Les Hauts de Hurlevent, Andrea Arnold, Emily Brontë, Luis Bunuel, cinéma, adaptation cinématographique, amour, roman
Le célèbre roman d'Emily Brontë a été adapté au cinéma une vingtaine de fois, de façons très diverses puisqu'on peut trouver à la fois une version BBC, une version mexicaine de Luis Bunuel ou encore une version plus teenage movie. Le roman n'en était donc pas à sa première adaptation lorsque Andrea Arnold pris la décision d'en proposer une nouvelle version, originale et audacieuse, sortie en 2011.
[...] Nous nous concentrerons d'abord sur les deux différences majeurs entre le roman et le film et leurs enjeux concernant le passage de l'écrit à l'écran. Puis, dans un second temps, nous étudierons la façon dont Andrea Arnold montre à l'écran, des personnages animalisés. Enfin, nous verrons, en étudiant une scène en particulier, comment Andrea Arnold respecte l'implicite érotisme du roman, tout en utilisant également le motif animalier. Un focus sur la première génération Tout d'abord, le film s'arrête bien avant la fin du roman, puisqu'il ne retrace pas les vies de la seconde génération de personnages, autrement dit les enfants d'Heathcliff, de Catherine, et de Linton. [...]
[...] Tous deux ne sont que des enfants et cette sensualité aurait de quoi déranger. De plus, l'âge de l'enfance est plus à même de rappeler que les deux enfants sont frères et sœurs (Heathcliff ayant été adopté), et l'interdit de l'inceste pèse sur les deux protagonistes qui ne s'avoueront leur amour que bien plus tard. L'exemple de cette adaptation cinématographique est donc riche de significations en ce qu'il dévoile différentes stratégies possibles pour passer de l'écrit à l'écran. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas chercher à trouver un fade copier-coller qui n'apporterait rien au texte source. [...]
[...] D'un point de vue sonore, c'est le vent qui siffle que nous entendons incessamment, en fond de chaque scène, ou même au premier plan. Ce vent qui siffle dans la brume du Yorkshire, est un élément central du roman dont le titre original est Wuthering Heights. Wuthering vient de « wither » qui signifie « siffler » pour parler d'un vent fort. La nature, la lande marécageuse et sa bruyère sont des éléments essentiels du roman, qu'Andrea Arnold a parfaitement su rendre à l'écran, avec des plans d'ensemble de paysage très évocateurs. Ces plans d'ensemble sont l'équivalent filmique des descriptions littéraires. [...]
[...] Le cuir et la boue sont deux éléments qui permettent d'animaliser l'apparence de la jeune fille. Ce qui définit une personne, c'est son visage, et c'est habituellement le visage qui est montré en premier à l'écran pour comprendre de quel personnage il s'agit. Ici, Catherine se définit par ses souliers tachés, qui, à l'écran, apparaissent presque comme des sabots d'animal. À un autre moment, la ressemblance physique entre l'homme et l'animal est frappante : la caméra propose un plan sur la chevelure de Catherine et le haut de son front. [...]
[...] Il faut lire, par métonymie, la maîtresse dans l'animal. Dans le film, cette scène est représentée, mais une autre scène ajoutée permet de valider cette lecture. Le spectateur voit Catherine et Heathcliff enfants, tous deux à califourchon sur le dos d'un cheval. Mais très vite, l'image assimile la chevelure de Catherine à la crinière du cheval. La caméra est d'abord placée du point de vue d'Heathcliff dont le regard se perd dans l'épaisse chevelure brune de Catherine qui occupe la totalité du plan, autrement dit, du champ de vision d'Heathcliff. [...]
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