Image cinématographique gore, horreur visuelle, esthétique gore, cursus filmique, solcinématographique américain, Blood Feast, Herschell Gordon Lewis, cinémascope, aspect psychanalytique
Le cinéma dit gore s'est trouvé, durant son existence, reclus aux confins du cinéma, au même titre que le cinéma pornographique. Pourquoi, dès lors, faire ce choix de montrer une horreur visuelle qui se traduit par des démembrements, geysers de sang, éviscérations, et autres actes de torture et de mise à mort plus sanguinolents les uns que les autres ? L'image gore aurait-elle un sens ?
Le gore est, aujourd'hui, sorti du ghetto : George Romero, David Cronenberg, Brian De Palma, Dario Argento, sont autant d'auteurs pour qui ce genre cinématographique répond à une esthétique précise et entre dans le processus d'une réflexion, quelle qu'elle soit, qui donne à ces images leur caractère indispensable. La qualité de leur oeuvre, visuelle, politique, philosophique, a traversé les filets du cinéma "classique", et nombreuses sont les citations de ces films dans le cinéma actuel qui connaît un retour à l'horreur graphique, aussi bien aux Etats-Unis qu'en France, et ailleurs.
[...] cit., pp.59-60. [106] Julia KRISTEVA, op. cit., p.12. [107] Symbole de la société américaine certes, mais à bout de souffle, qui se fait rappeler par sa femme de faire attention à son cœur [108] THORET, Jean-Baptiste, Dead-lines in Frank LAFOND (dir.), op. cit., pp.42-43. [109] On a souvent associé les noms des anthropophages à des planètes alors qu'il nous paraît plus judicieux de faire le lien avec les dieux de l'Olympe. [110] Wes Craven in Julien DUPUY, op. [...]
[...] Partant, on a pu examiner l'abolition des frontières, d'abord celles du corps, avec le mort-vivant en premier lieu : l'ordure signifie l'autre côté de la limite, où je ne suis pas et qui me permet d'être, le cadavre, le plus écœurant des déchets, est une limite qui a tout envahi. Ce n'est plus moi qui expulse, est expulsé. ( ) Le cadavre vu sans Dieu et hors de la conscience est le comble de l'abjection. Il est la mort infestant la vie. Abject. [...]
[...] Le gore tourne en circuit fermé, pourrait-on dire, jouant constamment de ses propres références, et c'est ce qui en fait une matière fatalement évolutive qui cherche à dépasser ce qui a déjà été fait. Le corps filmique entre en réseau, et c'est ainsi que l'on aboutit à Braindead (Peter Jackson, 1992), chant du cygne du gore par sa forme synthétique et englobante de toute son histoire, par sa variété donc, et par ses excès dits insurpassables. En cela, Blood Feast demeure l'épicentre du genre, quoi que l'on pense de sa qualité, car l'image gore rappelle cette esthétique du redoublement, du ressassement, qui est le nœud formel du film. [...]
[...] Le propos de Sam Raimi et Phil Tapert est donc de minimiser la qualité horrifique de La Colline a des Yeux comme celui-ci l'a fait en son temps avec Les Dents de la Mer[56]. Evil Dead se pose donc comme une référence incontournable, et recourt pour cela à la déconstruction de références (Le Magicien d'Oz, La Colline a des Yeux) et des codes qui régissent le genre gore. La maison ne protège plus de l'extérieur, et plus que jamais le danger vient de l'intérieur. [...]
[...] Le corps ne possède plus cette aura qui l'entoure de beauté, le cœur n'est qu'un gros muscle difficile à incinérer (Le retour des Morts-vivants), et on ne peut que constater ce qui advient des jeunes filles en fleur, symboles d'une époque en pleine révolution sexuelle, sous l'œil torve et pervers de Krug et ses acolytes (La Dernière Maison sur la Gauche). C'est pour le cinéma gore l'occasion de détourner l'imagerie traditionnelle du christianisme. Le corps christique, et celui de l'Église par extension est plus que jamais torturé, mis à mal, renversé sur son propre autel. [...]
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