Cinéma, anthropologie du soi, corps, expérience esthétique, Walter Benjamin, mode contemplatif, Laurent Jullier, émotion, pensée, engagement, invention
Il nous semble particulièrement pertinent de poser la problématique suivante quant au dossier que nous allons construire : comment le cinéma redonne-t-il au corps sa faculté « d'instrument de mesure de l'expérience esthétique » ? Comment aborde-t-il le corps dans sa totalité afin d'en arriver à une anthropologie du soi ?
À travers un corpus de six films sélectionnés, nous relaterons de l'expérience du corps comme instrument de mesure esthétique suivant cinq thèmes spécifiques —émotions, pensée, engagement, invention— afin d'étudier la sociabilité cinématographique du spectateur en analysant, selon nos références techniques et impressions esthétiques, chaque film tout en le rattachant à sa corporalité première.
Ce dossier a pour but d'illustrer 6 cas d'évaluations d'autant de films :
- Engagement : Rosetta (Jean-Pierre et Luc Dardenne)
- Invention : L'homme à la caméra (Dziga Vertov)
- Émotions : La leçon de piano (Jane Campion)
- Pensée : Mon oncle d'Amérique (Alain Resnais)
- Épiphanie : Le rayon vert (Eric Rohmer)
- Her, Spike Jonze, 2014 : pour un mélange des thèmes
[...] Cette vision d'ensemble permet d'envisager le corps dans un mode à la réceptif et actif en engageant la corporalité dans sa totalité et non plus via l'œil et l'oreille. De fait, il nous semble particulièrement pertinent de poser la problématique suivante quant au dossier que nous allons construire : comment le cinéma redonne-t-il au corps sa faculté « d'instrument de mesure de l'expérience esthétique » ? Comment aborde-t-il le corps dans sa totalité afin d'en arriver à une anthropologie du soi ? [...]
[...] Regarder comment être humain, non pas en général, mais dans les situations concrètes et extrêmes que la société construit aujourd'hui. » En effet, quand on entend l'expression « Les frères Dardenne », on pense immédiatement à un cinéma de genre : un cinéma social, engagé, l'équivalent français de Ken Loach. Il est donc évident que le thème « engagement » lui soit accolé, d'autant plus que le film Rosetta tacle de nombreux disfonctionnements sociétaux. Rosetta, personnage principal qui donne son nom au film (« film-personnage »), vit avec sa mère dépressive et alcoolique dans l'inconfort primaire d'une caravane. [...]
[...] S'il doit rouler une pierre jusqu'en haut d'une colline chaque jour sans finalité aucune car la-dite pierre finit par rouler en arrière, Sisyphe, condamné, doit être perçu comme « heureux, » comme le notait Camus dans Le mythe de Sisyphe : « La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Il faut donc imaginer Rosetta heureuse, dans une certaine mesure : cette jeune femme à vif aurait pu sombrer (comme Ada aurait pu le faire, comme nous l'avons vu auparavant dans notre analyse de La leçon de piano de Jane Campion), lorsqu'elle décide d'ouvrir le gaz dans sa caravane de fortune et de se laisser mourir. Mais un souffle nouveau se répand entre les poumons de Rosetta, qui finit par choisir la vie. [...]
[...] Tout cela pendant que la narration joue sur trois niveaux : L'histoire qui se déroule ; La représentation mentale des protagonistes et leurs souvenirs ; Des images d'expériences sur des rats. Les personnages principaux (Jean Le Gall, Janine Garnier, René Ragueneau) vivent selon les codes dont ils sont issus et dont ils essaient de s'extraire : et c'est sûrement là qu'il faut creuser le travail de Resnais en profondeur. Mon oncle d'Amérique ne propose pas une vision fataliste de la condition humaine mais montre au spectateur que la liberté d'être autre chose que ce qu'il est entraine une nécessité de penser spécifique. [...]
[...] Gergen théorise le concept de Absent Presence, Présence Absente en français, et se focalise sur l'évolution de la communication via la machine. Au fur et à mesure de la progression technologique de la communication, une notion spécifique apparaît : elle détermine un individu physiquement présent, mais qui est pourtant continuellement absent, ailleurs de par sa connexion permanente à la technologie. L'idée que représente la Présence Absente se concentre sur les technologies de la communication dialogiques, telles que le téléphone et internet, étant donné que ces deux technologies permettent la connexion instantanée à n'importe qui dans le monde. [...]
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