Fritz Lang est l'un des plus grands cinéastes de tous les temps et son chef-d'oeuvre "M le maudit" relève du génie.
L'oeuvre de Fritz Lang vise avant tout le réalisme d'un documentaire mais même si M le Maudit ne peut se revendiquer de l'expressionnisme allemand, il en présente indubitablement un certain héritage. En effet les décors et les éclairages sont autant de reflets psychologiques. Ainsi les jeux d'ombre, de lumière, de reflets, la valeur métaphorique de certains objets, prennent les traits de l'expressionnisme en même tant qu'ils le dépassent de par leur assimilation des influences de ce courant et leur portée.
Synopsis :
Un psychopathe hante la ville berlinoise des années 30 en tuant des petites filles. La jeune Elsie Beckmann disparaît, et les journaux annoncent que le meurtrier a de nouveau sévi. Plongée dans un climat de paranoïa, la population est aux abois, cherchant un coupable à tout prix et s'accusant les unes les autres au moindre soupçon. La police et le commissaire Lohmann entreprennent alors des recherches, en vain, empiétant sur le terrain des organisations criminelles parallèles. Perturbée dans ses activités, la pègre dirigée par Shränker se lance également à la poursuite de l'assassin.
[...] A sa sixième apparition, pendant le cambriolage de l'immeuble, il s'enferme dans un grenier, tapi dans l'ombre. Entre deux actions des bandits ou des gardiens de nuit, le montage revient régulièrement sur M qui essaie de forcer la porte avec son couteau. Les plans sont proches de ce qui amène le spectateur à ressentir avec lui l'oppression de l'enfermement, le regard du meurtrier comme son couteau essayant dans un effort désespéré d'ouvrir la serrure. Il se trouve pris au piège comme dans une souricière, cette scène annonçant déjà celle du procès, où aucune issue ne peut s'offrir à lui.Lorsqu'il se terre au fond du cagibi et essaie de disparaître dans l'ombre, en réalité il tente de redevenir la silhouette anonyme du début. [...]
[...] M le Maudit, au coeur du film Synopsis Un psychopathe hante la ville berlinoise des années 30 en tuant des petites filles. La jeune Elsie Beckmann disparaît, et les journaux annoncent que le meurtrier a de nouveau sévi. Plongée dans un climat de paranoïa, la population est aux abois, cherchant un coupable à tout prix et s'accusant les uns les autres au moindre soupçon. La police et le commissaire Lohmann entreprennent alors des recherches, en vain, empiétant sur le terrain des organisations criminelles parallèles. [...]
[...] La mère d'Elsie, un des premiers protagonistes apparaissant à l'écran, clôt le film sur cette parole: Cela ne nous rendra pas nos enfants . Nous aussi devons garder un oeil sur nos enfants. créant ainsi une boucle dans le récit. Le film s'ouvre sur une première séquence autonome, délimitée par une ouverture et une fermeture au noir: il s'agit de l'assassinat d'Elsie Beckmann. Ce prologue est d'une importance capitale puisque c'est l'évènement déclencheur, l'initiale chiquenaude qui va éclairer le déroulement du récit. [...]
[...] Cette partie peut s'annoncer comme une prémice innocente du processus de désignation arbitraire à laquelle va s'adonner la ville entière lors de la recherche du coupable. Une femme enceinte les exhorte d'arrêter de chanter cette maudite mélodie avant d'apporter un panier de linge à Mme Beckmann. Celle-ci lui répond que tant qu'ils chantent, c'est qu'ils vont bien. On peut en comprendre que tant que les consciences restent alertes, le danger demeure à l'écart et qu'occulter la menace par un silence léthargique (conséquence d'une overdose médiatique autour de l'assassin) ne peut être que néfaste. [...]
[...] Ce qui semble compter, c'est la différenciation négative, pilier d'un certain structuralisme social exacerbé, de la population par rapport au monstre, ou plutôt à l'image du monstre. La délation, la désignation arbitraire d'un bouc émissaire, deviennent alors facteur de cohésion sociale (on perçoit ici la visée critique du film par rapport au contexte allemand des années 30). Cette tendance sera d'autant plus explicitée avec l'implication des mendiants qui quadrillent la ville et deviennent des indicateurs. Là où le rapport de la police vis-à-vis de M diffère de celui de la pègre, c'est que l'inspecteur Lohmann sait déjà qu'il s'agit d'un homme à l'apparence inoffensive et tout à fait ordinaire alors que les truands le stigmatisent d'emblée comme un monstre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture