Les films de combat de la Seconde guerre mondiale se ressemblent par de nombreux aspects, répondant à des canons précis, que l'on pourrait comme le fait l'association du ciné-club de Caen par : « un groupe représentant un melting-pot américain, un but (voyage ou ultime bataille), quelqu'un qui remplace un chef mort, un membre du groupe déterminé à ne pas rempiler quand il aura fait son temps, un conflit entre deux membres du groupe, résolu par la menace extérieure, une grande bataille (et parfois une grande défaite) à la fin. ». L'intervention d'un véhicule maritime ou aérien ne semble pas déranger outre mesure ce synopsis schématique, et il semble a priori vain de chercher des différences significatives entre les films de combat de la Seconde Guerre mondiale qui situent leur action sur terre, en mer, ou dans les airs. D'autant plus que ces subdivisions du genre restent limitées. En effet, les films « terrestres » peuvent se voir rattacher un véhicule (voir le tank de Sahara Zoltan Korda 1943), le groupe d'hommes peut s'embourber dans des tranchées, ou au contraire patrouiller.
Cependant, en dépassant ce premier obstacle lié à la multiplicité des films, et la difficulté permanente qu'est celle de les classer, et en considérant l'ensemble des films de combat de la Seconde Guerre mondiale, il est possible de voir clair, et de se demander si ces différences existent bel et bien, si leur découverte comporte un véritable intérêt, et naturellement, le ou lesquels ?
[...] Ce péché de propagande est notable dans de très nombreux films, mais nous prendrons pour exemple parlant la première séquence de They were expendable (John Ford) qui commence par l'arrivée de plusieurs vedettes filmées de manière quasi laudative, sous une musique triomphante, un plan montre leur organisation parfaite, un suivant leur capacité de prendre des virages serrés, puis leur vitesse. Le plan d'après marque la satisfaction d'un militaire gradé : c'est parfait puis les vedettes arrivent au port, dans un mouvement chronométré à la seconde. Il ne semble guère y avoir de différence à première vue, d'autant plus qu'on peut se demander si ce ne sont pas plutôt quelques divergences au service de la diversité. Les films des réalisateurs qui ont vécu la guerre sont nécessairement des témoignages, qui ont pour exigence d'illustrer ou traduire une vérité historique. [...]
[...] Y a-t-il des différences significatives entre les films de combat de la Seconde Guerre mondiale qui situent leur action sur terre, en mer ou dans les airs ? Dans The World War II Combat Film Anatomy of a genre, Jeanine Basinger note seulement cinq films produit durant le conflit comme répondant à sa définition du film de combat de Seconde Guerre mondiale : un film dans lequel les personnages sont continûment en situation d'affrontement Nos films références seront Sahara, Destination Tokyo et Air Force, mais nous étendrons la définition du film de combat pour alimenter notre réflexion par d'autres exemples. [...]
[...] Il serait peut-être audacieux d'émettre une hypothèse sans une recherche plus approfondie, alors contentons-nous de nous demander si ces différenciations n'ont pas conduit le film de combat à évoluer et à s'intéresser de manière plus prononcée à l'appareillage, au contact de l'homme, du platoon, et au réalisme des scènes ? Ces nouvelles voies n'ont-elles pas fait perdre progressivement le message politique, au profit d'une réflexion sur l'Homme, d'une méditation, avec la guerre comme simple contexte ? Car dans ces dernières décennies, le message politique va revenir à l'écran, rappelant par la même qu'il avait été progressivement oublié, et ce par le biais du conflit en Irak, et des documentaires politiques (Fahrenheit 9/11 de Michael Moore en 2004, The fog of war de Errol Morris en 2003). [...]
[...] Cependant, il existe un rapport de force dans ces films, entre ces différents terrains d'évolution militaire. En effet, quand on est sur bateau, l'ennemi arrive souvent par avion, c'est alors un ennemi qui se cache qui ne se met guère à découvert. On montre un ennemi qui va et vient, telle une abeille et qui attaque de manière opportune et lâche. Le navire, malgré sa vitesse, semble immobile face à ces avions japonais. Quand on est en avion, c'est de la mer que peut venir le danger, le rapport de force est inversé. [...]
[...] La terre, c'est la boue, c'est la bataille au plus proche, à hauteur d'homme, c'est aussi la peur, la faim, la fatigue, les champs de batailles et mutilations, choses qui n'apparaissent guère dans les films qui situent leur action dans les airs ou en mer. C'est dans une tranchée, où seul il est confronté à ses propres pensées et l'horreur, dans A l'ouest rien de nouveau (Lewis Milestone) que Paul (Lew Ayres) maudit celui qui l'a poussé à s'engager. Nous avons déjà évoqué le véhicule comme un protagoniste. [...]
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