Carne est un moyen métrage français de 38 minutes réalisé en 1991 par Gaspard Noé, lui-même réalisateur de Seul contre tous (1998) qui en est la suite et d'Irréversible (2002) ainsi que de nombreux autres courts métrages et vidéos clips. Pour analyser ce moyen métrage, l'auteur fait référence aux cinq premières minutes, exploitant trois thèmes récurrents: le temps qui passe, la viande et le corps ainsi que la haine. Notons que de nombreuses autres pistes d'analyse sont possibles : la morale, la solitude, le racisme, la violence, les tabous, la société, les maux…
Banlieue parisienne, dans les années 70, un boucher chevalin rencontre une jeune femme et la met enceinte. Peu après son accouchement, elle le quitte, lui laissant leur fille que le boucher élèvera dès lors seul. Cette fille qui grandit sans dire un mot, terrée dans un profond mutisme. Le boucher voyant son corps changer doit se maîtriser pour ne pas céder à l'inceste. Le jour de ses premières règles, elle va rejoindre son père qui croyant qu'elle a été violée tentera de tuer un ouvrier qu'il tient pour responsable. Il sera alors mis en prison et contraint de vendre sa boucherie.
Sa fille sera, elle, mise dans un foyer. À sa sortie de prison, il refera sa vie sans sa fille avec la patronne du bar qu'il fréquente habituellement et qui est enceinte de lui ; tous deux s'en iront dans le Nord de la France.
[...] Ce plan en contre-plongée sur le ventre de l'animal se vidant de son sang dure dix secondes et est insoutenable. Le cheval est ensuite filmé suivant différents plans (en plongée, en gros plan) de son abattage à son dépeçage. On distingue clairement le son du couteau tranchant la gorge et la chair de l'animal et celui du sang giclant ou se dévidant. Après toutes ces images plutôt gores apparaît en gros plan un steak de cheval cuit dans une assiette. [...]
[...] Il dit dans son monologue intérieur : Pourquoi j'les butterai pas tous ? Et ce pourri d'Arabe qui m'a volé ma boucherie Dans Seul contre tous ces thèmes de haine et de vengeance seront omniprésents, sa haine grandira, sa rancœur explosera, ses fantasmes de destruction de l'autre deviendront son obsession quotidienne. Ses monologues intérieurs deviendront des règlements de comptes, des meurtres prémédités. Il assistera impuissant à sa déchéance, ses rêves de réussite sociale s'envoleront, il se rendra à l'évidence que sa vie est un fiasco, sa déchéance deviendra dès lors progressive et inéluctable. [...]
[...] Et les années passent sans qu'on ait eu le temps de les compter. C'est ainsi que ma file a grandi, dans le silence, sans que je puisse dire comment La vie des deux protagonistes est rythmée par les coups de hachoir que le boucher assène à ses carcasses de viande : trois coups de hachoir et une ou plusieurs années passent. Noé voulait aussi montrer, comme on peut le voir dans la suite du moyen métrage, que tout peut basculer, changer en un rien de temps, ce temps qui nous parait parfois si long , une vie, ne tient en fait pas à grand-chose dans l'existence individuelle de chacun. [...]
[...] Par un plan subjectif, l'enfant voit la lumière à travers l'ouverture du sexe de sa mère. On peut ensuite assister à l'accouchement en direct par une suite de gros plans sur le sexe écarté de la femme. L'enfant sort, sanguinolent. Alors que la mère renie cet enfant, le boucher dira plus tard dans son monologue intérieur : C'est la chair de ma chair, le sang de mon sang Plus Cynthia grandit, plus le boucher prête attention à cette chair : une caméra subjective nous montre à plusieurs reprises à travers les yeux du père et en gros plan, les cuisses de la jeune fille. [...]
[...] Une femme castratrice et autoritaire. - La bonne qui s'occupe de Cynthia, une toxicomane, qui ne lui parle pas. Pour analyser ce moyen métrage, je me suis basée sur les cinq premières minutes, et j'ai choisi d'exploiter trois thèmes récurrents : le temps qui passe, la viande et le corps ainsi que la haine. Notons que de nombreuses autres pistes s'offraient à moi : la morale, la solitude, le racisme, la violence, les tabous, la société, les maux Le temps qui passe Ce moyen métrage est très marqué par l'écoulement du temps ; dès le début, des cartons (écriture capitale blanche sur fond noir) apparaissent, nous indiquant le lieu, la date, et le moment de la journée des évènements relatés : Porte de la Villette le 23 mars 1965 en fin de journée Cette date correspond en fait au jour où Cynthia a été conçue, plutôt par erreur, dans un hôtel miteux. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture