousiasmer et retenir le jeune réalisateur Fritz Lang (1890 1976) qui commence sa carrière en 1919. [...]
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