Les Clowns de Fellini est un film confondant le genre documentaire et fiction. Synopsis écrit en quelques heures, Fellini qui connaît bien le sujet n'a nul besoin d'un scénario et décide de se mettre en scène lui-même dans la recherche des clowns perdus. Comme il le mentionne au début du film, les clowns qui ont marqué à jamais son existence lui ont tout d'abord fait peur. Fellini nous fait partager sa crainte et son attirance pour les chapiteaux de son enfance, et pour le cirque quotidien des êtres étranges qui hantent les villes comme les clowns hantent les pistes. Il mêle à cette évocation poétique un regard documentaire sur les grands clowns d'hier et d'aujourd'hui. Telle une enquête, Fellini obtient l'aide des télévisions françaises et italiennes (l'ORTF et la RAI) pour mener à bien son projet. Au départ dessinateur de caricatures, Fellini s'inspire des postures grotesques pour les personnages de ses films. Attentif, Fellini était fasciné par la diversité du monde, captivé par les corps, les postures, les visages, les regards ainsi il n'est pas étonnant qu'il ait eu envie de faire revivre cette passion de la vie au travers du film Les Clowns.
En effet, si la commedia dell'arte a beaucoup influencé le cinéma italien, elle a particulièrement influencé Fellini qui exagère toujours ses personnages empreints d'une démesure et d'une folie certaine... Les clowns de Fellini ont en effet cette figure extravagante, outrancière. Mais de par leur nature propre avant tout. Que les personnages des films de Fellini ressemblent à ceux de la commedia dell'arte, soit, mais en quoi celle ci a-t-elle un lien avec Les clowns de Fellini ?
[...] Il apparut dans le théâtre populaire en Angleterre au XVe siècle et remplaça le personnage d'old vice (trop vieux et pas assez commode pour faire rire) qui n'était autre que le serviteur et homme de main du diable. Évidemment, le clown étant un personnage de comédie, il n'était jamais à la hauteur des tâches sournoises que son maître lui confiait, ce qui servait évidemment la dramaturgie. L'approche fellinienne du film Les Clowns Pour Fellini les personnages doivent exprimer immédiatement toute l'histoire qu'ils portent en eux. Ils leur donnent la possibilité de s'exprimer au niveau de l'expression même. [...]
[...] Dans Les Clowns La Commedia dell'arte qui a ainsi inspiré les clowns, peut se retrouver de manière indirecte dans le film. Arlequin et sa gestuelle, sa voix haut perchée se retrouve à travers tous les Auguste. Son jeu de jambes rapide lié à une situation a influencé le lazzo du clown. Ses attitudes ont influencé la mise en espace du clown qui peut s'arrêter soudainement en voyant le public. Les adresses à celui-ci sont d'ailleurs fréquentes et ce jeu avec la salle permet d'agrandir le plateau. Le public joue toujours le jeu et son imaginaire est stimulé. [...]
[...] Dans Les Clowns de Fellini, le jeu -dans le final notamment, chaos organisé- est très codifié malgré son apparence. La Commedia dell'arte quant à elle signifie également Art de la comédie et traditionnellement savoir-faire Ce théâtre codé est une stylisation des attitudes, des postures physiques et psychologiques de l'homme. Le clown également, fondé exclusivement sur l'acteur, demande le respect d'une discipline rigoureuse, tout en impliquant un art de la mise en scène qui ménage dans un ensemble cohérent, surprises burlesques, tours de force et figures spectaculaires. [...]
[...] Les Italiens, chassés de la cour par Mme de Maintenon reviennent en 1716 mais Arlequin parle français et est beaucoup moins grossier Goldoni rénove à son tour en 1745 la commedia qui radote, et purifie les lazzi alors redevenus obscènes. Les dialogues sont rédigés de manière à ne pas laisser de blancs durant les scènes d'improvisation devenues conventionnelles. En 1762, la Comédie Italienne fusionne avec l'Opéra Comique, troupe de la foire même si les comédiens italiens finissent par disparaître. Les Arlequins et Polichinelles qui viennent de la foire et du carnaval n'ont pas le droit de parler. C'est alors que le mime naît. Le théâtre des funambules, consacré à la pantomime, connaît la célébrité. [...]
[...] En outre, on pense aussi au passage où après avoir vu une superbe créature, Judicio rompt le silence béat (accompagné d'une musique langoureuse) pour lancer une blague potache. Les amoureux sont ainsi ridiculisés comme dans la Commedia dell'arte où on se moque d'eux par l'emphase. Ils apparaissent niais et les regards lascifs qu'ils s'échangent, chacun leur tour dans Les Clowns -en baissant ses lunettes pour la femme, en dégageant son écharpe pour l'homme- sont grotesques. La musique a donc aussi une importance capitale : la musicà de la Commedia et celle de la parade du cirque qui présente tous les numéros qui vont être fait. [...]
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