« Nothing is true. Everything is permitted. »
Cette phrase culte de la Beat Generation, issue du roman de William Burroughs, « Minutes to Go » (1960), est l'expression même d'un rassemblement d'artistes ayant refusé le contrôle social. Si par nos actes, ancrés dans nos habitudes, nous pensons agir pour des causes qui nous sont soit singulières, soit communes, les auteurs de la Beat Generation ont voulu nous ouvrir les yeux sur l'endormissement des masses, et sur en quoi cela est plus subtil, mais aussi plus profond, qu'il n'y parait. Ils ont dès lors décidé de ne pas être de simples dénonciateurs de l'emprise du pouvoir sur nos vies, mais d'être des acteurs prolifiques d'une lutte contre le contrôle. Et quoi de plus malin pour contrôler les masses sans avoir recours à la violence que la culture. Ainsi, tout en leurs actions artistiques, et en leurs oeuvres qui en découlent, nous pousse à la libération et le cinéma, tout comme l'omniprésence de l'imagerie, moyens contemporains de maniements des masses par excellence, n'y échappent pas. Ils décidèrent d'entamer une véritable révolution à la fois poétique, mais aussi électronique.
Ce mémoire ne se veut pas être un historique exhaustif du mouvement de la Beat Generation dans le domaine du cinéma, ni une tentative infructueuse d'en délimiter les frontières tant l'interdisciplinarité et l'ouverture à un « ailleurs » en forment la substance première. Il propose par contre d'en analyser les mécanismes fondamentaux, et leur originalité par rapport au schéma narratif traditionnel issu du cinéma hollywoodien, afin de les mettre en relation avec ce que ces auteurs perçurent comme l'essence même de l'art : la liberté d'expression, la liberté de vie. À travers les différents films, nous essayerons de mettre en exergue cette vision « différente », cette autre « vérité », proposée par ce groupe d'artistes à la fois sur le plan social, politique et esthétique.
[...] Dès lors, les artistes de la Beat Generation doivent se débrouiller entre eux, sans financement ni visibilité, mais avec leur force de conviction et la volonté de ne jamais céder aux approches alléchantes de l'opposant. Cela implique une lutte sans relâche contre la censure et une lutte pour être diffusé qui parfois les mènera jusqu'en prison afin de faire taire leurs opinions.
Lors de l'arrivée de la génération hippie dans les années soixante, les marques et multinationales tentent même de récupérer la main en instrumentalisant ces mouvements à travers la publicité. Ils « achètent » d'une certaine manière les contestataires les plus fragiles. Frédéric Robert cite comme exemple la marque Pepsi ou les jeans Lévi Strauss reprenant l'image vintage véhiculée par les hippies en les mettant en scène dans des publicités utilisant des événements comme Woodstock. Les marques souhaitent être assimilées au souffle de liberté de l'époque et vont ainsi, petit à petit, se remettre en selle.
[...] Lars Von Trier souhaite ici rompre avec les codes sociaux et artistiques de son époque comme le
faisait à leur époque les artistes de la Beat Generation.
Par ailleurs, « Les idiots » est un film réalisé selon les règles imposées par le manifeste artistique, social et politique appelé « dogme 95 » et rédigé par Thomas Vintenberg et Lars von Trier lui-même. En ce sens, il fut tourné avec très peu de moyens, une équipe réduite et un souci du « beau » inexistant au sens du langage cinématographique traditionnel. Là encore, la méthode de production est semblable à celle du Beat cinéma. Il faut noter que Lars Von Trier ne respectera pas totalement le manifeste « dogme 95 » pour tourner son film, ayant notamment recours à des acteurs professionnels pour les plans pornographiques et éclairant un des plans du film. (...)
[...] Ce chaos révélateur procède de l'utilisation à outrance des techniques cinématographiques comme si l'auteur voulait tester tout ce qui est possible dans son film. En pied de nez à Hollywood, il dédie le film dès les premières secondes (14e) aux frères Lumière rappelant qu'à l'invention du cinématographe était liée l'innocence de la première utilisation. Comme eux, il se met face au monde cinématographique, comme si celui-ci n'avait jamais été, mais avec toutes les techniques de son temps, et exprime son envie de tout filmer, de tout expérimenter comme si Hollywood n'avait rien codifié. [...]
[...] Après inhalation, Harwick plonge dans un délire mental et la photographie passe en couleur. On croit alors que l'utilisation de ces deux procédés est très claire, voire clichée, et que le noir et blanc raconte la réalité alors que la couleur nous mène aux effets de la drogue. Sur ces images en couleur se mêlent, par procédé de surimpression, d'autres images en couleurs représentant à la fois les démons d'Harwick tentations de la vie New-Yorkaise, consommation, - et les Dieux water woman, nature de l'ouest, - renforçant ce sentiment d'une séparation clair entre la vie à jeun et la vie sous effet de la drogue. [...]
[...] D_HG! HE! GH! Q\OE;bXH! HOE! ED[O! FGC;DH! ]CRO! GHO! HRIPG_HO! G\D;bXHO! 2P_E;bXHO! ZHDPXCF/! QC;O! 2HXEe`EDH! [...]
[...] Il est tout simplement en transe dans les deux mondes. Cette confusion témoigne de deux phénomènes. Tout d'abord, Rooks renforce ici le sentiment constant du film, à savoir que les frontières, aux différents niveaux de lisibilité, entre réalité et rêve ne comptent pas pour lui. Cette confusion représente d'une part sa crise identitaire et l'idée même que les drogues ne mènent pas toujours à un monde plus mauvais que celui des non drogués. Il reste une ambiguïté sur le bienfait de la prise de drogue. [...]
[...] Ces réalisateurs ont été choisis pour trois raisons différentes inhérentes aux auteurs de la Beat Generation. Ils sont soit les auteurs d'adaptations d'œuvres écrites issues de la Beat Generation, soit en relation directe avec ces mêmes auteurs, soit sur le chemin des mêmes expérimentations cinématographiques, leur volonté commune étant de proposer d'autres formes de langage cinématographique que celle proposée par Hollywood et ses dérivées. Ces auteurs livrent eux aussi, à leur manière, une révolution électronique pour la liberté d'expression à la fois sur le plan formel et sur le plan thématique. [...]
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