On est surpris de constater – encore aujourd'hui en 2004 – qu'en matière de cinéma, L'Île de La Réunion est restée pour la Métropole « terra incognita » jusqu'aux années 1984-1985. Pour tous ceux qui faisaient profession d'étudier la diffusion des films, ses modalités, son économie, ses contraintes, son public, les départements d'outre-mer n'étaient finalement que pages blanches. Et pourtant, il existait déjà des salles de cinéma dans les années 1930, à l'heure où La Réunion n'était encore statutairement qu'une colonie française. Dès les années 1950, peu après la départementalisation de l'île, les métiers du secteur s'organisèrent plus
efficacement. Des entrepreneurs locaux allaient acheter eux-mêmes les films à Paris ; ils modernisaient et rééquipaient les vieilles salles des quartiers de l'époque. Certains avaient même à coeur d'établir des records en construisant des salles de plus en plus grandes pour en faire les plus spacieuses de l'Océan Indien, comme celle du Cinéma Rio qui comptait 470 sièges en 1957.
[...] Alors que dans les zones rurales, elle rapprocherait du cinéma ceux qui en sont éloignés, à l'inverse, elle détournerait une partie des habitants des zones urbaines à son profit et aux autres loisirs extra-urbains. De ce point de vue, le problème de l'automobile apparaît en fait fortement lié à celui de l'urbanisation : la croissance des grandes agglomérations pénalise le cinéma, en éloignant des centres-villes les jeunes ménages de revenus moyens ou élevés. Ce phénomène, - 30 - déjà mesuré en région parisienne dans les années 196030, s'est traduit par une baisse du nombre d'entrées par habitant d'autant plus forte que l'agglomération est importante. [...]
[...] Si des navires souhaitaient faire escale aux Mascareignes, ils choisissaient l'île Maurice, qui a deux ports naturels et non La Réunion, dont la côte est particulièrement inhospitalière et ne comporte qu'un seul bon d'ancrage, en rade à Saint-Paul, sur la côte ouest. Ce problème de l'éloignement, qui marque profondément l'histoire de La Réunion, devait prendre, au cours des siècles, des aspects bien différents sans jamais être réellement résolu. L'ouverture du Canal de Suez, en 1870, isola encore davantage l'île en faisant passer la grande route maritime loin au Nord de l'Océan Indien. L'introduction du transport aérien ne changea guère la situation : la ligne de l'Océan Indien s'arrête aux autres îles et La Réunion n'était une escale que pour l'île Maurice. [...]
[...] Par ses fonctions et sa position au sein de la chaîne, le distributeur est très sensible aux variations de la fréquentation, qui ne peut qu'influer sur le montant absolu qui lui revient. Un métier où la prise de risque est donc permanente, il s'ensuit que, dans le département de La Réunion, la distribution est de type oligopolistique avec un degré fort de concentration où seules deux sociétés se partagent le marché des films : la plus ancienne, INVESTISSEMENT ET COMMERCE CINEMA, possède le plus grand nombre de salles et distribue le plus grand nombre de films ; la deuxième, MAUREFILMS, s'est créée en 1998 pour contrer le monopole de la première. [...]
[...] En prenant peu de risques dans l'année, ICC a tout de même misé sur le film Taxi 2 en 2000, le film est sorti à La Réunion en même temps qu'à Paris et y a connu aussi un succès. - 66 - La diffusion des films : la nature des films Bien souvent, un succès en France est aussi un succès à La Réunion : le public métropolitain n'est finalement pas si différent du public réunionnais. Les distributeurs locaux utilisent donc, comme premier outil, les chiffres des films réalisés dès leur sortie sur le territoire national pour savoir s'ils peuvent correspondre au marché réunionnais. [...]
[...] Quant au Conseil Général, la mission cinéma reste délégué à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles). L'ADCAM a pour objet de favoriser le développement des talents, des programmes et des entreprises en localisant ou en accompagnant des projets sur le territoire de La Réunion. Organisme technique assurant le lien entre les politiques publiques et les acteurs économiques et culturels du secteur, elle tient, de fait, un rôle analogue à celui de l'APCVL (Atelier de Production Centre Val de Loire), de l'Agence culturelle d'Alsace ou encore de l'association Aquitaine Image Cinéma. [...]
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