Sylvie Lindeperg a choisi de traiter dans son ouvrage "Nuit et brouillard, un film dans l'histoire" les étapes de fabrication d'un film, "Nuit et Brouillard" du réalisateur Alain Resnais. Ce documentaire traite de ce qu'on qualifiait à l'époque de camp de concentration (il s'agit ici plutôt de camp d'extermination). Dans son livre, Sylvie Lindeperg raconte la genèse de ce film mais aussi des réceptions et des usages parfois inattendus que l'on a pu faire de ce film.
L'auteure a choisi de reprendre le titre du court-métrage pour intituler son ouvrage (nous verrons plus tard pourquoi le film s'est appelé Nuit et Brouillard) en lui ajoutant un sous-titre, "Un film dans l'histoire", car c'est bien là l'enjeu même du film, montrer comment un film a été nourri par l'histoire, allant parfois même jusqu'à nourrir l'histoire.
Pour bien comprendre les enjeux de son étude, il convient également de bien saisir les nuances entre histoire et mémoire. L'histoire est l'étude et le récit des événements, qui vise la connaissance la plus précise du passé humain en reconstruisant des faits passés à partir de documents parvenus jusqu'à nous. La mémoire est la capacité, pour un groupe humain, de se souvenir de faits passés. Elle diffère de l'histoire dans le sens où elle fait appel à la subjectivité de l'homme. Alors que l'histoire tente d'expliquer et de comprendre les événements, la mémoire est une reconstruction de ces faits en fonction d'un affect, et peut parfois utiliser les faits passés dans le présent.
L'auteure a choisi d'étudier une époque assez large, tout en se concentrant sur les années 50, des premières interrogations sur le sort des déportés dans les camps de concentration, sur la commande d'un film qui raconterait leur sort, jusqu'aux multiples réceptions contradictoires de ce film.
Ces multiples réceptions peuvent se comprendre aisément : dans une Europe qui sort à peine des traumatismes d'une guerre qui a fait entre 50 et 60 millions de victimes, et qui tente, sous l'impulsion d'une France et d'une Allemagne de l'Ouest en pleine réhabilitation, de s'unir, on est partagé entre l'envie d'oublier ces événements tragiques et l'envie au contraire de ne jamais oublier et de faire de cette époque sombre un exemple pour les générations futures.
[...] L'exposition de la rue d'Ulm en 1954 est l'occasion d'annoncer le projet d'un film sur le système concentrationnaire Henri Michel, secrétaire général du CHDGM et du Réseau, souhaite que ce film ait une valeur historique appuyée par l'authenticité des images Ce qui nécessite de confier le film à un historien. Olga Wormser et Henri Michel seront ces conseillers et participeront à toutes les étapes d'élaboration du film mis en chantier. Chapitre 2 Les vendeurs d'ombres Une production franco-polonaise Argos production, mue par la volonté de renouveler le documentaire, annonce qu'il se charge du financement du film. [...]
[...] Ce livre nous amène à nous interroger sur un film devenu lieu de mémoire ou les frontières entre histoire et mémoire semblent très minces. Problématique posée par l'auteur Ce livre à deux objectifs : - tout d‘abord, dans une première partie, raconter la genèse de Nuit et Brouillard. Sylvie Lindeperg s'interroge sur la façon d'appréhender cette genèse : comment et quelles sources recueillir pour retracer les différentes étapes de fabrication du film. - Ensuite, dans une seconde partie, l'auteure a la volonté d'étudier les regards portés sur le film, en replaçant le court-métrage dans les différents contextes nationaux, et montrer que Nuit et Brouillard, par longévité, sa vaste distribution internationale est devenue un lieu de mémoire portatif Dès lors, comment récolter les débris de ce film qui a explosé dans les différentes relectures et interprétations que l'on a pu en faire ? [...]
[...] Eisler reprend l'une de ses compositions antérieures, qui symbolise la dualité entre la défaite des nazis et la victoire du peuple allemand. Seconde partie Passages et migrations Affiche du film Nuit et Brouillard. Chapitre 9 Bras de fer avec la censure Le film est confronté avant sa sortie à la censure. Le 30 décembre 1955, la commission de contrôle des films émet deux réserves : - le film contient des images choquantes. - La présence d'un gendarme français évoque la collaboration de l'Etat français. [...]
[...] - Il replace le film au cœur de l'histoire allemande. Ainsi, le poète s'est approprié le film pour qu'il parle au peuple allemand, le film devient objet de mémoire pour les Allemands. Kurt Glass est la voix allemande du court-métrage, cependant, au contraire de la voix blanche de Michel Bouquet, il ne respecte pas la sobriété et montre ses émotions. Chapitre 13 Batailles de traductions en RDA La République Démocratique allemande annonce à son tour son souhait de diffuser le film en novembre 1956. [...]
[...] "Nuit et brouillard, un film dans l'histoire", Sylvie Lindeperg (2007) Définition du sujet et restitution dans l'historiographie Sylvie Lindeperg a choisi de traiter dans son ouvrage Nuit et brouillard, un film dans l'histoire, les étapes de fabrication d'un film, Nuit et Brouillard du réalisateur Alain Resnais. Ce documentaire traite de ce qu'on qualifiait à l'époque de camp de concentration (il s'agit ici plutôt de camp d'extermination). Dans son livre, Sylvie Lindeperg raconte la genèse de ce film mais aussi des réceptions et des usages parfois inattendus que l'on a pu faire de ce film. [...]
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