Il s'agit d'une analyse séquentielle, particulièrement dédiée au découpage technique, au montage, qui a comme objet d'étude le film de Vittorio De Sica : "Le voleur de bicyclette".
Une approche beaucoup plus technique que sociologique et qui s'appuie sur les idées de deux théoriciens du cinéma: Gilles Deleuze et André Bazin.
[...] Le regard objectif se confond un instant avec la vision subjective de l'enfant lorsqu'Antonio s'enfuit avec le vélo. En fait les rôles père-fils sont une nouvelle fois inversée. Le père reçoit les remontrances des gens qui le jugent, tandis que le fils a un regard vide et blasé. De plus, Antonio semble imiter son fils quand il s'assoit et met la tête dans ses mains comme son fiston, il laisse perler ses larmes ensuite après avoir regardé son enfant, comme un gosse réalisant sa faute l'aurait fait devant son père. [...]
[...] Ils sont visibles au début de l'histoire. En outre Antonio est gêné par d'autres opposants moins directs comme la pluie. Cette pause dans l'évolution dramatique remplace l'ellipse du cinéma classique, on y a déjà fait référence plus haut. Enfin l'ironie du sort s'en mêle aussi quand une tripotée de bicyclettes défile sous les yeux du héros comme pour davantage le frustrer. Après l'interruption de la pluie on poursuit dans une structure plutôt moderne, car la scène est centrée sur le phénomène de la répétition. [...]
[...] " (1953) de Max Ophuls et "le Jardin des Finzi Contini" (1970), un de ses derniers et meilleurs films. Le Voleur de Bicyclette est un film situé à la frontière du classicisme et de la modernité au cinéma. Il est le représentant le plus atypique d'une école artistique : celle des néo-réalistes* italiens de la fin des années 40. L'originalité du film tient surtout dans son histoire apparemment squelettique –elle pourrait se résumer en deux lignes- mais qui tient le spectateur en haleine jusqu'à la dernière minute. [...]
[...] Il y on peut dire, quasi-disparition de la notion d'acteur. Un autre exemple amusant qui vient conforter le fil ténu qui sépare fiction du réel dans le film, souligné par Bazin, est quand la pluie vient s'immiscer au jeu pendant le tournage et que tout naturellement De Sica l'intègre à son récit en faisant patienter quelques instant son personnage dans sa quête et par la même occasion le spectateur. Aucun effet dramatique ne naissant plus du découpage, on peut aller plus loin et affirmer la disparition de la mise en scène L'événement filmé et l'impression de vérité qui s'en dégage se suffisent à eux-mêmes. [...]
[...] Dans la scène du restaurant,une sorte de faux dénouement, le sempiternel happy end est contourné, la mère manque à l'appel pour que la sensation d'une fin heureuse soit possible à travers ces images, manque qui renvoie à celui du vélo. Une pointe de mélancolie l'enrobe malgré la musique joyeuse, car il y point un triste contraste entre la famille pauvre -Antonio et son fils- et la famille riche. Ce décalage répète celui ressenti au début du film dans les caves du syndicat, où la musique venait également s'opposer aux images. La séquence finale est la plus illustrative de la modernité de l'œuvre. C'est le point culminant de crise et de tension du film. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture