Le scénario ne s'est pas imposé immédiatement au cinéma. En effet à l'origine, le cinéma se résumait avec les frères Lumière à une captation du réel. Quand le cinéma a commencé à vouloir raconter des histoires, le scénario a fait son apparition. C'est avec l'apogée du cinéma classique que le scénario est devenu un élément indispensable de la production d'un film. En effet, avec l'apparition du son, faire un film a nécessité toute une industrie : l'équipe technique s'est agrandie avec l'arrivée des ingénieurs sons, et perchman. Plus le cinéma devient coûteux, plus les productions deviennent pointilleuses sur la préparation d'un film. D'ailleurs Hollywood était réputé pour son organisation draconienne. L'objectif des studios était de réaliser des films avec efficacité et méthode. Le personnel technique était donc entièrement soumis à la production. Les grands studios d'Hollywoodiens ont donc pris sous contrat des scénaristes et les réalisateurs sont devenus des techniciens qui mettent en image des histoires, sans autres prétentions. Ainsi la MGM dépendait un million pour le développement du service scénario. En France, pendant la période dite de réalisme poétique, les scénaristes- dialoguistes sont des personnes très connues qui font souvent le succès d'un film. Le fait que le nom de scénaristes soit connu est d'ailleurs une preuve de leur rôle important. Les noms de Jacques Prévert, Charles Spaak ou Henri Jeanson restent dans l'histoire du cinéma comme significatif d'une période. La modernité succèdera directement à ce règne du scénario.
Dans son retour à une certaine innocence, dans une volonté d'expérimentation, la modernité a renié un peu la contrainte du scénario. Trouver de l'argent en France comme ailleurs sans scénario, n'est pas chose facile. Et la nouvelle vague en France, va s'attaquer à cet état des choses. Donc parmi les conséquences que la modernité a introduit dans l'esthétique du film et dans les méthodes de tournage, le scénario n'est pas sorti intact et nous allons donc étudié quelles répercussions ce rejet des traditions a eues sur l'écriture de scénario.
[...] Le mouvement se caractérise donc par une spontanéité qui se traduit par le choix de comédiens non professionnels, des dialogues naturels, une mise en scène laissant place à une certaine improvisation. Le scénario est abandonné au profit de la recherche de vérité, comme s'il entravait cette recherche. La modernité se définit comme nous l'avons ci-dessus par cette volonté de découverte et d'expérimentation. Les cinéastes manifestent un désir de filmer. Le tournage devient un moment de magie, un moment d'enthousiasme. Le scénario ne devient que le prétexte d'un film. [...]
[...] Cette conception rejoint la politique des auteurs défendue par les critiques des Cahiers du cinéma. En effet, cette politique s'attaquait aux "professionnels" du cinéma, aux faiseurs d'images et défendait les "auteurs", les "Artistes" qui entretiennent avec leur film le même rapport qu'un écrivain avec son oeuvre. Et surtout un Auteur "possède un style que l'on retrouve dans tous ses films", une manière de raconter une histoire d'une certaine façon, de travailler les images et les sons bien à lui. Alain Robbe-Grillet (in Cinémas de la modernité), s'insurge sur le fait qu'un travelling doit forcément être justifié par le sens qu'il apporterait à l'histoire. [...]
[...] Il est indéniable que la modernité se définit par une envie de filmer, par une spontanéité et par un respect de la réalité ou de la vérité. Les néo-réalistes sont considérés comme les précurseurs de la modernité. Ils ont, les premiers, rêvé et réalisé un autre cinéma. Un des sens du mot "moderne" fait directement référence à l'époque qui commence au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. L'émergence du néo-réalisme est liée de près au contexte historique et social de cette époque. [...]
[...] Il est d'ailleurs significatif que ce soit ces mêmes écrivains qui se transforment le temps d'un film en scénariste et même pour certains d'entre eux en réalisateurs. Ainsi Alain Resnais a collaboré avec Alain Robbe-Grillet et Marguerite Duras et ces deux derniers ont réalisé, par la suite, leurs propres films. Il est étonnant de constater que dans l'habitude de l'histoire du cinéma, un scénario est tiré d'un livre alors que pour Hiroshima, mon amour, c'est le scénario qui est sorti après la sortie du film, en livre. [...]
[...] Donc parmi les conséquences que la modernité a introduites dans l'esthétique du film et dans les méthodes de tournage, le scénario n'est pas sorti intact et nous allons donc étudié quelles répercussions ce rejet des traditions a eues sur l'écriture de scénario. Pour les cinéastes de la modernité, il est évident que forme et contenu sont liés. Rivette écrit dans La revue internationale de filmologie, N°32-33, "Faire un film, c'est donc montrer certaines choses, c'est en même temps et par la même opération les montrer par un certain biais : ces deux actes étant rigoureusement indissociables." Il prône une compréhension des films dans leur unité de ce qu'ils racontent et de comment ils le racontent. [...]
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