J'ai choisi de travailler seule sur la relation entre ville et cinéma. Ce sujet m'a attirée pour plusieurs raisons.
Afin de réaliser une étude d'observation non participante dans le cadre du cours d'ethnologie de la communication, j'ai visité l'exposition « Paris au cinéma » organisée par la mairie de Paris. Cette exposition retraçant historiquement la présence de Paris dans le cinéma m'a énormément plu. Au sortir de l'exposition, je me suis posée de nombreuses questions concernant le couple ville et cinéma et l'éventuelle influence que chacun pourrait exercer sur l'autre. Comment le cinéma filme-t-il la ville, ses mouvements, son rythme ? La représentation de la ville dans le cinéma influence-t-elle le spectateur dans sa propre perception de la ville ?
[...] Le cinéma comme révélateur du mouvement de la ville L'autre point de comparaison entre le cinéma et l'œil humain mis en évidence par Jean-Louis Comolli réside dans la perception et l'utilisation du temps et de l'espace. La caméra découpe de façon mécanique le temps et l'espace. Tout ce qui est filmé est fragmenté en morceaux qui sont, selon l'auteur, autant de morceaux de temps La continuité du mouvement dans le cinéma serait donc un leurre. En effet, tout effet de continuité spatiale réalisé par les mouvements de la caméra (cadrage, travelling, etc) résulterait de l'accolement de ces fragments qui donnerait l'illusion d'une absence de couture Selon l'auteur, les procédés filmiques intensifient la transformation de l'espace en temps. [...]
[...] Ce dernier cherchait à produire une ciné-sensation du monde en montrant des phénomènes de la vie sociale et urbaine inaccessible à l'œil humain. Ainsi fus-je une nouvelle fois tentée d'effectuer mon dossier d'esthétique de la communication sur un sujet touchant au cinéma et l'abordant cette fois selon un angle plus esthétique que technique. Je souhaitais aborder la perception de la ville par le cinéma et étudier l'impact de cette même perception à la fois sur le spectateur de l'œuvre cinématographique, la ville elle-même et ses habitants ainsi que les diverses représentations de la ville. [...]
[...] Contrairement à notre pupille, l'objectif de la caméra impose un point de vue centré et partiel, régi par les lois de la perspective qui ne peuvent restituer une vision binoculaire. Ces lois sont celle d'une construction de plans dans lesquels le cadreur bâtit l'illusion de la profondeur. L'auteur incite à la méfiance en ce qui concerne le fait de parler de regard au cinéma. En effet le regard du cinéma n'est pas celui de l'œil humain mais il éveille notre regard, le remet en question. [...]
[...] Guy Bellavance, de l'INRS Urbanisation-Culture et Société de Montréal, est l'auteur de l'article Montréal polymorphe, Montreal anywhere, Une ville de tournage à l'ère de la délocalisation repris par Charles Perraton et François Jost dans Un Nouvel Art de Voir la Ville et de Faire du Cinéma. Il considère la ville comme instrumentalisée par l'industrie du film. Selon lui, l'installation de studios de production et l'abondance de l'offre de travail générée par les tournages bousculent l'économie urbaine. Pour Guy Bellavance, il est essentiel de souligner le rôle inédit dévolu à l'industrie du tournage dans la nouvelle économie des villes Un contexte de rivalité se crée ainsi entre les villes pour l'obtention de productions aussi bien nationales qu'étrangères, dans le cadre d'une nouvelle économie. [...]
[...] Les mouvements de la ville, qui se décomposent en lumières, musique ou signes, la font apparaître en tant que système de correspondances et florilège d'intensités signifiantes Selon Jean-Louis Commoli, le travail du cinéma, quand il filme la ville, est de réunir l'espace et le temps. L'auteur ajoute que c'est le travail du film d'opposer et trier des vitesses à travers des matières et des formes Dans L'Homme à la Caméra, la vitesse est celle de la machine qui entraîne l'homme. L'auteur compare le travail de Dziga Vertov dans L'Homme à la Caméra à celui de Manuelo Oliveira dans Douro, Faina Fluvial (Doura, Romance Fluviale). A la différence de Vertov, Oliveira oppose la vitesse humaine à la vitesse des machines. [...]
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