"Les Liaisons dangereuses", roman épistolaire de Choderlos de Laclos connut à sa publication en 1782 un immense succès de scandale et provoqua de vives critiques, certains le dénonçant comme immoral. Une adaptation cinématographique impose toujours certaines contraintes et certains changements par rapport au support d'origine ; c'est pourquoi il est intéressant de comparer la fin des "Liaisons dangereuses" : de la lettre 153 à la lettre 175, face aux plans 822 à 890 du film de Stephen Frears.
Comment le réalisateur transcrit-il tout ce qui est écrit ? Doit-il faire des choix ? Peut-il réinventer certains passages ? Le rendu au spectateur est-il le même que celui au lecteur ?
[...] Les Liaisons dangereuses : comparaison du dénouement du livre et de son adaptation cinématographique Les Liaisons dangereuses, roman épistolaire de Choderlos de Laclos connut à sa publication en 1782 un immense succès de scandale et provoqua de vives critiques, certains le dénonçant comme immoral. C'est grâce à son succès que ce roman fut plusieurs fois adapté : d'abord par Roger Vadim, puis Milos Forman et enfin Stephen Frears que nous allons étudier. Une adaptation cinématographique impose toujours certaines contraintes et certains changements par rapport au support d'origine ; c'est pourquoi il est intéressant de comparer la fin des Liaisons dangereuses : de la lettre 153 à la lettre 175, face aux plans 822 à 890 du film de Stephen Frears. [...]
[...] Frears choisit donc d'humaniser ce libertin dans les derniers instants de sa vie, et cela fait partie de la logique créative dont fait preuve le réalisateur. Pour finir, nous allons reprendre cette idée de mise en valeur de certaines scènes : comme nous l'avons dit, Laclos fait l'ellipse du duel, mais Frears au contraire en fait une scène clé : c'est ce sur quoi nous allons nous attarder. Il y a une véritable volonté de mettre en valeur cette scène qui retient l'attention du spectateur tout d'abord par l'absence de musique et surtout par l'absence de dialogues. [...]
[...] D'autres passages encore sont modifiés, c'est le cas de la mort de Valmont qui meurt sur place ou de la déchéance de Mme de Merteuil considérablement atténuée : elle était atteinte, dans le roman, de la petite vérole. Ainsi, le réalisateur ne pouvant retranscrire dans les moindres détails le roman de Laclos, il doit faire preuve de logique créative. L'adaptation cinématographique a également pour but d'inventer de nouvelles scènes. Par exemple celle de la colère de Mme de Merteuil lorsqu'elle apprend la publication des lettres alors que son entière déchéance est relatée par Mme de Volanges dans le roman. Il fallait donc de nouveaux éléments afin d'imager ce qui n'était que supposé par le lecteur. [...]
[...] Tous ces éléments sont choisis par Stephen Frears pour correspondre à l'idée qu'il veut rendre au spectateur, sans se soucier en premier lieu de la fidélité au roman de Laclos. Au terme de cette réflexion, nous avons vu les différences existantes entre ces deux dénouements : bien que Frears reste dans l'idée de Laclos, il s'approprie cependant la fin du film. Il serait peut-être alors intéressant de comparer les dénouements des autres adaptations, à avoir Vadim et Forman, pour ainsi voir combien chaque réalisateur prend des initiatives quant au dénouement des Liaisons dangereuses. [...]
[...] Cela contraste encore une fois avec le roman de Laclos dans lequel les éléments apparaissent un à un et dans un détail moindre puisque les faits sont relatés. Il y a donc un choix de la part du réalisateur de s'arrêter plus ou moins sur certaines scènes, posant ainsi un problème de fidélité. Certaines scènes sont supprimées, Frears fait une ellipse de la provocation en duel et se trouvent également dans l'obligation de supprimer certains personnages tels que M. Bertrand. [...]
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