Si l'on regarde toute la filmographie de notre pays, force est de constater le nombre élevé de films policiers. Quand on sait que le film policier représente le quart du cinéma français, soit en moyenne une dizaine de films par an, on ne peut sous-estimer l'importance du genre. Outre l'énorme quantité, la qualité est, elle aussi, omniprésente par l'œuvre de grands cinéastes qui ont su élever le policier et influencent encore aujourd'hui les nouvelles générations.
Paradoxalement, le cinéma policier français est un domaine très vaste mais aussi très méconnu. Dès que l'on parle de policiers, on a en tête les films américains, l'image de Bogart en train de fumer le col de son imper relevé. Néanmoins, il existe bel et bien un cinéma policier qui nous est propre.
Evidemment, le policier est universel dans le monde. Chaque pays possède une police bien à lui et aborde donc le film policier différemment selon son contexte sociopolitique et culturel. De ce fait, le film policier français tient une place toute particulière dans le panorama mondial de par ses différentes approches et de ses apports au genre. Tout cinéaste s'attaque à un moment donné au film de genre et lui redonne une autre dimension. Le cinéma britannique a beaucoup donné dans le fantastique, les cinéastes italiens ont apporté un second souffle au western… et en France il y a véritablement trois genres populaires : la comédie, le policier et – à une époque – le film en costumes (de préférence de cape et d'épée). D'entre les trois, j'estime que le cinéma français a favorisé et diversifié davantage le genre policier.
[...] Après quelques années d'absence, Deray revient en 1991 avec l'étonnant Netchaïev est de retour, histoire qui se déroule en 1968 alors qu'un réseau révolutionnaire se forme, dont Netchaïev (Vincent Lindon). Ce dernier est trahi et laissé pour mort. Il refait alors surface pour se venger. Seule collaboration de Deray avec Yves Montand. Pour ses retrouvailles avec Delon l'année suivante, Jacques Deray lui concocte un très bon rôle dans un Crime, celui d'un brillant avocat qui réussit à faire acquitter le fils de grands bourgeois (Manuel Blanc). [...]
[...] Excepté le livre de François Guérif - qui a trouvé grâce à mes yeux qui est très bien documenté mais qui a été rédigé en 1981 et ne traite que du policier à partir de la Libération ! Certes, le cinéma américain a donné ses lettres de noblesses au genre à une certaine période, au point de s'imposer comme référence suprême en la matière. Quand j'interroge quelques proches sur le film policier, tout de suite ils me donnent en exemples des films américains, mais aucun français. [...]
[...] Les notables pervertis et corrompus par le pouvoir et la cupidité ont tellement été représentés dans les films qu'ils sont devenus une caricature joviale et incontournable du film policier. De surcroît, le policier bénéficie d'une relative bonne image outre Atlantique. En France, le flic est généralement solitaire, amer et désabusé, fonctionnaire impuissant, mal considéré par ses concitoyens, mal payé, et parfois freiné par ses supérieurs, bref l'antihéros qui se rapprocherait le plus de la réalité. Avec Dreyfus, Seznec et Outreau, nous sommes le pays de l'erreur judiciaire. La vengeance devient donc un thème possible dans un système déjà corrompu et inefficace. [...]
[...] Pierrot le fou, l'un de ses meilleurs films, n'appartient pas vraiment au policier bien que les héros soient poursuivis par des gangsters et que c'est une adaptation d'une série noire de Lionel White. Cependant, Godard réalise Alphaville en 1965 en reprenant le personnage de l'agent Lemmy Caution (personnifié par Eddie Constantine), mille fois mis en scène par, entre autres, Bernard Borderie. Le résultat est un déroutant film mi-policier mi-science-fiction. L'histoire est celle du charismatique Lemmy Caution qui débarque dans la ville futuriste d'Alphaville. [...]
[...] Il y a donc un genre de cinéma policier français qui peut se définir sous quelques particularités. En résumé et en général, nous allons dire qu'une des plus grandes particularités de notre cinéma se présente sous deux visions, deux traitements du policier en France, symbolisés par deux auteurs : Simenon et Simonin. Chez Simenon, l'auteur francophone le plus adapté au cinéma, les criminels sont des hommes comme les autres, aussi bien dans la France d'en bas que dans la France d'en haut Ce sont les circonstances difficiles, tant la misère sociale que les sentiments humains de désir, de haine ou de jalousie, qui poussent ces hommes à enfreindre la loi. [...]
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