Voyage au bout du charbon, Samuel Bollendorff, Abel Ségrétin, 2008, web-documentaire, écriture audiovisuelle, histoire interactive, investigation, mines de charbon, travail de reporter, Le Monde, Honkytonk
Le webdocumentaire choisi pour ce projet d'écriture audiovisuelle du réel est intitulé "Voyage au bout du charbon" et se présente sous la forme d'une histoire interactive où le spectateur se retrouve dans la peau d'un reporter européen qui doit mener l'enquête sur les morts suspectes de plusieurs mineurs de charbon chinois dans l'effondrement supposé d'une partie de leur mine. L'originalité de ce documentaire étant que le voyage s'effectue à la première personne et que le spectateur doit faire des choix influençant la progression des investigations.
[...] Le reporter que l'on incarne sait déjà que ces mines ne sont que des leurres destinés à tromper les personnes souhaitant en savoir plus et ne leur donnent à voir que ce que le gouvernement veut bien montrer : des conditions de travail normales, une certaine sécurité et surtout aucun accident à déplorer. Ce n'est qu'ensuite qu'on nous proposera de visiter les bidonvilles et de creuser un peu plus l'enquête. L'apparence des masures des mineurs (une photographie illustre celles-ci) suffit à nous apprendre que ceux-ci logent dans des conditions de misère extrême. [...]
[...] Pouvoir prendre part au voyage effectué par le photographe en y appliquant ses propres choix et en ayant un certain libre arbitre, en s'adressant directement aux personnes impliquées dans les évènements dramatiques qui ont lieu presque sous nos yeux et en leur faisant parfois prendre des risques au nom de la liberté de la presse est une conséquence rendant le public beaucoup plus que témoin de la situation. Le souvenir laissé par ce parcours de la province chinoise est encore très présent en moi, bien plus que si ce documentaire n'avait été que des témoignages filmés et présentés chronologiquement. En rentrant dans la peau de Samuel Bollendorf on devient partie intégrante de l'œuvre. [...]
[...] C'est également la principale raison de son retour le lendemain dans la mine de charbon afin de pouvoir avoir les moyens de se payer le billet de retour. Ce documentaire se termine sur le retour du reporter à la gare, armé de toutes les photos prises et des évènements dont il a été témoin, donnant lieu à une mise en abîme étant donné que l'on se doute que cet évènement a été le point de départ du documentaire que nous venons de visionner. [...]
[...] Le travail d'investigation fourni pour la réalisation de ce documentaire nous plonge néanmoins dans des profondeurs normalement inaccessibles au grand public et permet d'obtenir des informations que l'État et les corrompus qui l'accompagnent préfèreraient garder secrètes. Même si la plupart du temps l'on échoue à notre tâche et se fait raccompagner dans un bureau nous menant au « game over », naviguer habilement entre les divers dangers, poser les bonnes questions permettent d'en savoir plus que ce que le gouvernement chinois souhaite. C'est cette particularité qui permet de s'immerger d'autant plus dans le sujet et les évènements, car il faut un minimum réfléchir si l'on souhaite mener le documentaire là où on le souhaite. [...]
[...] On comprend également que la misère commune permet une certaine collectivité et de l'entraide entre chacun, qu'ils essayent malgré tout, bien qu'ils ne se voient pas d'avenir, d'exister dans un présent un peu plus gai. C'est également le seul moment à ne pas être illustré par des photographies, mais par une entière séquence filmée à laquelle aucun choix n'est proposé. Peut-être parce que Samuel Bollendorf n'est pas à l'origine de ce passage, mais aussi parce qu'il n'y a pas à intervenir. [...]
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