C'est au début des années quatre-vingt-dix, quand le terme est apparu, en réponse à la vague de films dont l'histoire tournait autour d'un tueur en série, que le film de serial killer est devenu un genre (c'est à dire un ensemble reconnu de films qui possèdent des
caractéristiques identiques). Un changement de statut qui fait suite à la multiplication du nombre de films mais aussi à une plus grande diversité de sujets. Cependant, il faut constater que le genre est encore assez peu reconnu, mais il l'est tout de même puisque le terme de "film de serial killer" apparaît dans des livres de cinéma ou des articles de magazines spécialisés. En effet, déjà en novembre 1992 dans Les cahiers du cinéma, Camille Nevers écrit : « Il est
possible que "le film de serial killer" soit en passe de devenir un genre à part entière, comme le film de gangsters pendant la Dépression ». Depuis cette prédiction s'est confirmée, le film de serial killer est bien devenu un genre grâce à une production constante et variée, et des films références (Tueurs nés, Seven, Eléphant, etc).
Bien sûr, le film de serial killer n'a pas le même statut que la comédie, le film policier, le drame, etc. Il faut du temps pour accéder à une telle reconnaissance. Peut-être même que son succès n'est qu'éphémère et que le genre est destiné à disparaître. Après tout, même le western et la comédie musicale ne doivent leur notoriété qu'à un passé glorieux mais révolu. À l'heure actuelle rien ne laisse présager d'un tel sort car il possède une certaine vitalité. Même si son âge d'or semble derrière lui, car ses plus gros succès date des années quatre-vingt-dix, le nombre de films de serial killer qui sortent chaque année est constant et les
spectateurs ne semblent pas, pour le moment, se lasser de visionner les aventures passionnantes et terrifiantes des tueurs en séries.
[...] Le film raconte l'histoire d'un couple dont l'homme se marie à des femmes riches avant de les tuer avec sa compagne. Ils font cela pour l'argent mais aussi pour consolider un amour parfaitement masochiste »25. Le réalisateur prend le risque (ce sera son unique film) de ne délivrer aucun message, de montrer sans juger. Et pour la première fois à Hollywood, le réalisateur filme le meurtre dans toute son horreur car c'est en tuant que les deux amants expriment leur amour, bien plus que par le sexe. [...]
[...] Le film de serial killer intéresse beaucoup de gens, c'est un fait. Nous verrons plus loin ce qui plaît au spectateur dans ce genre de film. Le film de serial killer est certainement le genre le plus controversé (après le du monde du cinéma car il est en partie fondé sur des valeurs négatives comme l'extrême violence et le dénigrement volontaire des valeurs de base de notre société. Il est basé non pas sur un sentiment positif (l'envie de rire pour la comédie, d'éprouver du chagrin pour lé mélodrame) mais sur un sentiment honteux et enfouit, l'envie de voir souffrir son prochain. [...]
[...] Dans Le couperet (Costa Gavras, 2005), un honnête père de famille, désespéré de ne pas trouver l'emploi qu'il désire, décide de tuer tous ses concurrents potentiels au cas où une place se libérerait. Il ne tue pas par gaieté de cœur mais parce que pour lui c'est le seul moyen de ne pas voir son monde s'écrouler. Le spectateur ne peut que se prendre d'affection pour ce personnage, malgré ses actes, car il ne tue ni par désir ni par cruauté mais pour les siens. Il y a une certaine noblesse dans ses actes même si le meurtre est certainement l'acte le plus lâche qu'on puisse commettre. [...]
[...] Le film dessine les contours du slasher sans en respecter toutes les règles. Des règles qu'on retrouve dans Halloween (John Carpenter, 1978). C'est à partir de ce moment là que les meurtres violents vont progressivement envahir l'écran. Dans le cas du slasher, les meurtres sont commis par arme blanche car ces armes permettent d'accentuer l'horreur des crimes ainsi que leurs effets spectaculaires. Avec l'apparition des slashers, les réalisateurs ne se contentent plus de nous montrer la violence nécessaire. Ils mettent en scène la violence non plus pour ce qu'elle représente mais pour ce qu'elle est, la réalisation des fantasmes les plus sordides, de nos peurs les plus 95 Positif, 446, avril 1998, p Royer Philippe, Le cinéma gore, une esthétique du sang, Editions du Cerf, France p ancrées. [...]
[...] Et c'est dans ce sens que le cinéma s'oriente. Les films nous montrent de plus en plus d'actes immoraux sans véritable raison, la violence semblant devenir violence en soi, et n'ayant plus, ou moins qu'hier, à être articulé à la raison politique, au récit de rapports sociaux ou la passion des affects »88. Les exemples les plus flagrants sont Saw (James Wan, 2004) et Saw II (Darren Lynn Bousman, 2005). Les spectateurs peuvent y voir un sadique qui met ses victimes dans des situations d'une monstrueuse cruauté qui conduisent inévitablement à une mort atroce. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture