« Il me paraît un personnage fascinant, à ma connaissance unique au monde. Je ne connais
personne qui puisse avoir à la fois ce sens des problèmes politiques contemporains, ce goût du
beau, cette espèce de joie devant la culture et devant l'art, cet humour et qui arrive, lorsqu'il
fait un film, à ne se séparer d'aucune de ces tendances ».
Alain Resnais à propos de Chris Marker (Image et Son, avril / mai 63)
Christian François Bouche-Villeneuve, alias Chris Marker est né le 29 juillet 1921 à Neuillysur-
Seine. Il est à la fois écrivain, essayiste, photographe, voyageur, mais surtout cinéaste.
Au sortir de ses études de philosophie, il participe à la Libération dans les FTP (Francstireurs
partisans), puis comme parachutiste dans l'armée américaine. Sa première vocation est
l'écriture. Après la publication d'un essai sur Giraudoux suit le roman Le coeur net (1949) :
une épopée se déroulant dans le monde de l'aviation. Dans les années 50, il dirige aux éditions
du Seuil, la collection de livres de voyage « Petite planète », les futurs Commentaires (1961-
1967) de ses films seront publiés chez ce même éditeur.
Marker écrit aussi sur le théâtre dans la revue « Doc », éditée par l'association Peuple et
Culture. C'est par ce biais qu'il rencontre Alain Resnais, avec lequel il co-réalise son premier
film, Les statues meurent aussi (1950), sorte de brûlot contre la colonisation française d'une
partie de l'Afrique noire. S'en suivra l'écriture et la réalisation d'une trentaine de « films
essais », de longueur variée, mariant prises de vues documentaires (photo, cinéma, puis vidéo),
images d'archives et cinéma direct. Il analysera les conflits politiques : Le Fond de l'air est
rouge (1977), rendra hommage à des artistes : Le tombeau d'Alexandre (1995) et explora
des pays : Sans soleil (1982), en associant toujours une démarche poétique à une attitude
intellectuelle et critique. Constamment en quête d'un langage adapté à son propos, Marker
n'hésite pas à explorer les nouvelles techniques audiovisuelles. Dans les années 90, il réalisera
une installation vidéo interactive : Zapping Zone dans le cadre de l'exposition « Passages de
l'image » au Centre Georges Pompidou. En 1997, il élabore le CD Rom : Immemory (1997)
dans lequel il fait voyager le spectateur au coeur de sa mémoire par des textes, des photos, des
extraits de films, des animations par ordinateur et des éléments graphiques et musicaux.
Mais ici, j'ai choisi de m'attarder sur trois films qui suivent la création de la Jetée (1962),
oeuvre manifeste qui à mon sens marque une évolution dans son travail, car pour la première
fois l'auteur aborde la fiction et clôt donc un cycle. C'est trois films sont donc Le Joli Mai
(1962), tourné la même année, Le Fond de l'air est rouge (1978) et Sans Soleil (1982). Chacun,
pouvant se lire comme une référence à l'influence de la jetée, mêlant la fiction au documentaire.
Je me suis donc tout d'abord concentré sur des faits matériels : films, articles, entretiens,
écrits de l'artiste et de ses collaborateurs, puis sur l'oeuvre sérigraphique et filmique d'Andy
Warhol, artiste Pop des années 60, et contemporain de Chris Marker. Laissant libre court à mon
sens de l'observation et de la réflexion, j'ai choisi d'orienter mon sujet sur ce que permettait
les innovations techniques et technologiques dans le domaine artistique, en me demandant
comment ces moyens utilisés peuvent être vecteur de créativité ?
Et dans un deuxième temps, je me suis demandé quel était l'effet que ces moyens produisaient
sur notre perception de l'oeuvre, dans son rapport à l'image et à la réalité ?
[...] Sans Soleil tente de retracer en cette fin du XXe siècle le souvenir que dans le monde, plusieurs époques, plusieurs histoires coexistent, comme le stipule la phrase d'introduction citée de la seconde préface à Bajazet de Racine : L'éloignement des pays répare en quelque sorte la trop grande proximité des temps La méthode poétique qu'adopte Marker pour mettre en évidence cette simultanéité du passé, du présent et de l'avenir est celle d'essai visuel proposé par Hayao Yamaneko, un ami de la narratrice, Japonais virtuose du synthétiseur d'images et créateur de la Zone : Mon copain Hayao Yameko a trouvé une solution : si les images du présent ne changent pas, changer les images du passé . Il m'a montré les bagarres des Sixties traitées par son synthétiseur. [...]
[...] C'est trois films sont donc Le Joli Mai (1962), tourné la même année, Le Fond de l'air est rouge (1978) et Sans Soleil (1982). Chacun, pouvant se lire comme une référence à l'influence de la jetée, mêlant la fiction au documentaire. Je me suis donc tout d'abord concentré sur des faits matériels : films, articles, entretiens, écrits de l'artiste et de ses collaborateurs, puis sur l'oeuvre sérigraphique et filmique d'Andy Warhol, artiste Pop des années 60, et contemporain de Chris Marker. [...]
[...] De la photographie au cd-rom, en passant par tous les formats cinématographiques, la vidéo, la télévision, l'image virtuelle, il a exploré dès leur apparition, les innovations qui ont bouleversé et perpétué l'art des images Guy Gauthier Chris Marker, écrivain multimédia ou Voyage à travers les médias L'harmattan Dans une interview Témoignages recueillie par Olivier Kohn et Hubert Niogret pour la revue Positif (mars 1997), les collaborateurs de Chris Marker nous décrivent les méthodes de tournage et les moyens techniques utilisés pour la réalisation de Le Joli Mai (1962), documentaire fiction en noir et blanc de 2h30 réalisé par Chris Marker et Pierre Lhomme, chef opérateur. Celui-ci nous explique comment ils ont commencé à tourner dans la rue, avec des moyens techniques encore inadaptés à la prise de sons et d'images documentaires : La première fois que j'ai rencontré Chris pour le film, nous avons surtout parlé technique. Notre problème était d'aller vers les gens sans les contrarier. [...]
[...] Il mêle d'une part les interviews réalisées par Chris Marker avec des gens qu'il choisi ou rencontre au hasard, mais auxquels il donne le temps de s'exprimer, d'où ce sentiment de spontanéité. D'autre part, le film mêle pour la première fois les images et les sons de la ville de Paris. Au premier plan : on a la vue d'un toit avec au loin, le son d'un cloché et d'une Sirène, mêlé aux chants des oiseaux. La première partie : Prière sur la Tour Eiffel traite surtout des évolutions socio-économiques de l'aprèsguerre. [...]
[...] Quand il a eu son laboratoire à Argos, les choses ont beaucoup évolué, à l'époque de Sans soleil. Nous avions régulièrement des discussions là-dessus. J'allais le voir travailler ne seraitce que pour me tenir au courant de ces techniques que je ne connaissais pas bien à ce momentlà. Je crois que la vidéo et l'ordinateur lui donnent des ailes, le libèrent d'une grande partie des contraintes matérielles et financières (p91). En effet, de Le Joli Mai (1962) à Sans Soleil (1982), le travail de Marker évolue considérablement. [...]
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