Rashomon est un film majeur de l'œuvre d'Akira Kurosawa. Il sort en 1951 et reçoit l'Oscar du meilleur film étranger, le prix de la critique cinématographique aux U.S.A et le plus important, un Lion d'Or à Venise. C'est cette dernière récompense qui révèlera le film à l'Occident, et donnera une plus grande importance au cinéma nippon, peu ou pas reconnu à cette époque.
Rashomon est tiré d'une nouvelle de Ryonosuke Akutagawa, jeune écrivain de l'ère Muji s'étant inspiré de la littérature occidentale et du Konjaku Monogatari. Il remanie des légendes médiévales, qu'il modernise. Les scénaristes du film ajoutent un quatrième épisode à cette nouvelle pour allonger le film.
Si Rashomon est un retour à la simplicité du muet, c'est aussi une œuvre moderne, dont la mise en scène est totalement maîtrisée, fluide et inventive. On y retrouve le style kabuki (théâtre japonais) grâce aux costumes d'époque, à la musique, et à l'évocation de faits historiques, en effet Rashomon se déroule durant l'ère Heian (IXie – XIIie siècle), période de guerre civile.
Le film est comme "une étrange peinture sur rouleau que l'ego humain a déroulée et qu'il exhibe" Akira Kurosawa, dans The Films of Akira Kurosawa de Donald Richie. Grâce à quels éléments Rashomon est-il devenu un film si reconnu ?
[...] Kurosawa gère l'histoire et les décors d'une main de maître, c'est ainsi qu'il crée un véritable chef-d'œuvre qui restera pour l'histoire du cinéma, le film qui aura fait connaître le cinéma japonais à l'occident, mais aussi une véritable création artistique et philosophique, puisqu'il a amené une véritable réflexion sur l'être humain qui peut être encore d'actualité : Les êtres humains sont incapables d'être honnêtes avec eux-mêmes sur ce qui les concerne, ils ne savent pas parler d'eux sans embellir le tableau. Ce sont de tels êtres humains que dépeint Rashomon. Ce qui montre que ce besoin condamnable de flatter le mensonge existe par-delà la mort, c'est que même le fantôme du personnage mort, quand il parle aux vivants par le truchement d'un médium, ne peut pas non plus renoncer à mentir (dans Comme une autobiographie, d'Akira Kurosawa). Il s'agit d'un film véritablement novateur tant sur le plan narratif, esthétique et technique. [...]
[...] Il est donc un menteur héroïque, à qui le moine confit un enfant à la fin, preuve d'un humanisme optimiste : "Ton geste a restitué ma foi en l'humanité" dit le moine en lui donnant le bébé. Kurosawa ne veut pas laisser le spectateur sur une impression trop négative de l'Homme, il fait donc une fin idéaliste. Pendant toute la durée du film, le réalisateur joue avec les caractères de ses personnages, des fois courageux ou lâches, prétentieux ou faibles Kurosawa réalise là le rêve de tout cinéaste, filmer une histoire avec autant de points de vue qu'il y a de personnages. En nous permettant de nous glisser dans la peau de chacun des interprètes témoins. [...]
[...] Analyse de Rashomon Rashomon est un film majeur de l'œuvre d'Akira Kurosawa. Il sort en 1951 et reçoit l'Oscar du meilleur film étranger, le prix de la critique cinématographique aux U.S.A et le plus important, un Lion d'Or à Venise. C'est cette dernière récompense qui révèlera le film à l'occident, et donnera une plus grande importance au cinéma nippon, peu ou pas reconnu à cette époque. Elle fera aussi connaître le nom de Kurosawa, premier metteur en scène japonais à recevoir une récompense internationale majeure. [...]
[...] Ils parlent d'un procès récent dans lequel se sont confrontés cinq récits contradictoires d'un événement sanglant et apparemment incompréhensible rien je n'y comprends rien dit le bûcheron atterré. Le procès accuse Tajomaru, un bandit de grand chemin, d'avoir piégé et tué un homme pour violer sa femme. Cinq protagonistes témoignent : Tajomaru, le bûcheron, le moine, la femme violée (preuve n'est pas faite qu'elle fut vraiment violée ) et le mari (un samouraï) ressuscité par une femme chaman le temps du procès. [...]
[...] Le style de découpage est varié et rythmé. Ajoutons que Kurosawa s'est inspiré de la minutie de Mizoguchi pour ses décors). S'ajoute aux prouesses techniques, un formidable jeu d'acteurs. En effet ils interprètent leurs rôles avec nuances, même pour une même scène. Une gestuelle et des expressions parfaites qui nous font croire à leurs vérités, qui ne sont forcément pas toutes vraisemblables. Ainsi lorsque le bûcheron conte sa version des faits, les épées des combattants tremblent, cela traduit l'état dans lequel se trouve l'homme qui raconte, on a donc une réalité déformée par ses dires, une réalité déformée à travers l'image, mais qui traduit peut être une vérité psychologique, l'état du protagoniste. [...]
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