Tout au long de sa cinématographie Amos Gitai trace à petits pas les facettes multiformes des Israéliens, dans un pays où un éventail de cultures, d'origines, d'histoires et de traditions se côtoient. Partagés entre l'angoisse et la certitude, l'exil et les retrouvailles, les Israéliens vivent le paradoxe de l'attachement à une terre qui parfois leur est étrangère et semble peser comme un fardeau. En décomposant la nation en multiples visages, Gitai trace des portraits d'hommes, de femmes et d'un pays qui sont constamment détruits et reconstruits.
Ainsi, nous pouvons nous demander ; dans quelle mesure Amos Gitai peint-il l'incessante revendication du territoire et son impact sur la construction de l'identité nationale, perpétuellement confrontée au politique ?
[...] Amos Gitai, entre construction de l'Etat d'Israël et décomposition de l'identité nationale Paix sur ton retour mon p'tit oiseau Qui revient du pays de la chaleur Chante, raconte mon oiseau chéri Les merveilles de cette terre lointaine Dis-moi si là-bas dans ce pays chaud Règnent comme ici le chagrin et la peine [ ] Comment va le Jourdain aux eaux limpides ? Que n'ai-je des ailes pour voler Au pays de la datte et de l'amande ! Dans Kedma, à bord du navire du même nom sur lequel se confondent les rescapés de la Shoah, un des personnages féminins chante avec tout l'espoir du monde un récit sur Israël. [...]
[...] La culture de la guerre et défense du territoire Dès la création de l'Etat, l'Israélien n'a pas eu le temps d'appréhender le territoire et de connaitre les autres habitants. Il a été reçu tout de suite par un accueil violent et a opéré la même agression vis-à-vis les populations de Palestine. Cette culture de guerre bilatérale a engendré des fausses idées sur l'ennemi avec qui pourtant leur destin est lié, et a nourri un besoin de légitimer cette ignorance et cette violence par une attitude défensive. [...]
[...] C'est un baiser passionné, un baiser d'espoir comme semble dire que l'union est encore possible entre ces peuples que l'on veut séparer. Neutralité du territoire comme solution au conflit Il est vrai, Amos Gitai propose à plusieurs reprises des tentatives de rapprochement entre ces deux mondes. Celles-ci ont toujours lieu dans un environnement étranger aux tensions politiques et territoriales. Premièrement, il semble nous proposer la neutralisation du conflit par le territoire lui-même, mais qui n'est pas celui des territoires occupés, ni celui d'Israël. [...]
[...] En effet, un ouvrier dans House affirme: les hais comme ils me haïssent, c'est la vérité. [ ] Quand quelqu'un te fais du mal, c'est difficile d'oublier. Nous ne sommes pas comme Jésus qui dit : à celui qui te frappe la joue droite, tend la joue gauche. Notre religion à nous dit : œil pour œil, dent pour dent.» Vingt ans plus tard, un Palestinien d'un milieu plus aisé ne montre pas plus d'optimisme. La situation ne me parait pas prometteuse. Surtout en ce qui concerne les Palestiniens de Jérusalem. [...]
[...] En effet, l'Israélien n'est pas seulement défini par son opposition aux Arabes et aux Palestiniens. C'est une nation multiforme qui lutte aussi pour une cohésion interne que l'on considère souvent, de notre point de vue distant, comme complètement soudée par leur judaïcité. Cependant, Désengagement montre que l'identité juive, puisque constamment confrontée au politique, est aussi blessée par le poids des décisions politiques et des actions militaires qui ne relèvent pas d'un consensus général. Les conséquences d'une double réalité Une attitude défensive leur est donc demandé vis-à-vis une double réalité : celle de la revendication d'un territoire qui n'est toujours représentatif de la diversité et de la complexité de l'identité nationale. [...]
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