La quasi-totalité des indicateurs semblent attester d'une grande vitalité du cinéma en France. La fréquentation a progressé de 30% au cours des dix dernières années. L'exploitation a su se moderniser et le parc de salles s'est étendu (800 écrans de plus vs 1996). La part de marché des films nationaux (comprise entre 35 et 40%) est particulièrement vigoureuse en comparaison de ce qu'il se passe sur les autres marchés européens. Le nombre de films produits et distribués n'a jamais été aussi important.
Et pourtant, la notion de crise est perpétuellement remise en avant par les professionnels du secteur. Rôle des chaînes de télévision dans le financement, impérialisme du cinéma américain, fusion entre Canal Plus et TPS qui pourrait remettre en question les engagements de la chaîne dans le cinéma français, profusion des supports de diffusion… Nombreux sont les griefs portés à l'encontre du système. A l'heure actuelle, le domaine de la distribution en salles, ainsi que son pendant naturel, l'exploitation, sont notamment montrés du doigt.
L'extrême rapidité de rotation et de consommation des films – comme de l'ensemble des biens culturels – est l'aboutissement logique de plusieurs années de mutation qu'a connu l'activité cinématographique. Les professionnels prennent peu à peu conscience de cet emballement du système et de ses conséquences irrémédiables sur l'économie du cinéma français. Diverses solutions et aménagements sont envisagés par les producteurs, les distributeurs ou les exploitants. Les pouvoirs publics ne sont pas en reste. De nombreux travaux réalisés récemment à l'initiative du CNC ou du parlement ont traité de ces problématiques.
Car cet emballement met en péril tout un segment de la distribution, et au-delà, tout un pan de la production cinématographique française et mondiale. Si certains films n'arrivent plus à avoir accès aux salles, c'est la diversité culturelle qui est en péril, mais aussi tout une micro économie qui jusque là avait voie au chapitre sur le marché cinématographique français, particulièrement reconnu pour son ouverture. Cette problématique centrale sous-tend l'ensemble des réflexions présentées dans cette étude.
[...] Une grande partie des distributeurs considèrent au contraire que les marges arrière dégagées par les exploitants ont fait basculer ce taux au-delà des 50% au bénéfice des exploitants. Afin de ménager les intérêts de chacun, la réhabilitation du contrat écrit de location pourrait couper court aux revendications infécondes émanant des deux parties. Une concertation semble en tout cas inévitable afin de remettre à jour et réglementer les obligations de chacun. Les relations financières entre exploitants et distributeurs Le problème financier entre exploitants et distributeurs se porte notamment sur les budgets publicitaires et promotionnels. [...]
[...] Il n'est pas rare dans d'autres pays européens que des multiplexes diffusent un même film sur 5 ou 6 écrans. Améliorer le calendrier de sortie des films Nous avons étudié précédemment l'encombrement du calendrier des sorties et les méfaits qui en résultent sur les chances de succès respectives des films en concurrence. Plusieurs mesures sont envisageables afin d'atténuer le caractère saisonnier de la sortie des films en France. La négociation avec les ayants droit des films français pourrait éviter que ceux-ci s'opposent à la sortie du titre à certaines périodes qu'ils jugent peu propices à son succès en salles. [...]
[...] Ces derniers sont ainsi privés d'une bonne part des ressources qu'ils pouvaient tirer du second marché et se retrouvent cantonnés bien souvent à la seule acquisition des droits concernant la diffusion en salles. L'équilibre économique de ces distributeurs traditionnels est remis en cause par cette évolution du secteur : les pertes enregistrées lors d'une diffusion en salles peu fructueuse ne peuvent dorénavant plus être compensées par les ressources issues du marché secondaire. Il est à noter que Canal Plus avait pris un engagement financier significatif en 2000 afin d'améliorer cette situation en améliorant la diffusion des films français via la distribution d'une enveloppe annuelle de 6.01 Dans ce contexte, on constate qu'une ligne de démarcation est en train de se dessiner entre deux mondes de la distribution. [...]
[...] L'exposition correcte des films qui sortent chaque mercredi semble donc impossible. Les exploitants n'ont ni la capacité (ni parfois le souhait), de limiter la politique d'offre saturante qui est imposée par les distributeurs les plus puissants. On constate d'ailleurs à la lecture de ce tableau que le poids des distributeurs indépendants ne pèse pas bien lourd dans la balance. A l'exception d'EuropaCorp, Pan Européenne et Metropolitan, seuls les distributeurs adossés à un grand groupe (français ou américain) disposent de plus de 100 copies en moyenne. [...]
[...] Faut-il séparer clairement les deux secteurs (diffusion en salle et diffusion à la télévision) ? Faut-il au contraire favoriser les passerelles entre ces deux secteurs, en admettant par exemple que l'agrément "télévision" soit valable pour les sorties en salles ? Quoi qu'il en soit, il n'y a nul doute que la concertation entre les différents diffuseurs des films est la solution aux problèmes engendrés par cette chronologie des médias si complexe. Conclusion Nous avons ainsi constaté la convergence de nombreux phénomènes ces dernières années qui modifient de façon structurelle la diffusion des films en salles : accroissement du nombre de films, inflation du nombre de copies, forte hausse des dépenses de promotion, saisonnalité de la programmation, recherche systématique d'une fréquentation maximale dans les délais les plus brefs, très grande hétérogénéité dans la situation des distributeurs et des exploitants et dans les résultats des films, incertitudes sur l'identité de la filière "art et essai", développement de la concentration verticale, intervention des filiales des chaînes de télévision sur le marché de la distribution, relations houleuses entre distributeurs et exploitants, incertitudes quant à la "chronologie des médias" actuelle. [...]
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