Acteur, scénariste, metteur en scène, clown, magicien... Roberto Benigni apparaît comme un personnage talentueux et fantasque aux multiples facettes. Ainsi, lorsque lui et son ami Vincenzo Cerami s'attellent au projet de La vie est belle, ces deux amis n'en sont pas à leur premier film.
En effet, cette amitié féconde, que Stefano Masi décrit même comme tenant de « l'alchimie », donne naissance à des films tels que Le petit diable (1988) ou Johnny Stecchino (1992). Cependant, La vie est belle reste le chef d'œuvre de Roberto Benigni, considéré comme son œuvre la plus aboutie.
La vie est belle, emprunte la formule de Trotski, qui, traqué par les services secrets de Staline, écrit néanmoins : « la vie est belle et digne d'être vécue ». Ce titre reflète la philosophie de Roberto Benigni, pour qui « le germe de l'espoir se niche jusque dans l'horreur; il y a quelque chose qui résiste à tout, à quelque destruction que ce soit. Le rire nous sauve ».
[...] Mon film est un film d'amour Bibliographie Stefano Masi, Roberto Benigni René MARX, Roberto Benigni: portrait. Imre KERTESZ, A qui appartient Auschwitz ? [...]
[...] Par ailleurs, lorsque Ruth Kluger se récite des vers pour supporter la vie au camp, lorsque Primo Lévi s'apparente à l'Ulysse de Dante, et évoque la figure du rescapé des Enfers comme un moyen de surmonter les limites du langage, de trouver un modèle antérieur à celui d'Auschwitz, le temps du camp laisse place au temps éternel et immuable de la littérature et de la fable mythologique. Ainsi, si certains comme Claude Lanzman, partisan d'une vérité documentaire, déplorent l'utilisation de la fiction pour témoigner des camps, nous pouvons cependant constater à travers les divers ouvrages de rescapés des camps autant d'illustrations qui démontre qu'au camp, l'imagination et le rêve sont des échappatoires face une réalité devenue insupportable. Dans La vie est belle, Guido utilise le même procédé : lorsque la réalité dépasse l'entendement, l'imagination apparaît comme une précieuse échappatoire. Devant l'indicible, Benigni choisit lui l'humour. [...]
[...] Enfin, nous nous attarderons sur la réception du film ainsi que les liens avec d'autres films en rapport avec le thème de la Shoah. Critique du nazisme sous couvert de la fable La première partie du film se met en place comme un véritable conte, dont Guido revêt tour à tour les rôles merveilleux de magicien, de clown et de prince, courtisant Dora, la princesse déjà promise à un riche, mais cruel prétendant. L'univers merveilleux est souligné par le cadre idyllique du joli village italien, ainsi que par la musique de Nicola Piovani. [...]
[...] Ainsi, nous pouvons voir que La vie est belle apparaît bien comme une œuvre audacieuse, décalée, dont le titre résonne encore comme un affront aux oreilles de certains. Cependant, le spectateur ne doit pas perdre de vue qu'au delà d'être un film sur la Shoah, La vie est belle est un film d'amour comme le souligne Benigni, véritable hymne à la vie et à la liberté : On peut rire également dans la tragédie. On peut rire et crier. Moi, je n'ai pas de mots pour décrire les camps de concentration. [...]
[...] A cet égard, nous pouvons noter l'entrée remarquable de Benigni, à travers laquelle Guido singe l'autorité et la tourne en ridicule. Dans cette scène, Guido bouleverse l'ordre établi et détourne les objets : il saute sur la table, gesticule : le comique de geste se mêle au comique de situation. Ce n'est que sur la table du professeur, que Guido redevient lui- même : il se remet à s'exprimer à grand renfort de gestes, mimiques. Pour finir, il transgresse, détourne de nouveau le code l'ordre établi puisqu'il sort par la fenêtre, au lieu de sortir par la porte. [...]
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