La culture cinématographique mondiale est marquée depuis une décennie par l'émergence de cinémas issus de pays en développement ou récemment industrialisés. C'est précisément dans ce contexte que s'est inscrite l'effervescence du cinéma argentin depuis le début des années 1990. L'émergence du Nouveau Cinéma argentin a été particulièrement médiatisée, et ce pour plusieurs raisons : tout d'abord, il est apparu surprenant et paradoxal qu'une telle production cinématographique renaisse de ses cendres au moment même où l'Argentine subissait une des plus importantes crises économique, politique et sociale de son histoire ; ensuite, ce cinéma s'est immédiatement fait remarquer par les festivals internationaux les plus reconnus du secteur ; enfin, il a été jugé atypique que ce mouvement spontané soit animé par un ensemble de jeunes réalisateurs soucieux de dépeindre la réalité sociale argentine contemporaine. Le Nouveau Cinéma argentin est un cinéma émergent original : les contraintes économiques et juridiques auxquelles il doit faire face forgent - à son insu - une identité artistique propre, alors même qu'il ne se revendique d'aucun courant esthétique prédéfini. L'essor singulier du cinéma argentin nourrit aujourd'hui des paradoxes multiples (...)
[...] Premièrement, il s'agit en effet d'un nombre de jours minimum de diffusion du cinéma national et non pas d'un nombre de films nationaux à diffuser par an (un par trimestre en Argentine, soit quatre par an). Et deuxièmement, il s'agit d'imposer ce nombre de jours minimum de diffusion - que le film attire des spectateurs ou non chose impensable en Argentine pour le moment puisque, si le film n'obtient pas un nombre minimum de spectateurs, il est ôté de l'affiche. [...]
[...] En ce sens, la dévaluation a permis l'augmentation de la production : attirés par le bas coûts des services et des employés techniques, les producteurs de cinéma publicitaire viennent sur le territoire argentin. Déjà des services de postproduction argentins ont été contractés pour des productions étrangères. Cependant, nous sommes contraints de constater que ces répercussions ne sont pas encore significatives : l'augmentation du nombre d'emplois ne dépasse pas les des emplois générés pas les productions nationales[58], ce qui ne permet pas de contrebalancer les dures répercussions de la dévaluation sur le secteur cinématographique national. [...]
[...] Il semble évident, pour ces exploitants, que la résolution de 2004 correspond à une mesure extrêmement dangereuse pour la vie de leurs cinémas : un film hollywoodien engrange bien plus de recettes qu'un nouveau film argentin qui intéresse un public très restreint[18]. Les distributeurs tentent de se défendre face à cette nouvelle mesure qui, selon eux, biaise la loi de l'offre et de la demande. La Chambre des Exploitants critique elle aussi fortement la mesure, expliquant que l'unique résultat provoqué sera la limitation forcée de la diversité cinématographique, tout en falsifiant les proportions du paysage cinématographique naturel Mais l'écrivain argentin Alan Pauls[19] de rétorquer aux journalistes de Clarín : Quand il n'y a pas d'intervention de l'État, on vit selon la Loi de la jungle et nous savons déjà qui gagne systématiquement. [...]
[...] C'est précisément ce qui caractérise en partie le Nouveau Cinéma argentin Un nouvelle esthétique du cinéma argentin : entre documentaire et fiction. Le Nouveau Cinéma argentin, pour avoir dû trouver des techniques adaptées aux conditions économiques difficiles du pays, a probablement orienté ses films vers un genre encore peu exploité par le cinéma antérieur national : celui de mêler des éléments de fiction avec ceux du documentaire. Cette dominante réaliste n'est toutefois pas exclusive, et les films conservent une ambiguïté artistique certaine en mêlant à ce néoréalisme des traits de symbolisme, d'abstraction, de poésie, qui viennent atténuer ce dit réalisme A. [...]
[...] En d'autre termes, Rulo est une création cinématographique en soi et ne demeure pas le personnage réel qu'il laisse transparaître. En effet, le personnage de Rulo est intégré à d'autre trames qui, elles, replacent clairement le contexte de fiction : un début de relation amoureuse avec la gérante de l'épicerie du quartier dans lequel se trouve le chantier, ou encore la relation avec son fils qui semble représenter un Rulo jeune. En effet, la passion du fils pour le rock raniment les souvenirs nostalgiques du groupe de musique qu'il avait monté étant jeune : la scène la plus explicite étant celle où son fils le supplie de bien vouloir lui prêter sa vieille guitare électrique rangée dans la cave. [...]
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