La présente étude porte sur l'oeuvre, vaste et extrêmement diversifiée, de Nagisa Oshima. Celui-ci, né au début des années 1950, qui « n'a jamais cessé de mettre le monde autour de lui en question, de cisailler à vif dans la chair de l'humain collectif ou privé, de provoquer au plaisir et à la réflexion, de briser les structures et d'appeler le spectateur à un rôle actif », a donné naissance à de nombreux écrits. Outre les écrits d'Oshima lui-même, commentant largement son oeuvre, et ses propres réflexions sur le cinéma en général ou la politique, les articles parus lors de la sortie de ses films sont
très nombreux. Divers ouvrages généraux sur le cinéma japonais (principalement ceux de Max Tessier et de Tadao Sato) abordent également longuement le cinéma d'Oshima.
Parmi les études francophones les plus importantes sur ce sujet, l'ouvrage de Louis Danvers et Charles Tatum Jr, uniquement consacré à Oshima, traite de chacun de ses films, souvent de manière relativement superficielle, suivant une logique chronologique, en rapport avec le contexte économique, politique et de production dans lequel s'inscrivent les œuvres ainsi que la vie du réalisateur. Dans la littérature anglophone, un ouvrage de Maureen Turin est également entièrement consacré à l'œuvre d'Oshima. Chaque film y est longuement décrit et étudié suivant différentes méthodes d'analyse, dont notamment l'analyse psychanalytique qui est souvent privilégiée. Les œuvres sont regroupées par thèmes dégagés par l'auteur (la jeunesse, la politique, le désir, la mort, la sexualité, la subjectivité). Nous ne pouvons donc que constater l'existence d'une vaste littérature sur le sujet d'étude ici choisi, abordant celui-ci sous différents angles. La perspective d'analyse adoptée pour notre sujet d'étude : L'érotisme dans l'œuvre d'Oshima, n'est par ailleurs pas plus novatrice ni originale, puisque c'est en effet la principale particularité qui se dégage des œuvres d'Oshima et ce, principalement depuis la sortie du film L'Empire des sens (1976), par ailleurs le point de départ de la présente étude. De même, l'examen d'une dimension érotique, selon les écrits de
Georges Bataille, semble déjà confirmé par de nombreux auteurs.
En effet, il nous semble que l'analyse du film l'Empire des sens peut être éclairée par la pensée de Bataille, concernant surtout le lien fondamental entre l'érotisme et la mort. Bataille définit l'érotisme comme « l'approbation de la vie jusque dans la mort ». Le film l'Empire des sens illustre très clairement la pensée de Bataille décrite dans ses œuvres littéraires (Histoire de l'Oeil…) et philosophiques (L'Erotisme…).
[...] Dès lors, malgré toutes leurs stratégies, leur représentation même échoue. R ne regarde même pas vers eux, il fixe son regard droit devant lui. Le processus d'identification forcée commence à s'inverser : les officiels entrent petit à petit dans leur propre mémoire, inconscient et culpabilité. Le médecin se rappelle la guerre : il accuse R se feindre l'amnésie pour ne pas être exécuté : Les prisonniers de guerre usaient de ce stratagème Nous verrons plus loin dans le film que la guerre fut un grand traumatisme pour ce personnage. [...]
[...] Ce film d'amour, d'espoir, d'une apparente légèreté, se déroule dans le décor idyllique d'Okinawa. Il se base encore sur des faits historiques réels : l'abandon de l'archipel des Ryukyo par les Etats-Unis et sa restitution au Japon. Ce film est un échec commercial et Oshima ne réalise plus de long métrage durant les trois ans qui suivent. Durant cette période, Oshima dissout la Sozocha. Il réalise une nouvelle série de documentaires pour la télévision, produits par la Nippon Audio-Visual, société créée par Junichi Ushiyama. [...]
[...] L'Acor, Rennes 47p Collectif, sous la direction de Daniel Serceau, Erotisme et cinéma, Thèmes et variations, Ed. Atlas/Lhermier, Paris 191p Comolli Jean-Louis, Leblanc Gérard, Narboni Jean, Les années Pop. Cinéma et politique : 1956-1970, Ed. Bibliothèque Publique d'information Centre Pompidou 127p Danvers Louis, Tatum Jr. Charles, Nagisa Oshima, Ed. Cahiers du cinéma, Coll. Auteurs 254p Desser David, Eros plus massacre, An introduction to the Japanese new wave cinema, Ed. Indiana University press, Bloomington 239p Didi-Huberman Georges, La ressemblance informe ou le gai savoir visuel selon Georges Bataille, Ed. [...]
[...] Ceci annonce la fin du roman, très semblable à la fin de l'Empire des sens, dont nous parlerons plus loin. Dans l'Empire des sens, l'œuf prend également une place importante, dans l'unique scène de repas du film, également liée à des jeux sexuels. Kichi et Sada sont assis, à gauche dans le cadre. A droite, à l'avant plan, une geisha de dos joue de la musique qui accompagnera toute la scène. La caméra filme, en quelque sorte, audessus de son épaule. Il n'y a aucune perspective visuelle : c'est une petite pièce close, aux vitres opaques. [...]
[...] Ceci donne en effet à la famille l'image d'un arbre généalogique dont le tronc serait malade et à assainir, image du Japon lui-même. A la fin de cette scène, Masuo s'évanouit en buvant du saké pour la première fois, alors que le grand-père lui annonçait qu'il devrait vivre pour deux (son petit frère étant mort). Un long travelling passe d'un gros plan du grand-père, en diagonale, à un gros plan de Masuo, ce qui d'une part, symbolise le lien filial entre les deux personnages (selon la tradition d'héritage, le fils le plus âge doit remplacer le patriarche, les autres doivent partir), et d'autre part, marque leurs liens fondés sur une opposition totale. [...]
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