Un film émouvant, duquel on ne peut sortir indemne. Mais un film également déroutant, de par les procédés cinématographiques particuliers utilisés par Darren Aronofsky qui, associés à une musique envahissante et captivante, reflet des personnages, se mettent au diapason du scénario torturé.
Tout d'abord l'on peut relever la vacuité frappante des dialogues, que ce soient les brefs dialogues entre les vieilles femmes sur leurs chaises pliantes qui ne prononcent que des phrases préconçues, à propos de sujets banals et sans intérêt, ou la conversation entre Harry et sa mère qui ne l'écoute pas, cette vanité dans la parole se manifeste dès l'ouverture et s'impose tout au long du film, mensonges ou entretiens et paroles vides de sens prononcés par des êtres dont l'existence est vide de sens.
[...] Outre ce fait, on notera la mise en parallèle construite par le réalisateur entre les personnages, qui s'abîment simultanément dans un gouffre qui semble sans fond, tous en proie à une assuétude créée pour combler leur vie et ainsi la rendre vivable : la mère essaie de meubler sa vie en cultivant son addiction à la télévision, se persuadant qu'elle passera un jour à la télévision envie qui se transformera peu à peu en obsession puis en besoin vital et en objectif, seul sens à sa vie, alimenté par les médicaments ; son fils Harry se drogue et écoute de la musique afin de planer de perdre conscience de sa situation et de quitter son monde pour un monde meilleur, remède portant sans succès puisqu'il garde son jugement et son rapport au monde en conseillant lui-même à sa mère de ne pas se droguer ; ou bien l'homme noir riche qui est assujetti à la sexualité. Dépendances sans aucune action salutaire, comme le souligne la position finale de chacun des personnages, qui se recroquevillent en une position fœtale, besoin de retour aux choses matérielles, besoin de protection et de renouvellement, dans un monde qui les agresse et les détruit. Soulignons également le dispositif élaboré par Darren Aronofsky tout au long du film, comme la mise en parallèle récurrente de deux plans simultanés. [...]
[...] Darren Aronofsky, Requiem For a Dream Un film émouvant, duquel on ne sort indemne. Mais un film également déroutant, de par les procédés cinématographiques particuliers utilisés par Darren Aronofsky, qui associés à une musique envahissante et captivante, reflet des personnages, se mettent au diapason du scénario torturé. Tout d'abord, l'on peut relever la vacuité frappante des dialogues, que se soient les brefs dialogues entre les vieilles femmes sur leurs chaises pliantes qui ne prononcent que des phrases préconçues, à propos de sujets banals et sans intérêt, ou la conversation entre Harry et sa mère qui ne l'écoute pas, cette vanité dans la parole se manifeste dès l'ouverture et s'impose tout au long du film, mensonges ou entretiens et paroles vides de sens prononcés par des êtres dont l'existence est vide de sens. [...]
[...] Citons la scène première entre Harry et sa mère, où celle-ci se cache derrière une porte tandis que Harry est de l'autre côté : tout d'abord, ils nous paraissent être côte à côte et se parler naturellement, mais les personnages bougent, et l'on se rend compte qu'ils ne se trouvent pas dans le même plan qu'ils sont séparés, et l'on retrouve encore ici la difficulté de la communication évoquée ci-dessus. Se distingue également la suite rapide d'images, où la caméra semble trembler, puis cesse brusquement pour revenir à un plan vide et fixe, qui procure au spectateur une impression de trop-plein puis de vide extrême, semblable à celle que doivent ressentir les personnages. Un film singulier et alertant, qui ne semble qu'une longue hallucination, comme celle qu'a Harry qui court sur un pont vide vers une Marianne qui disparaît, et qui ne lui montre que et simplement, la réalité. [...]
[...] Par ailleurs, l'union puis la séparation du couple Harry-Marianne sont également symbolisées par leur position dans l'espace et leur dialogue : celui-ci, primitivement riche a lieu alors qu'ils sont enlacés, mais devient, après la première prostitution de Marianne totalement absente, vain et insignifiant, tandis que leurs corps sont séparés par le vide, sur le canapé. Puis, représentation ultime de cette déchéance, ils ne se trouveront même plus en contact physique proche, mais séparés par une plus grande distance (une frontière entre deux Etats), forcés de communiquer au téléphone, car incapable de se regarder. [...]
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