Véritable machine à mythe pour la masse populaire lors de son invention, le cinéma semble réaliser la volonté de faire une expérience de la réalité représentée de manière réaliste. « La perception d'un film dépend de l'instant où vous le voyez » . Pouvant comparer deux perceptions de la réalité et la passer en boucle, le cinéma est pourvu d'une réalité dupliquée dont la seule variante reste la perception propre à chaque spectateur. A travers son court métrage Cinéma, David Cronenberg nous expose sa vision du cinéma à travers la parole de l'acteur Les Carlson. Cronenberg se dit lui même fasciné par "la façon dont le cinéma peut reproduire différentes sortes de réalité"
[...] On comprend aisément que la vie du personnage ne s'arrête pas à la fin du film. S'identifiant au sujet filmé, le spectateur projette ainsi plus facilement ses désirs et ses angoisses sur l'écran. L'immortalité suggérée par le support numérique devient alors source de convoitise pour le spectateur. S'oppose alors la réalité matérielle de l'acteur à cette immatérialité de la reproduction infinie que l'on voit à l'image. Thématique récurrente dans le cinéma de David Cronenberg, le personnage est fréquemment appelé à se créer un espace personnel confiné pour éloigner l'opposition. [...]
[...] Le sentiment de paramnésie[10] nous est renforcé par le dernier plan tourné en 35 mm, où l'acteur mis en scène reprend exactement les mêmes phrases qu'au début. Le support a une influence considérable sur l'œuvre, son sens et sa perception. Avec la disparition du support physique qu'est le 35 mm et l'apparition du support numérique, cette dynamique est-elle bouleversée ? A la différence des techniques anciennes, le support numérique ne copie pas le réel par empreinte mais le réinterprète en une série de 0 et 1. Contrairement au 35mm, le numérique représente en support immatériel. [...]
[...] En approchant la caméra au plus près du visage de l'acteur, Cronenberg matérialise cette peur et suscite en chaque spectateur une sensation de gêne. Se retrouvant face à sa propre existence, le spectateur ne peut que appliquer ces états à sa propre chair et à son vieillissement personnel. Le cinéma est utilisé comme Graal de substitution, la mort éternelle à défaut de la vie éternelle. Pour André Bazin, la fonction primaire des arts plastiques est de substituer l'être aux forces du temps. L'acteur se confronte constamment à sa propre image. [...]
[...] En imprimant notre image sur la pellicule c'est un peu de notre âme et de notre jeunesse qui s'en irait. Telle était la crainte Balzac[5] qui refusait de se faire prendre en photo et pour qui le support absorbait la substance vitale Dans ce film est matérialisée l'angoisse de vieillir, de mourir et de passer dans l'oubli. Comme le dit si justement l'acteur, c'est la mort de l'instant présent qui est filmée Dans une seconde, ce temps-là sera déjà révolu. [...]
[...] Il a toujours était fasciné par cette déchéance des corps que ce soit à travers une mutation comme dans La mouche[12] ou par les marques du temps, j'ai toujours eu le sentiment que le corps humain est le fait majeur de l'existence humaine Il veut produire une nouvelle chair, une chair médiatisée. Pour lui, le cinéma périme les choses et les êtres humains qu'il reproduit. CONCLUSION La pratique et la fonction du cinéma prennent source dans tout ce qui constitue le psychisme humain. Le cinéma se calque sur notre processus de mémoire et d'imagination. David Cronenberg se base ici sur un avenir commun à chaque individu, celui de la décrépitude et de la mort. [...]
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